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Pascal Galopin, du fenua au cinéma


TAHITI, le 30 août 2023 - Il vient de séjourner à Tahiti pour faire le casting d’un film. Pascal Galopin, qui a vécu en Polynésie durant plusieurs années, tient enfin l’histoire, ses personnages et bientôt ses comédiens pour réaliser son tout premier long-métrage. Le tournage aura lieu en 2024.

Il va adapter pour le cinéma le roman de Monak intitulé “Le sang du corail”, paru en 2022 aux éditions Maïa. Pascal Galopin, réalisateur, prépare son premier long-métrage. Le tournage aura lieu en 2024, plutôt à la saison des pluies, quand les terres sont gorgées d’eau, le sol brillant, l’humidité enveloppante. Un premier casting vient de s’achever. Le réalisateur, qui réside désormais en France, est venu à la rencontre de ses potentiels premiers rôles. Il a profité de son séjour pour faire des repérages, a arpenté Papeete, “une ville très photogénique”. Elle comptera comme un personnage. Il a également rencontré différents partenaires. Il aimerait trouver un coproducteur. “L’objectif est vraiment de faire bosser les professionnels sur place.” Il a rencontré le directeur de la prison de Nuutania où il espère pouvoir tourner. “Un quart de l’histoire se place là-bas”, précise-t-il. Les jours passés en Polynésie ont été chargés, mais profitables


Paillettes, perruques et talons hauts

Les parents de Pascal Galopin sont arrivés au fenua dans les années 1960. Son père était chef chez Maxim’s à Paris, une maison fondée en 1893. Sa mère travaillait dans un bar-tabac non loin. “Mon père avait un copain qui avait fait son service à Tahiti en 1960. L’année suivante, notre famille s’installait en Polynésie.” Ils ont pris la gérance d’un restaurant à Taravao en arrivant. Ils ont eu ensuite œuvré dans plusieurs établissements jusqu’au Bougainville situé derrière la cathédrale.

Pascal galopin est né en 1965. Il a été scolarisé en primaire à l’école à Fariimata, puis au collège de La Mennais. “C’était à deux pas de la maison. Je sortais de chez moi quand j’entendais la sonnerie retentir.” La famille vivait dans un logement attenant au restaurant. Elle passait ses week-ends dans une maison au Pic Rouge. “Mes parents travaillaient beaucoup. Ils ne finissaient pas avant 2 heures du matin. C’est une Tahitienne qui s’occupait de nous.”

Il garde de ces années polynésiennes de très nombreux souvenirs. Il cite par exemple, “ces grandes femmes avec des paillettes, des perruques, des talons hauts qui passaient devant le restaurant le soir. C’était des rae rae, sur leur 31, qui descendaient de la Mission pour aller dans les bars de la ville”. Il raconte aussi ces “incroyables soirées” au drive-in Arue. Deux films étaient projetés. “On regardait le premier, puis à l’entracte on mangeait et je m’endormais avant la projection du second. Mes parents, eux, le visionnait.” Son père, “féru de cinéma”, parlait souvent de films et d’acteurs. “Mais les soirées au drive-in ont été encore plus marquantes.”

“Notre cœur reste à Tahiti”

En 1982, la famille est retournée en France. “Je me suis retrouvé du jour au lendemain en pension. J’ai découvert la neige, après 15 années passées à Tahiti. On a eu un peu de mal à s’adapter avec ma sœur”, se remémore-t-il. “Notre cœur reste à Tahiti, la Polynésie continue à faire un peu partie de notre quotidien.”

Pascal Galopin se souvient avoir voulu être pilote de ligne pendant un temps. “C’est un peu bête”, commente-t-il. D’abord “parce que je n’ai pas réussi”, ensuite “parce que tous les petits garçons veulent faire ça, non ?” L’envie est sans doute née de ses nombreux voyages. Ses parents prenaient le temps d’emmener leurs enfants en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis…. “Nous avons eu beaucoup de chance. Mais je n’avais pas le niveau en math.” Il s’est tourné vers la philosophie, et l’anglais. Il ne savait pas vraiment quoi faire. En 1985, il a été appelé pour faire son service militaire puis s’est lancé dans un BTS de commerce international. Ce n’était pas tant le commerce qui l’intéressait. Lui entrevoyait plutôt des perspectives internationales. “J’avais la bougeotte, l’envie d’apprendre des langues, de vivre à l’étranger.” Il s’est mis à l’anglais, l’espagnol, “un peu au russe aussi”.

