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Parti de rien, Raiura Pouira a trois entreprises


À 32 ans, Raiura est à la tête de trois entreprises à Hikueru.
À 32 ans, Raiura est à la tête de trois entreprises à Hikueru.
HIKUERU, le 23/03/2017 - Il possède actuellement trois sociétés et envisage d'en ouvrir deux autres avant le mois de juillet. Sans aucune formation qualifiante, Raiura Pouira a décidé de rentrer sur l'atoll de ses ancêtres pour travailler avant de lancer sa propre activité. Il a démarré avec une société de construction de bateaux, en 2013. Fonceur, Raiura choisit de se lancer dans l'apiculture deux ans plus tard, puis dans la pêche, il y a bientôt un an. Rencontre avec ce jeune entrepreneur Pa'umotu.

Il est jeune, dynamique, mais surtout il peut inspirer d'autres Polynésiens. À 32 ans, Raiura Pouira a ouvert trois entreprises à Hikueru, l'atoll de ses ancêtres.

Raiura Pouira construit des bateaux, produit du miel et vend des filets de perroquet ou de carangue. Mais le jeune homme ne veut pas en rester là, puisqu'il envisage de se lancer dans l'hôtellerie et la perliculture.

Aujourd'hui, Raiura a construit et vendu 14 bateaux.
Aujourd'hui, Raiura a construit et vendu 14 bateaux.
TOUT A COMMENCE EN 2011

Raiura Pouira a grandi avec ses parents à Tahiti, où il a suivi toute sa scolarité. En 2011, l'appel de ses ancêtres le ramène à Hikueru pour participer au ramassage des rori (concombres de mer). Deux ans plus tard, le ramassage des rori est fermé. Mais, le jeune homme se plaît là-bas et pas question pour lui de revenir à Tahiti, la vie dans les îles est tellement mieux.

Mais pour vivre aux Tuamotu, il vaut mieux avoir son propre bateau. Raiura profite donc de la présence d'un constructeur sur place pour avoir le sien. "J'avais sollicité ses services pour la construction de mon bateau. Mais il n'avait pas le temps de le faire, donc il m'a appris", raconte-t-il.
Une aubaine pour le jeune homme puisqu'à ce moment-là Raiura ne sait pas encore qu'il en fera son activité principale. "J'ai vu que c'était facile de le faire et j'ai décidé de lancer ma société Hikueru Marine."

Aujourd'hui, il en a construit et vendu 14, pour une valeur de 3 à 4 millions de francs par bateau.

Toujours à la recherche de nouveaux défis, il commence à s'intéresser à l'apiculture, nous sommes alors en 2014-2015. Sans aucune formation, le jeune père de famille fait des recherches sur internet et il apprend les techniques de base "sur le tas". "J'ai démarré avec cinq petites ruches et aujourd'hui j'en ai plus de 100." Pour se fournir en abeilles, Raiura en achète sur Makemo. Avec beaucoup d'efforts et de courage, il produit aujourd'hui 200 kilos de miel tous les mois.

"J'ai voulu me lancer dans cette activité parce qu'on sait tous qu'elle rapporte beaucoup. Et aux Tuamotu, nous avons cet avantage de pouvoir récolter tous les mois. Ce n'est pas comme à Tahiti, où tu récoltes trois fois par an. La différence est qu'à Hikueru tous les arbres sont constamment en floraison, toute l'année", souligne le jeune entrepreneur.

Non seulement son miel est vendu à Tahiti, mais il fournit aussi "les atolls autour de Hikueru, ceux où il n'y a pas d'abeilles, comme Fakahina, Reao, Marokau…"

Infatigable, Raiura Pouira se lance un nouveau défi, celui de vendre des filets de poissons du lagon de Hikueru. Il a donc démarré cette activité, il y a onze mois. Ses produits, il les vend à des mareyeurs ou des traiteurs sur Tahiti. "Par semaine, on peut avoir 200 à 300 kilos de filets de perroquet minimum. On fournit aussi des filets de pa'ihere (carangue, NDLR) et des langoustes, quand la pêche est ouverte."

Une activité qui lui permet de faire vivre les pêcheurs de Hikueru, même s'il a en sa possession des parcs à poissons. Mais Raiura sait que la surpêche n'est pas bonne. "C'est pour ça que je cherche à acheter dans les atolls aux alentours."

Aujourd'hui, le jeune entrepreneur travaille sur deux futurs projets : une pension de famille et une ferme perlière.

Deux activités qu'il devrait démarrer "avant juillet". "J'ai déjà des stations de nacres sur Hikueru, parce que ma famille avait déjà des fermes perlières, c'est la raison pour laquelle j'ai voulu me lancer dans ce secteur."

"MA MOTIVATION VIENT DE MON GRAND-PÈRE"

Père d'une petite fille, Raiura veut assurer un avenir meilleur à son enfant. Sa femme l'épaule dans tous ses projets. "Elle m'encourage énormément, elle me dit toujours, tant que j'ai de l'énergie, mieux vaut foncer pour ne pas regretter plus tard."

Mais son modèle reste tout de même son grand-père. "Ma motivation, je la tiens de mon grand-père. Il était l'un des plus grands entrepreneurs à Tahiti. Il a fait pas mal d'immeubles en ville. Il est allé ensuite à Takaroa pour se lancer dans la perliculture, c'était son dernier projet d'ailleurs. Je pense qu'un Pa'umotu a tous les atouts de son côté, mais il ne cherche pas à les développer. C'est quelqu'un qui fonce et qui n'a pas peur."

Et c'est ce qu'il veut faire passer comme message aux jeunes : "S'ils sont des Tuamotu, qu'ils rentrent chez eux. Parce que la richesse se trouve sur leur atoll, et je les encourage à mettre en valeur leur fenua. Sur Tahiti, c'est dur de trouver un travail même avec des diplômes. Il faut lancer sa propre activité, c'est mieux. C'est vrai qu'au début, ça va être dur, mais il y a des aides qui existent pour se lancer. Et une fois que c'est parti, tu ne peux plus arrêter la machine."

le Jeudi 23 Mars 2017 à 19:00 | Lu 25530 fois