Lima, Pérou | AFP | vendredi 14/11/2024 - Le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping assistent vendredi à Lima au premier jour d'un sommet des dirigeants de la région Asie-Pacifique, avant un tête-à-tête samedi dans l'ombre du retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Les deux dirigeants participent au sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec), qui rassemble 21 pays réalisant 60% du PIB mondial. Ils sont arrivés jeudi dans la capitale péruvienne en même temps que d'autres chefs d'Etat ou de gouvernement.
Il s'agira de leur troisième rencontre et de la deuxième en un peu plus d'un an. Tous deux se rendront ensuite au G20 au Brésil.
Leur rencontre samedi sera cruciale, tant les relations entre les deux pays ont été tendues ces dernières années, en raison de différends commerciaux, mais aussi du statut de Taïwan, de questions relatives aux droits humains et de la rivalité technologique.
Le mandat de Joe Biden a ainsi été marqué par de fortes tensions avec Pékin mais aussi par le maintien, tant bien que mal, du dialogue bilatéral.
Mais le démocrate de 81 ans, laissera les commandes en janvier au républicain Donald Trump, qui a déjà nommé dans son équipe des tenants d'une ligne dure face à Pékin et fait craindre de nouvelles guerres commerciales avec la Chine.
Pendant sa campagne, le magnat a promis de protéger l'industrie américaine, menaçant d'imposer des droits de douane de 10 à 20% sur tous les produits importés et même de 60% pour ceux provenant de Chine.
Les annonces de Trump "ont mis l'alliance Asie-Pacifique en suspens", a estimé auprès de l'AFP Jorge Heine, ancien ambassadeur du Chili en Chine, n'excluant pas que Trump retire les Etats-Unis de l'association, comme il l'avait fait en 2017 en se retirant du Partenariat transpacifique (TPP), qui visait à créer un puissant bloc économique.
"Nous vivons une période difficile dans les relations entre la Chine et les Etats-Unis", a ajoute ce professeur de relations internationales à l'université de Boston.
- Guerre commerciale -
Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait profondément perturbé les relations économiques avec la Chine en lançant une guerre commerciale pour forcer Pékin à acheter des produits américains et rééquilibrer une balance commerciale déficitaire.
Au lendemain de sa réélection le 5 novembre, le président chinois avait appelé à une relation sino-américaine "stable, saine et durable (...) conforme aux intérêts communs des deux pays".
L'Apec vise depuis 1989 à promouvoir la croissance économique, la coopération et les investissements dans la région du Pacifique. Parmi ses membres on trouve également le Japon, la Corée du Sud, l'Indonésie, le Chili, le Canada, l'Australie, le Mexique et la Russie.
La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum sera absente, son pays n'ayant pas reconnu le gouvernement de Dina Boluarte depuis le départ du président de gauche Pedro Castillo en 2022. Le président russe Vladimir Poutine sera lui aussi absent.
Le Pérou entend lors de cette 31e édition du sommet mettre en avant les thèmes du commerce et de l'investissement, de l'innovation et de la numérisation, ainsi que la croissance durable.
M. Biden rencontrera vendredi ensemble le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba et le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, deux de ses alliés clés en Asie.
Jeudi, le président Xi Jinping a inauguré avec son homologue péruvienne Dina Boluarte le nouveau mégaport de Chancay, situé au nord de Lima, le premier financé par la Chine en Amérique du Sud, pour 3,5 milliards de dollars.
Le terminal en eau profonde sera doté de 15 quais à terme illustre l'influence croissante du géant asiatique en Amérique latine, autrefois considérée comme le domaine des Etats-Unis.
L'envoyé spécial de la Maison Blanche pour l'Amérique latine, Brian Nichols, a appelé depuis Lima les pays latino-américains à veiller à ce que les investissements du géant asiatique respectent "les lois locales" et protègent "les droits de l'Homme et l'environnement".
Plus de 13.000 policiers ont été déployés dans la capitale de 10 millions d'habitants pour renforcer la sécurité pendant le sommet, tandis que des manifestations sont organisées depuis mercredi pour dénoncer une hausse des extorsions et des meurtres liés au crime organisé.