Panama, Panama | AFP | lundi 03/10/2021 - 20:18 UTC-9 | 546 mots Un prestigieux cabinet d'avocats panaméen est nommé dans le scandale financier "Pandora Papers" comme impliqué dans la création de sociétés offshore pour dissimuler l'argent de plus de 160 politiciens et personnalités publiques dans des paradis fiscaux. Luis ACOSTA / AFP
New York, Etats-Unis | AFP | lundi 04/10/2021 - Plusieurs dirigeants, dont le Premier ministre tchèque, le roi de Jordanie ou les présidents du Kenya et d'Equateur, ont dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore notamment à des fins d'évasion fiscale, selon une enquête publiée dimanche par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ).
L'enquête, à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes, s'intitule "Pandora Papers", référence à la légende de la boîte de Pandore. Elle s'appuie sur quelque 11,9 millions de documents provenant de 14 sociétés de services financiers et a mis au jour plus de 29.000 sociétés offshores.
Selon ces documents, le roi Abdallah II de Jordanie a créé au moins une trentaine de sociétés offshore, c'est-à-dire dans des pays ou territoires à fiscalité avantageuse, et acheté par leur biais 14 propriétés de luxe aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, pour plus de 106 millions de dollars.
En Jordanie, le palais royal a déclaré lundi que ces "informations de presse sont inexactes, déformées et exagérées" et qu'elles constituent une "menace pour la sécurité du monarque et celle de sa famille".
Le Premier ministre tchèque, Andrej Babis, a placé selon l'enquête 22 millions de dollars dans des sociétés écran pour financer l'achat du château Bigaud, une grande propriété à Mougins dans le Sud de la France.
"Je n'ai jamais rien fait d'illégal ou de mal", a tweeté M. Babis, "mais cela ne les empêche pas d'essayer de me dénigrer et d'influencer les élections législatives tchèques", prévues vendredi et samedi prochains.
Le président équatorien, Guillermo Lasso, a, lui, logé des fonds dans deux trusts dont le siège se trouve aux Etats-Unis, dans le Dakota du Sud, selon l'ICIJ qui épingle également les présidents du Chili et de République dominicaine.
"Tous mes revenus ont été déclarés et j'ai payé les impôts correspondants en Equateur, faisant de moi l'un des principaux contribuables dans le pays à titre personnel", a assuré dans un communiqué M. Lasso, un ancien banquier. "Tous les investissements réalisés en Equateur et à l'étranger se sont toujours faits dans le cadre de la loi".
Au total, des liens ont été établis par l'ICIJ entre des actifs offshore et 336 dirigeants et responsables politiques de premier plan qui ont créé près de 1.000 sociétés dont plus des deux tiers aux Iles Vierges britanniques.
Environ deux millions des 11,9 millions de documents proviennent du cabinet d'avocats panaméen Alcogal (Aleman, Cordero, Galindo & Lee) qui selon l'ICIJ a joué "un rôle majeur dans l'évasion des taxes" et est impliqué dans la création de comptes pour dissimuler l'argent de plus de 160 personnalités dont le roi de Jordanie ou le Premier ministre tchèque.
"Alcogal rejette ces spéculations, inexactitudes et mensonges", a dit le cabinet dans un communiqué.
"Cela démontre que les gens qui pourraient mettre fin au secret de l'offshore, en finir avec ce qui s'y passe, en tirent eux-mêmes profit", a commenté dimanche dans une vidéo le directeur de l'ICIJ, Gerard Ryle. "On parle de milliers de milliards de dollars."
Pour Maira Martini, chercheuse de l'ONG Transparency International, cette enquête apporte une nouvelle "preuve claire que l'industrie offshore fait le jeu de la corruption et de la criminalité financière, tout en faisant obstruction à la justice". "Ce modèle économique" basé sur le secret financier "ne peut plus continuer".
Shakira et Dominique Strauss-Kahn
Parmi les personnalités exposées figurent également la chanteuse colombienne Shakira, le mannequin allemand Claudia Schiffer ou la légende indienne du cricket Sachin Tendulkar.
