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Papeete : Une formation sur les armes de défense pour les policiers municipaux


Durant trois jours, le premier groupe apprendra les différentes techniques pour une utilisation fiable des deux armes de défense
Durant trois jours, le premier groupe apprendra les différentes techniques pour une utilisation fiable des deux armes de défense
PAPEETE, le 25/11/2015 - Durant trois semaines, l'ensemble des policiers municipaux de la capitale suivront une formation pour l'utilisation de deux armes qu'ils portent quotidiennement afin de maitriser les perturbateurs. Il s'agit du tonfa et du bâton télescopique. Avec près de 70 agents de police, la formation se décline en trois sessions et la première a démarré cette semaine.

"Ils n'ont rien à envier avec la formation de policier en France", explique Thierry Delhief, formateur national en self-défense professionnel, qui n'en est pas à sa première formation en Polynésie.

Une formation qui se décline en trois sessions avec des groupes différents. Le premier groupe a démarré en début de semaine, et durant trois jours, Thierry Delhief se chargera d'apporter toutes les connaissances nécessaires pour l'usage des armes de défense utilisées par les policiers municipaux de Papeete. Une formation organisée par le centre de gestion et de formation, dans le cadre de l'habilitation aux moyens des forces intermédiaires. "En 1999, je leur expliquai le rôle des légitimes défenses, on partait de zéro. Aujourd'hui, avec une institution telle que le CGF, ils rentrent dans un cursus de formation avec un stage comme ce qui se passe en France, où tout est balayé du cadre légal".

Contrairement à la métropole, en Polynésie, les policiers municipaux ont deux armes de défense à leur portée : le bâton télescopique et le tonfa. "En journée, ils utilisent le bâton télescopique, beaucoup plus discret et en nuit, ils vont rester sur le tonfa", assure Thierry Delhief.

Durant cette formation, Thierry Delhief donnera plusieurs techniques pour l'usage de ces deux armes. "Que ce soit, le bâton télescopique ou le tonfa, il ne faut pas frapper la tête, le cou ou le triangle génital. On va uniquement travailler sur des zones non dangereuses comme les bras ou les jambes, pour stopper l'adversaire et le désarmer. L'objectif n'étant pas de tuer la personne mais de la maitriser avec la force strictement nécessaire".

Pour mener à bien cette formation, des mises en situation pour pouvoir gérer le conflit, seront nécessaires : "on ne va pas sortir un bâton alors qu'on est capable de continuer la négociation. J'ai formé des milliers de policiers en France et le polynésien a un grand sens de la négociation", souligne l'expert.

LES MŒURS ONT ÉVOLUÉ

Thierry Delhief se rappelle encore des missions d'un policier municipal polynésien, en 1999. "À cette époque, la police municipale avait des missions diverses et variées, ça allait du facteur, au garde chiot. Entre temps avec le SPC, il y a eu des formations et notamment des formations APJ (adjoint de police judiciaire), qui sont faites sur le même canevas que les policiers municipaux en France. Aujourd'hui, ils ont pris de l'expérience, les responsables ont été formés comme de vrais chefs de service".

Évoluer avec le temps est aussi une obligation pour ces hommes de loi. "Avec tout ce qui se passe sur internet, les jeunes le reproduisent ici. Quand tu vas sur youtube ou sur facebook, tu vois beaucoup de violences qui sont reprises ici par nos jeunes. À notre époque, on n'avait pas cela, il n'y avait pas internet, on allait dans la montagne, chercher des fruits ou à la mer. Les jeunes de nos jours, dès leur plus jeune âge, ont un IPAD, du coup, ils voient déjà ce qui se passe à l'extérieur", regrette Tommy Tuaiva, agent de police à Papeete.

Les interventions dans la capitale ne sont pas sans risques, "elles sont souvent dues à l'alcool, même dans un contexte familial. On se rend compte que les personnes ont du mal à se retenir surtout quand cette personne est sous l'emprise de l'alcool. En tant que policier ce n'est pas évident, surtout que nous ne sommes pas de la famille et parfois les négociations ne marchent pas", explique Tommy. "C'est notre métier de garder notre sang-froid, mais il arrive des fois où on s'énerve un peu plus que d'habitude mais nous sommes toujours obligés de revenir à la raison".
Une formation très sportive pour les agents de la police municipale de Papeete
Une formation très sportive pour les agents de la police municipale de Papeete

LES AGRESSIONS SE MULTIPLIENT EN POLYNÉSIE

Depuis quelques mois, les violences et agressions augmentent sur le fenua et en particulier à Papeete. Le chômage est la principale cause de ces débordements. "En Polynésie, les gens utilisent plus les cailloux pour se défendre ou les bouteilles. On a déjà eu à faire à des couteaux avec des jeunes qui se promènent avec. D'autres avec des armes à plomb, mais c'est rare. Sur les huit ans que j'exerce en nuit, nous sommes tombés trois fois sur des fusils à plomb avec des menaces, deux ou trois fois sur les couteaux et une fois sur une batte de baseball", se rappelle Tommy.

D'où l'importance de suivre cette formation, "pour protéger la victime, ils ont besoin d'avoir ces armes de défense", assure Thierry Delhief.

Des formations que ces policiers municipaux suivent tous les deux ans. Aujourd'hui la brigade municipale de Papeete compte près de 70 agents dont trois femmes. Durant trois jours, le premier groupe devra assimiler les différentes techniques apprises, la formation se terminera par une évaluation au quatrième jour, avec un expert de la DSP.
Thierry Delhief motive ses troupes. Cette formation avec les agents de Papeete durera trois semaines, avec des évaluations à chaque fin de stage, réalisées par un agent assermenté de la DSP
Thierry Delhief motive ses troupes. Cette formation avec les agents de Papeete durera trois semaines, avec des évaluations à chaque fin de stage, réalisées par un agent assermenté de la DSP

Le formateur, Thierry Delhief, nous donne la signification et l'usage de ces deux armes

Le bâton télescopique :
"C'est un bâton, une fois rétracté, fait une dizaine de centimètre, mais une fois déployé, il peut aller jusqu'à 50 cm. Ça permet de garder la distance face à un individu qui peut être menaçant, avec un couteau, un tesson de bouteille ou une batte de baseball. C'est une arme intermédiaire qui permet de garder la distance face à quelqu'un qui peut être potentiellement dangereux. De plus en plus, malheureusement, on a des faits de sortie de coupe-coupe, de couteaux. Ils sont amenés à intervenir, des fois, sur des conflits familiaux, où il peut y avoir tout un tas d'armes qui peut être utilisés lors des interventions. Donc pour protéger la victime, ils ont besoin d'avoir un moyen comme celui-là. Tous les policiers en sont équipés"

Le tonfa :
"C'est aussi un bâton de défense mais, il a en plus, une poignée latérale qui permet de faire des blocages un peu plus protecteur et plus imposant. Il permet de faire des techniques de clés, de contraindre quelqu'un et l'amener au sol puis après le menotter. Le tonfa, en France, a eu une très grande expansion. Après les années 1968, tout ce qui était bâton de défense n'était pas très bien vu. Donc le tonfa a un côté défensif qui est : je me protège d'un coup qui arrive à cause de la poignée latérale".
Deux exemples de "tonfa" et au centre un bâton télescopique
Deux exemples de "tonfa" et au centre un bâton télescopique


le Mercredi 25 Novembre 2015 à 16:19 | Lu 1268 fois