Par Gabrielle GRENZ
PARIS, 9 juin 2011 (AFP) - La France ne mangera plus à partir du 14 juin que du poisson venant des eaux étrangères parce qu'elle aura épuisé à cette date ses réserves pêchées dans les eaux de l'Union européenne, selon les ONG défendant une pêche responsable.
Cette date intervient de plus en plus tôt, selon une étude intitulée "Dépendance croissante de l'UE par rapport aux poissons venus d'ailleurs" publiée par Ocean2012 et la nef (new economics foundation).
En 2000, les ressources halieutiques pêchées dans les eaux de l'UE permettaient d'assouvir les besoins des Français jusqu'à fin juillet.
Pour l'ensemble des 27 pays de l'UE, la date d'autosuffisance en produits de la mer se situe actuellement au 2 juillet, selon ce calendrier. "L'an dernier c'était le 9 juillet, cela indique une diminution des ressources halieutiques de l'UE de près de 200.000 tonnes sur douze mois", selon l'étude.
D'autres pays au secteur de la pêche moins développé que la France commencent bien plus tôt à dépendre des importations. Pour l'Autriche enclavée dans ses montagnes, c'est à partir du 15 janvier, l'Allemagne le 27 avril, l'Italie le 30 avril.
Il est vrai que les Français consomment deux fois plus de poissons (34,2 kilos par personne et par an) que la moyenne mondiale (17,1 kilos) selon les chiffres de 2008 de la FAO et d'Eurostat, les plus récents validés officiellement et utilisés pour l'étude des ONG. La moyenne européenne s'élève à 22,1 kilos.
"En consommant plus de poissons que les eaux de l'UE ne peuvent en produire, nous jouons avec l'avenir des stocks halieutiques et des communautés dépendant de la pêche" ailleurs dans le monde, selon Rupert Crilly un des auteurs de l'étude.
Le problème vient surtout de "la conception surranée de la politique commune de la pêche (PCP) de l'UE", affirme à l'AFP Stéphan Beaucher, conseiller en politique de pêche pour Ocean2012 et co-auteur de l'étude. "Elle a été calqué sur la PAC (politique agricole commune) avec des principes productivistes mais la pêche, elle, s'exerce sur un stock sauvage où l'on ne maîtrise rien, ni les dynamiques de populations, ni la reproduction."
Selon ses calculs, environ 72% de la pêche européenne s'opère sur des stocks qui sont "soit en limite maximale d'exploitation, soit en cours d'effondrement, soit déjà effondré".
Aussi Ocean2012 réclame, dans le cadre de la réforme de la PCP l'an prochain, une révision des droits d'accès aux ressources, pour sanctionner les pratiques illégales, et de l'accès aux subventions publiques en introduisant une notion d'éco-conditionnalité.
"Une senne (filet) de surface et un chalutier de grands fonds n'auront pas le même impact sur l'habitat des espèces", selon Stéphan Beaucher favorable également à des critères sociaux en mettant le nombre d'emplois sur les bateaux en rapport avec le nombre de tonnes de poissons débarquées.
"Et pourquoi pas regarder les aspects de dégagements de CO2 et établir avec l'ensemble une grille d'évaluation qui attribuerait en plus des bonus/malus", a-t-il souligné.
"La pêche française c'est 15% du marché des produits de la mer et un chiffre d'affaires de 1,1 milliard d'euros, soit autant que celui de la tomate, et qui touche 875 millions d'euros de subventions par an", a rappelé le conseiller.
L'aquaculture pourrait-elle contribuer à une pêche plus responsable ? "Le problème c'est que le poisson mange du poisson", fait-il remarquer précisant qu'il faut 2,5 kilos de poissons sauvages pour faire un kilo de chair de poisson d'élevage.
gg/fa/bw
PARIS, 9 juin 2011 (AFP) - La France ne mangera plus à partir du 14 juin que du poisson venant des eaux étrangères parce qu'elle aura épuisé à cette date ses réserves pêchées dans les eaux de l'Union européenne, selon les ONG défendant une pêche responsable.
Cette date intervient de plus en plus tôt, selon une étude intitulée "Dépendance croissante de l'UE par rapport aux poissons venus d'ailleurs" publiée par Ocean2012 et la nef (new economics foundation).
En 2000, les ressources halieutiques pêchées dans les eaux de l'UE permettaient d'assouvir les besoins des Français jusqu'à fin juillet.
Pour l'ensemble des 27 pays de l'UE, la date d'autosuffisance en produits de la mer se situe actuellement au 2 juillet, selon ce calendrier. "L'an dernier c'était le 9 juillet, cela indique une diminution des ressources halieutiques de l'UE de près de 200.000 tonnes sur douze mois", selon l'étude.
D'autres pays au secteur de la pêche moins développé que la France commencent bien plus tôt à dépendre des importations. Pour l'Autriche enclavée dans ses montagnes, c'est à partir du 15 janvier, l'Allemagne le 27 avril, l'Italie le 30 avril.
Il est vrai que les Français consomment deux fois plus de poissons (34,2 kilos par personne et par an) que la moyenne mondiale (17,1 kilos) selon les chiffres de 2008 de la FAO et d'Eurostat, les plus récents validés officiellement et utilisés pour l'étude des ONG. La moyenne européenne s'élève à 22,1 kilos.
"En consommant plus de poissons que les eaux de l'UE ne peuvent en produire, nous jouons avec l'avenir des stocks halieutiques et des communautés dépendant de la pêche" ailleurs dans le monde, selon Rupert Crilly un des auteurs de l'étude.
Le problème vient surtout de "la conception surranée de la politique commune de la pêche (PCP) de l'UE", affirme à l'AFP Stéphan Beaucher, conseiller en politique de pêche pour Ocean2012 et co-auteur de l'étude. "Elle a été calqué sur la PAC (politique agricole commune) avec des principes productivistes mais la pêche, elle, s'exerce sur un stock sauvage où l'on ne maîtrise rien, ni les dynamiques de populations, ni la reproduction."
Selon ses calculs, environ 72% de la pêche européenne s'opère sur des stocks qui sont "soit en limite maximale d'exploitation, soit en cours d'effondrement, soit déjà effondré".
Aussi Ocean2012 réclame, dans le cadre de la réforme de la PCP l'an prochain, une révision des droits d'accès aux ressources, pour sanctionner les pratiques illégales, et de l'accès aux subventions publiques en introduisant une notion d'éco-conditionnalité.
"Une senne (filet) de surface et un chalutier de grands fonds n'auront pas le même impact sur l'habitat des espèces", selon Stéphan Beaucher favorable également à des critères sociaux en mettant le nombre d'emplois sur les bateaux en rapport avec le nombre de tonnes de poissons débarquées.
"Et pourquoi pas regarder les aspects de dégagements de CO2 et établir avec l'ensemble une grille d'évaluation qui attribuerait en plus des bonus/malus", a-t-il souligné.
"La pêche française c'est 15% du marché des produits de la mer et un chiffre d'affaires de 1,1 milliard d'euros, soit autant que celui de la tomate, et qui touche 875 millions d'euros de subventions par an", a rappelé le conseiller.
L'aquaculture pourrait-elle contribuer à une pêche plus responsable ? "Le problème c'est que le poisson mange du poisson", fait-il remarquer précisant qu'il faut 2,5 kilos de poissons sauvages pour faire un kilo de chair de poisson d'élevage.
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