Apparaissent aussi les noms de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, pour l'achat d'un bien immobilier à Londres, et de l'ancien ministre français Dominique Strauss-Kahn.
L'ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a fait transiter plusieurs millions de dollars d'honoraires de conseil à des entreprises par une société marocaine exempte d'impôts, selon l'enquête.
Au total, selon le quotidien français Le Monde partenaire de l'ICIJ, 600 Français apparaissent dans l’enquête dont "un conspirationniste d’extrême droite" qui a recouru à une société aux Seychelles "pour vendre livres et pilules miracles".
Dans la plupart des pays, ces faits ne sont pas susceptibles de poursuites. Mais pour les dirigeants, l'ICIJ dresse un parallèle entre le discours anti-corruption de certains et leurs placements dans des paradis fiscaux.
Le président kényan Uhuru Kenyatta a ainsi maintes fois affirmé sa détermination à lutter contre la corruption dans son pays et à obliger les officiels kényans à la transparence quant à leur patrimoine.
Pourtant, selon les "Pandora Papers", M. Kenyatta possède une fondation au Panama et plusieurs membres de sa famille directe détiennent plus de 30 millions de dollars logés dans des comptes offshore.
Créé en 1997 par le Centre américain pour l'intégrité publique, l'ICIJ est devenu une entité indépendante en 2017. Son réseau compte des journalistes d'investigation dans plus de 100 pays et territoires, avec quelque 100 médias partenaires.
L'ICIJ s'est fait connaître, début avril 2016, avec les "Panama Papers", une enquête appuyée sur quelque 11,5 millions de documents provenant d'un cabinet d'avocats panaméen. Ils détaillaient les avoirs cachés de milliers de clients de Mossack Fonseca, dont des personnalités de premier plan.
L'onde de choc de cette publication a notamment entraîné la démission du Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson et du chef du gouvernement pakistanais Nawaz Sharif.
Depuis 2013 et la publication des "Offshore Leaks", déjà par l'ICIJ, de nombreuses enquêtes journalistiques coordonnées ont révélé les noms d'entreprises, dirigeants ou personnalités ayant recours à des montages financiers opaques, notamment les "LuxLeaks" (2014) ou les "Paradise Papers" (2017) évoquant le prince Charles, le champion de Formule 1 Lewis Hamilton ou le groupe Nike.
L'enquête, à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes, s'intitule "Pandora Papers", référence à la légende de la boîte de Pandore. Elle s'appuie sur quelque 11,9 millions de documents provenant de 14 sociétés de services financiers et a mis au jour plus de 29.000 sociétés offshores.
Selon ces documents, le roi Abdallah II de Jordanie a créé au moins une trentaine de sociétés offshore, c'est-à-dire dans des pays ou territoires à fiscalité avantageuse, et acheté par leur biais 14 propriétés de luxe aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, pour plus de 106 millions de dollars.
En Jordanie, le palais royal a déclaré lundi que ces "informations de presse sont inexactes, déformées et exagérées" et qu'elles constituent une "menace pour la sécurité du monarque et celle de sa famille".
Le Premier ministre tchèque, Andrej Babis, a placé selon l'enquête 22 millions de dollars dans des sociétés écran pour financer l'achat du château Bigaud, une grande propriété à Mougins dans le Sud de la France.
"Je n'ai jamais rien fait d'illégal ou de mal", a tweeté M. Babis, "mais cela ne les empêche pas d'essayer de me dénigrer et d'influencer les élections législatives tchèques", prévues vendredi et samedi prochains.
Le président équatorien, Guillermo Lasso, a, lui, logé des fonds dans deux trusts dont le siège se trouve aux Etats-Unis, dans le Dakota du Sud, selon l'ICIJ qui épingle également les présidents du Chili et de République dominicaine.
"Tous mes revenus ont été déclarés et j'ai payé les impôts correspondants en Equateur, faisant de moi l'un des principaux contribuables dans le pays à titre personnel", a assuré dans un communiqué M. Lasso, un ancien banquier. "Tous les investissements réalisés en Equateur et à l'étranger se sont toujours faits dans le cadre de la loi".
