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Pas-de-Calais: les habitants sur le qui-vive avec le retour des intempéries


DENIS CHARLET / AFP
DENIS CHARLET / AFP
Neuville-sous-Montreuil, France | AFP | lundi 13/11/2023 - Le calme semble avoir regagné le Pas-de-Calais lundi, mais le département, touché par des crues dévastatrices, connaît un nouvel épisode pluvieux, qui pourrait encore aggraver la situation et maintient les sinistrés dans l'inquiétude.

"On avait 1,60 m dans notre cave il y a deux jours, c'est réduit à 20 cm", témoigne Cyril Theriez, restaurateur, qui continue lundi matin d'évacuer l'eau de son domicile de Neuville-sous-Montreuil. "On reste sur le qui-vive."

Les pluies, sur des sols déjà saturés, sont restées faibles lundi, mais devraient être "plus importantes" mardi, selon Vigicrues. "De nouvelles réactions sont prévues sur les cours d'eau" du Nord et du Pas-de-Calais dès lundi, "mais à des niveaux moindres que vendredi".

Les niveaux restent importants avec "des débordements dommageables" sur la Canche et la Lys plaine, toujours en vigilance orange, tout comme la Hem et l'Aa.

Dans ce contexte, la préfecture a décidé de laisser fermés lundi et mardi crèches et établissements scolaires dans 279 communes du département -388 établissements au total.

Le Pas-de-Calais, qui a déjà subi la tempête Ciaran le 2 novembre, des crues record le 7 novembre et des précipitations intenses jeudi et vendredi, restera mardi en vigilance jaune pour pluie-inondation et vagues-submersion.

"C'est stressant"

Météo-France prévoit pour la semaine une alternance de journées d’accalmie suivie de pluies: averses mercredi, accalmie jusqu’à vendredi puis reprises des intempéries jusqu'à lundi.

A Merville, zone rurale du Nord à la frontière du Pas-de-Calais, les ravins débordent, les champs et les rues du centre ville sont inondés.

"L'eau monte depuis vendredi, ça ne descend pas. On attend, on peut rien faire. Il y a 60 cm d’eau au milieu de la route", se désole Alain Bacrot, retraité de 73 ans, qui a chaussé de grandes bottes pour sortir de chez lui.

"Tout est plein partout, c'est stressant. Nous avons peur de devoir partir", soupire sa femme Annie. Dans son jardin, les assises des balançoires chatouillent les eaux.

Des agents de la ville amènent aux habitants des sacs de sable à poser devant les portes pour empêcher l'eau de s'infiltrer et des parpaings pour surélever les meubles.

Munie de grandes bottes, la pharmacienne de Neuville-sous-Montreuil, Laurence Dachicourt, est venue constater les dégâts dans son officine. "On va devoir jeter une bonne partie des médicaments", déplore-t-elle.

D'après le sénateur et vice-président du conseil régional, Franck Dhersin, plus de 10.000 sinistrés ont déjà été recensés. "On est aussi en train de s’apercevoir que beaucoup d’artisans, de commerçants et de PME/PMI sont touchés", a-t-il souligné lundi.

Les présidents du département et de la région, Jean-Claude Leroy et Xavier Bertrand, en ont appelé lundi, dans une lettre au président Emmanuel Macron, à "la solidarité nationale" pour venir en aide aux sinistrés.

"Catastrophes"

Le bilan depuis le début de l'épisode reste de quatre blessés légers. Une sexagénaire est par ailleurs décédée à Bailleul (Nord) au volant de sa voiture, retrouvée pleine d'eau samedi dans un fossé inondé, sans que le parquet de Dunkerque ne puisse établir avec certitude un lien avec les intempéries.

Selon la préfecture, 600 foyers restent privés d'électricité et 7.200 subissent des restrictions d'usage de l'eau. 

Le trafic ferroviaire est interrompu sur deux tronçons (Boulogne-Etaples et Saint-Pol-Etaples) "jusqu'à nouvel ordre", a indiqué la SNCF sur le réseau X (ex-Twitter). Une cinquantaine d'axes routiers restent coupés.

Des agriculteurs de la FNSEA ont bloqué lundi matin avec une vingtaine de tracteurs une voie de l'A16 à l'entrée de Calais pour demander à l'Etat de mettre en place des équipements "permettant à l'avenir d'éviter aux exploitations agricoles et aux habitants des polders (étendue artificielle de terre gagnée sur l'eau) des Hauts-de-France de connaître des catastrophes".

Quelque 155 communes ont déposé un dossier pour être reconnues en catastrophe naturelle, une décision attendue mardi.

S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines. 

Rédigé par RB le Lundi 13 Novembre 2023 à 06:31 | Lu 327 fois