De retour à Tahiti le 1er janvier 1994

Il a saisi ensuite une opportunité à Disneyworld (Orlando, Floride) dans le cadre d’un programme culturel d’échange établi entre les États-Unis et la France. Il y est resté deux ans. De retour en France, il a fait différents métiers pendant une dizaine d’années : banque, salle de vente, stewart dans les TGV… “J’adorais quand j’étais en mouvement.” Un jour, avec la mère de ses enfants, il a pris des vacances à Tahiti. Un mois en 1993. “Elle a adoré, moi j’ai revu toute mon enfance. Nous avons décidé de nous y installer.” Pascal Galopin est tombé alors sur une annonce de La Dépêche de Tahiti. Le quotidien cherchait des correspondants. “J’ai rencontré le rédacteur en chef qui m’a envoyé suivre une conférence de presse à Punaauia avec un appareil photo.” Une fois l’article rédigé, puis relu, Pascal Galopin a été embauché. “Le rédacteur en chef m’avait demandé de revenir le lendemain. Je lui ai dit que j’avais besoin de 15 jours.” Le temps de faire un aller-retour en France pour déménager. “J’étais de retour à Tahiti le 1er janvier 1994 !

Pendant dix ans, Pascal Galopin a été journaliste, secrétaire de rédaction, rédacteur en chef adjoint à La Dépêche Dimanche. Pressé par l’envie de bouger, il a fait, en famille, des demandes d’immigration en Australie et au Québec. “Le Québec nous a dit oui.” Pascal Galopin a été chef de pupitre pour un hebdomadaire. “J’ai découvert le journalisme québécois”, décrit-il. Mais le froid de l’hiver a eu raison de ses nouvelles intentions. De retour en France après deux ou trois “hivers vraiment terribles” sur le continent nord-américain, Pascal Galopin a rejoint le groupe Hersant en tant que journaliste. Il a été rédacteur en chef du journal d’Elbeuf. Un journal hebdomadaire diffusé dans les départements de l’Eure et de la Seine-Maritime. “J’étais dans la banlieue de Rouen. Je faisais des articles sur des sujets trop locaux. J’ai décidé d’aller à Paris.” Là, il a travaillé pour le groupe France télévisions. “J’ai commencé alors à avoir une connexion avec la télévision, le milieu audiovisuel.” De fil en aiguille, il s’est tourné vers le cinéma jusqu’à arrêter la presse.

Docu, biopic et festivals

Il a fondé Le temps d’un film, a raconté “la vie des gens” à l’aide de films “qui ressemblait à des documentaires”. Il a monté un ciné-club, tissé des liens. “Mon réseau professionnel était de plus en plus composé de comédiens, réalisateurs, producteurs.” Il a fondé une société de production, Terra Cinéma, mené à bien des projets de court-métrage de fiction avec des amis, écrit des documentaires pour la télévision, un biopic sur Jacques Brel, il a réalisé un documentaire sur Claude Pinoteau, réalisateur et scénariste français (il a notamment signé “La Boum”, le film qui a révélé Sophie Marceau dans les années 1980).

Il a également lancé des festivals comme le festival du film d’Espalion. Lequel a “marché à fond pendant 5 ans” mais il n’a pas survécu au Covid. C’est avec regret que Pascal Galopin a mis un terme à cette aventure. “Nous avions une quarantaine de volontaires !” Mais également des films de qualité, des participants motivés. S’en est suivie l’organisation de “On court à la baleine”, un festival du court-métrage et de la mini-série à Onet-le-château (Aveyron). La deuxième édition aura lieu du 30 novembre au 2 décembre prochains.

Tout au long de sa vie, malgré les déménagements, les changements de cap professionnels, les rencontres et projets divers lancés à plus de 16 000 kilomètres, Pascal Galopin a toujours “gardé un pied à Tahiti”. L’envie “de faire quelque chose là-bas” ne l’a jamais quitté. Il a suivi les faits de société, fouillé l’histoire, lu des ouvrages d’auteurs polynésiens contemporains. “Je voulais parler de l’envers de la carte postale.” Il a découvert “Le Sang du corail” par hasard. Le sujet lui a plu, le courant est passé avec l’autrice qui est également co-scénariste.

Pascal Galopin devrait revenir avant le tournage pour faire un nouveau casting, des silhouettes, policiers, prisonniers, greffiers, avocats… “Idéalement, j’aimerais être accompagné de mon chef opérateur pour vérifier la disponibilité du matériel.” Il tournera à Tahiti, mais aussi, sans doute, aux Tuamotu. Son objectif ? : “Je veux que l’on sente l’esprit polynésien.”

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 30 Août 2023 à 18:26 | Lu 1696 fois