Au total, des liens ont été établis par l'ICIJ entre des actifs offshore et 336 dirigeants et responsables politiques de premier plan qui ont créé près de 1.000 sociétés dont plus des deux tiers aux Iles Vierges britanniques.
Environ deux millions des 11,9 millions de documents proviennent du cabinet d'avocats panaméen Alcogal (Aleman, Cordero, Galindo & Lee) qui selon l'ICIJ a joué "un rôle majeur dans l'évasion des taxes" et est impliqué dans la création de comptes pour dissimuler l'argent de plus de 160 personnalités dont le roi de Jordanie ou le Premier ministre tchèque.
"Alcogal rejette ces spéculations, inexactitudes et mensonges", a dit le cabinet dans un communiqué.
"Cela démontre que les gens qui pourraient mettre fin au secret de l'offshore, en finir avec ce qui s'y passe, en tirent eux-mêmes profit", a commenté dimanche dans une vidéo le directeur de l'ICIJ, Gerard Ryle. "On parle de milliers de milliards de dollars."
Pour Maira Martini, chercheuse de l'ONG Transparency International, cette enquête apporte une nouvelle "preuve claire que l'industrie offshore fait le jeu de la corruption et de la criminalité financière, tout en faisant obstruction à la justice". "Ce modèle économique" basé sur le secret financier "ne peut plus continuer".
Shakira et Dominique Strauss-Kahn
Parmi les personnalités exposées figurent également la chanteuse colombienne Shakira, le mannequin allemand Claudia Schiffer ou la légende indienne du cricket Sachin Tendulkar.
Apparaissent aussi les noms de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, pour l'achat d'un bien immobilier à Londres, et de l'ancien ministre français Dominique Strauss-Kahn.
L'ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a fait transiter plusieurs millions de dollars d'honoraires de conseil à des entreprises par une société marocaine exempte d'impôts, selon l'enquête.
Au total, selon le quotidien français Le Monde partenaire de l'ICIJ, 600 Français apparaissent dans l’enquête dont "un conspirationniste d’extrême droite" qui a recouru à une société aux Seychelles "pour vendre livres et pilules miracles".
Dans la plupart des pays, ces faits ne sont pas susceptibles de poursuites. Mais pour les dirigeants, l'ICIJ dresse un parallèle entre le discours anti-corruption de certains et leurs placements dans des paradis fiscaux.
Le président kényan Uhuru Kenyatta a ainsi maintes fois affirmé sa détermination à lutter contre la corruption dans son pays et à obliger les officiels kényans à la transparence quant à leur patrimoine.
Pourtant, selon les "Pandora Papers", M. Kenyatta possède une fondation au Panama et plusieurs membres de sa famille directe détiennent plus de 30 millions de dollars logés dans des comptes offshore.
Créé en 1997 par le Centre américain pour l'intégrité publique, l'ICIJ est devenu une entité indépendante en 2017. Son réseau compte des journalistes d'investigation dans plus de 100 pays et territoires, avec quelque 100 médias partenaires.
L'ICIJ s'est fait connaître, début avril 2016, avec les "Panama Papers", une enquête appuyée sur quelque 11,5 millions de documents provenant d'un cabinet d'avocats panaméen. Ils détaillaient les avoirs cachés de milliers de clients de Mossack Fonseca, dont des personnalités de premier plan.
L'onde de choc de cette publication a notamment entraîné la démission du Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson et du chef du gouvernement pakistanais Nawaz Sharif.
Depuis 2013 et la publication des "Offshore Leaks", déjà par l'ICIJ, de nombreuses enquêtes journalistiques coordonnées ont révélé les noms d'entreprises, dirigeants ou personnalités ayant recours à des montages financiers opaques, notamment les "LuxLeaks" (2014) ou les "Paradise Papers" (2017) évoquant le prince Charles, le champion de Formule 1 Lewis Hamilton ou le groupe Nike.