La Chine a déployé des missiles sol-air sur une île de mer de Chine méridionale dont ses voisins lui disputent la souveraineté, ont assuré les autorités taïwanaises mercredi, Pékin soutenant lui son droit de construire des systèmes "d'autodéfense" dans cette région stratégique.
Le ministre taïwanais de la Défense a confirmé l'existence du dispositif après qu'un reportage de la chaîne américaine Fox News a fait état de l'arrivée de lance-missiles sur l'île de Woody (appelée "Yongxing", en chinois), dans l'archipel des Paracels.
Une annonce qui intervient au lendemain d'un appel de Barack Obama à prendre des "mesures tangibles" afin de réduire les tensions dans la zone, théâtre de vifs différends territoriaux entre Pékin et plusieurs de ses voisins.
La Chine contrôle depuis les années 1970 l'archipel des Paracels (appelées "Xisha" en mandarin), également revendiqué par le Vietnam et par Taïwan.
Mais les tensions dans la région -- par laquelle transitent un tiers des cargaisons mondiales de pétrole -- se sont exacerbées depuis la transformation par Pékin de récifs disputés de l'archipel des Spratleys, plus au sud, en îles artificielles où sont aménagées des pistes capables d'accueillir des avions militaires.
Or les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, le sultanat de Brunei et Taïwan ont également des prétentions sur les Spratleys, dont ils disputent âprement la souveraineté à la Chine.
Dans ce contexte, Washington considère les initiatives de Pékin comme des menaces à la circulation et a envoyé ces derniers mois des navires de guerre à proximité des îlots contestés afin d'affirmer sa liberté de navigation.
- 'Faire du bruit médiatique' -
Fox News avait affirmé mardi que des images satellites montraient la présence de deux batteries de huit lanceurs de missiles sol-air et d'un système radar sur Woody, principale île des Paracels.
"Le ministère de la Défense a pris connaissance d'un système de défense aérienne déployé par les communistes chinois sur l'île de Yongxing", a ensuite déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère taïwanais de la Défense.
Le ministère n'a pas précisé à quel moment a été faite la découverte, signalant simplement avoir remarqué l'installation "depuis un moment".
S'exprimant mercredi après un entretien avec son homologue australienne Julie Bishop, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a décrit les reportages comme "une tentative de certains médias occidentaux de faire du bruit".
M. Wang n'a pas explicitement démenti le déploiement des missiles, mais a affirmé que "les installations d'autodéfense que la Chine a construites sur les îles (...) sont cohérentes avec le droit qu'a la Chine d'assurer sa protection et sa défense, dans le cadre du droit international".
"Déployer ou non une installation de défense sur les îles Xisha pour développer notre capacité de défense nationale s'inscrit entièrement dans le cadre de la souveraineté chinoise, cela n'a rien à voir avec une militarisation" de la région, a abondé Hong Lei, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
- 'Nervosité des voisins' -
Les missiles installés sur l'île semblent être des HQ-9 de fabrication chinoise, dont la portée est d'environ 200km, selon plusieurs médias.
D'après des experts, ces armes peuvent être utilisées pour abattre des avions ennemis et accentuent donc le risque d'une escalade des tensions.
"Les HQ-9 longue portée peuvent exacerber la nervosité des pays voisins, notamment le Vietnam", observe Kevin Cheng, rédacteur en chef du magazine Asia-Pacific Defense.
"Ce déploiement peut être vu comme une violation de l'appel des Etats-Unis à la liberté de navigation dans la zone et leur donne un prétexte supplémentaire pour s'immiscer dans les dossiers ici."
Hasard du calendrier, Barack Obama vient d'accueillir en Californie les dirigeants de 10 pays de l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean), dont certains ont fait part de leurs vives inquiétudes sur les contentieux maritimes avec la Chine à l'heure où celle-ci multiplie les démonstrations de force.
Le président américain a plaidé pour des "mesures tangibles" pour diminuer les tensions, appelant à "cesser tout nouvel aménagement, nouvelle construction et mettre un terme à la militarisation des zones disputées".
Dans un communiqué conjoint, M. Obama et les 10 pays de l'Asean ont réclamé la "résolution pacifique" de la myriade de revendications territoriales rivales sur des îles, atoll et récifs.
Le ministère américain de la Défense n'a cependant pas confirmé à l'AFP le déploiement de missiles par la Chine.
Avec AFP