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Patricia Hoata, tout pour l’amour des plantes


TAHITI, le 7 juin 2023 - Elle est aujourd’hui la présidente de la fédération des horticulteurs de Polynésie. Patricia Hoata, horticultrice, a succombé aux couleurs des fleurs au fil des ans. Élevée par une famille d’agriculteurs à Taha’a, elle est aujourd’hui à l’écoute des horticulteurs de Polynésie.

La fédération des horticulteurs de Polynésie regroupe aujourd’hui 21 associations qui comptent chacune une vingtaine de membres répartis sur l’ensemble du territoire. Elle a été fondée par Yvette Temauri qui en a longtemps été présidente. En 2015, cette dernière a été élue présidente de la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL). “Elle a soumis ma candidature qui a été acceptée”, raconte Patricia Hoata. Depuis, c’est elle qui est à l’écoute des besoins des professionnels.

Née à Tahiti, élevée à Taha’a

Patricia Hoata est née à Pirae en 1968, mais elle a grandi à Taha’a. Elle a été accueillie sur l’île vanille par une tante et un oncle de sa mère. “Ce sont eux qui m’ont élevée. En tant que jeune fille, cela a été très dur.” Le couple était agriculteur. “Il y avait beaucoup de travail, on allait dans les champs le matin, mais j’y ai tout appris. C’est grâce à eux et au rythme de vie là-bas que j’ai réussi à m’en sortir à Tahiti, à m’adapter.

À l’époque, pour Patricia Hoata, il n’était pas question de fleurs. “La famille ne voulait pas en entendre parler, car cela ne rapportait pas à manger à la maison.” Le fa’a’apu ne contenait que des plantes comestibles. “C’est en arrivant à Tahiti que j’ai pris le temps de découvrir toutes ces belles choses, les anthuriums, les orchidées, les bougainvilliers et leurs couleurs, j’aime les plantes à fleurs.

La jeune femme est allée à l’école dans les îles jusqu’en 3e. Ensuite, elle a été envoyée à Tahiti au foyer de jeunes filles. “Le vœu le plus cher de mes parents de Taha’a était que je fasse des études. C’est ce que j’ai fait, j’ai obtenu un bac ! Ensuite, je me suis arrêtée, souvent on ne continuait pas plus loin.” À peine un an après la sortie du lycée, Patricia Hoata a eu une fille. “Mon père me disait en plaisantant que j’ai obtenu deux diplômes en même temps, le diplôme scolaire et le diplôme de maman !

Entrée dans le monde professionnel

Rapidement, Patricia Hoata est entrée dans le monde du travail. Elle a été employée à la mairie de Faa’a, puis elle a bifurqué vers le commerce, a travaillé deux années à Nuutania avant de s’intéresser à la politique. Elle est devenue médiatrice, toujours à Faa’a.

Son entrée dans le monde des fleurs et son changement d’orientation s’est fait petit à petit. Elle revient sur la relation d’amitié entretenue avec Irène Atu. Enseignante de profession, Irène Atu s’est reconvertie une fois à la retraite dans les activités du secteur primaire. Elle a créé la fédération Tiare rau te hono tini de Papara, dont elle a été la présidente entre septembre 2001 et mai 2015. Passionnée d’autre part par les tifaifai, elle a aussi rejoint le regroupement des artisans du tifaifai, Te api nui o te tifaifai. Elle a fondé en 2004 l’association Te hono taraire de Papara, qui œuvre toujours dans le secteur de l’artisanat et dans celui de l’horticulture. Elle a été élue à la présidence du Comité organisateur des expositions artisanales de la Polynésie française, Tahiti i te rima rau, durant trois années, de 2013 à 2016.


Patricia Hoata a souvent rendu visite à celle qu’elle appelle affectueusement “mamie Irène”. “Elle s’est vite rendu compte que j’aimais les fleurs.” Patricia Hoata appréciait tout particulièrement un bougainvillier aux feuilles panachées, le Monseigneur. “Mamie Irène m’a sollicitée pour devenir jury au Salon de l’agriculture. J’ai d’abord refusé car je n’y connaissais rien.

Au bout d’un certain temps, Patricia Hoata a fini par accepter la mission. Dès 1995, elle a intégré le jury composé de cinq personnes pour sélectionner les plus beaux jardins créés à l’occasion du Salon de l’agriculture. Son goût pour les fleurs et leur culture a été de plus en plus prononcé. Elle a acheté de “beaux spécimens” et en a reçu un certain nombre offert au salon de l’agriculture. Au début, ne sachant pas s’en occuper, elle les a regardés dépérir.

Horticultrice depuis 20 ans

Au tout début des années 2000, pour aider des jeunes, “ceux qui avaient des problèmes familiaux ou besoin d’argent”, Patricia Hoata a organisé des expositions de plantes dans les jardins de Bougainville face à l’assemblée, à Papeete. “Ils récupéraient des plantes auprès de leurs parents ou amis, les vendaient, tenaient les stands. Cela leur permettait de payer des petites factures.” Suite à cette initiative, des proches de Patricia Hoata l’ont encouragée à vendre ses propres plantes. Elle est devenue horticultrice en 2002.

C’est plus qu’un métier, c’est une véritable passion. J’aime prendre soin d’elles, chercher des espèces rares et peu courantes. Dès que j’en repère dans un endroit, je les achète sans attendre.” Pour bien faire, elle a suivi des formations sur le territoire pour apprendre à bouturer et marcotter ses protégées. Elle a également suivi une formation à Rungis en France lorsqu’elle est allée au Salon de l’agriculture de Paris. “C’est ainsi que j’ai compris que les plantes sont comme les humains, elles demandent de l’attention, de l’entretien, il faut les coiffer, les habiller, les nettoyer.”

Avec Yvette Temauri.
Avec Yvette Temauri.
Aujourd’hui, elle a un terrain à Puurai, un autre à Punaauia. Elle a des anthuriums, des orchidées, des bougainvilliers, des plantes grasses, des plantes vertes… Elle propose une offre d’espèces et de variétés très diversifiée. Elle va à la rencontre de ses plantes tous les jours, “au moins pour les arroser et voir si elles n’ont besoin de rien”. Elle œuvre, en parallèle, au bon fonctionnement de la fédération. “Ce qui nous préoccupe surtout, c’est la passation”, rapporte-t-elle en tant que présidente. Tous les moyens sont bons pour transmettre le savoir des horticulteurs d’aujourd’hui à ceux de demain. La fédération des horticulteurs travaille main dans la main avec la CAPL pour cela. “On est tout de même rassurés, car cela fonctionne, les jeunes reprennent. J’ai moi-même la chance d’avoir été rejointe par mon fils.”

Les Floralies, l’événement phare de la fédération qui est actuellement en cours dans les jardins de la mairie de Punaauia, rencontrent un succès grandissant. “On a commencé seuls, on a ensuite invité les agriculteurs, les transformateurs, et pour la première fois cette année, le service de l’artisanat. On peut, grâce à tout le monde, proposer plusieurs ateliers et formations”, se réjouit Patricia Hoata.

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 7 Juin 2023 à 16:21 | Lu 2098 fois