Paris, France | AFP | lundi 19/06/2017 - Les femmes qui le souhaitent doivent pouvoir conserver leurs ovocytes en prévision d'éventuels problèmes de fertilité après 35 ans, recommande l'Académie de médecine, qui veut éviter qu'elles aillent le faire à l'étranger au risque de dérives mercantiles.
Aujourd'hui, cette "autoconservation des ovocytes" est permise en France mais pratiquement irréalisable car obligatoirement couplée à un don pour autrui. Les Françaises qui veulent conserver leurs ovocytes en prévision de grossesses futures vont donc à l'étranger.
"Il existe un mercato de la congélation d'ovocytes (...) dans un but lucratif. Les Françaises doivent y avoir accès de manière légale et contrôlée", a fait valoir le professeur Philippe Bouchard lors d'une conférence de presse, lundi à Paris.
Il a participé à la rédaction d'un rapport dans lequel l'Académie recommande que les femmes puissent se faire prélever leurs propres ovocytes jusqu'à 35 ans (ensuite, leur qualité baisse) afin de les conserver. Le but: les utiliser plus tard si besoin dans le cadre d'une éventuelle PMA (procréation médicalement assistée).
L'Académie souhaite que cette disposition figure dans la prochaine révision de la loi de bioéthique, qui aura lieu au plus tard en 2018.
"C'est une étape supplémentaire pour permettre aux femmes de maîtriser leur propre fertilité", a estimé le professeur Jacques Milliez, qui a présidé à la rédaction du rapport.
"Il n'est pas question d'autoriser des grossesses à 65 ans mais de permettre à des femmes dont la fertilité baisse d'avoir des chances des grossesse jusqu'à 43 ou 45 ans", a souligné le professeur Bouchard.
Ces sujets sont éthiquement sensibles. Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) doit rendre d'ici fin juin un avis très attendu sur la PMA, notamment pour les femmes homosexuelles, sur lequel s'appuiera le gouvernement.
Cette question brûlante de la PMA pour les femmes homosexuelles n'est pas abordée dans le rapport de l'Académie de médecine, dont les avis sont consultatifs.
Pour l'autoconservation des ovocytes, l'Académie met en avant un constat sociétal: les couples ont des enfants plus tard qu'auparavant (5% des accouchements concernent des mères d'au moins 40 ans, contre 1% en 1980), alors que la fertilité des femmes baisse à partir de 35 ans.
"On voit des patientes de 38 ans persuadées que ça va être facile, à cause d'une grande ignorance des questions de baisse de la fertilité", a commenté la gynécologue Christine Louis-Vahdat.
Conséquence: "la demande (d'autoconservation des ovocytes) semble avoir considérablement augmenté en Europe depuis quelques années", note le rapport.
L'institut espagnol IVI (Institut de Valence contre l'Infertilité) a ainsi enregistré 42 demandes françaises en 2015 pour cet acte facturé plusieurs milliers d'euros.
Depuis la loi de bioéthique de 2011, une femme qui n'a jamais eu d'enfant peut conserver ses ovocytes en France, mais avec une condition de taille: qu'ils soient prélevés dans le cadre d'un don et qu'en cas de nombre insuffisant, priorité aille au don.
"Cette offre (...) peut être perçue comme un chantage", écrit l'Académie dans son rapport, adopté par 54 voix pour, 12 contre et 22 abstentions.
De plus, "compte tenu de la large priorité accordée au don, les chances pour ces donneuses de conserver des ovocytes pour elles-mêmes sont quasi nulles", poursuit l'instance.
Après prélèvement, les ovocytes sont conservés par vitrification, une congélation instantanée à -196 degrés.
Il faut 15-20 ovocytes pour espérer une grossesse. Pour une même femme, il faudrait donc multiplier les cycles de stimulation hormonale nécessaires au prélèvement si l'on veut que le don et l'autoconservation aient tous deux des chances d'être efficaces.
Cela ne semble pas éthiquement acceptable à l'Académie: c'est pourquoi elle demande qu'on dissocie le don de l'autoconservation.
Elle ne tranche pas la question du remboursement ou non par l'Assurance maladie, même si les membres du groupe de travail penchent pour la deuxième hypothèse.
Aujourd'hui, cette "autoconservation des ovocytes" est permise en France mais pratiquement irréalisable car obligatoirement couplée à un don pour autrui. Les Françaises qui veulent conserver leurs ovocytes en prévision de grossesses futures vont donc à l'étranger.
"Il existe un mercato de la congélation d'ovocytes (...) dans un but lucratif. Les Françaises doivent y avoir accès de manière légale et contrôlée", a fait valoir le professeur Philippe Bouchard lors d'une conférence de presse, lundi à Paris.
Il a participé à la rédaction d'un rapport dans lequel l'Académie recommande que les femmes puissent se faire prélever leurs propres ovocytes jusqu'à 35 ans (ensuite, leur qualité baisse) afin de les conserver. Le but: les utiliser plus tard si besoin dans le cadre d'une éventuelle PMA (procréation médicalement assistée).
L'Académie souhaite que cette disposition figure dans la prochaine révision de la loi de bioéthique, qui aura lieu au plus tard en 2018.
- 'Maîtriser sa fertilité' -
"C'est une étape supplémentaire pour permettre aux femmes de maîtriser leur propre fertilité", a estimé le professeur Jacques Milliez, qui a présidé à la rédaction du rapport.
"Il n'est pas question d'autoriser des grossesses à 65 ans mais de permettre à des femmes dont la fertilité baisse d'avoir des chances des grossesse jusqu'à 43 ou 45 ans", a souligné le professeur Bouchard.
Ces sujets sont éthiquement sensibles. Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) doit rendre d'ici fin juin un avis très attendu sur la PMA, notamment pour les femmes homosexuelles, sur lequel s'appuiera le gouvernement.
Cette question brûlante de la PMA pour les femmes homosexuelles n'est pas abordée dans le rapport de l'Académie de médecine, dont les avis sont consultatifs.
Pour l'autoconservation des ovocytes, l'Académie met en avant un constat sociétal: les couples ont des enfants plus tard qu'auparavant (5% des accouchements concernent des mères d'au moins 40 ans, contre 1% en 1980), alors que la fertilité des femmes baisse à partir de 35 ans.
"On voit des patientes de 38 ans persuadées que ça va être facile, à cause d'une grande ignorance des questions de baisse de la fertilité", a commenté la gynécologue Christine Louis-Vahdat.
Conséquence: "la demande (d'autoconservation des ovocytes) semble avoir considérablement augmenté en Europe depuis quelques années", note le rapport.
L'institut espagnol IVI (Institut de Valence contre l'Infertilité) a ainsi enregistré 42 demandes françaises en 2015 pour cet acte facturé plusieurs milliers d'euros.
- Priorité au don -
Depuis la loi de bioéthique de 2011, une femme qui n'a jamais eu d'enfant peut conserver ses ovocytes en France, mais avec une condition de taille: qu'ils soient prélevés dans le cadre d'un don et qu'en cas de nombre insuffisant, priorité aille au don.
"Cette offre (...) peut être perçue comme un chantage", écrit l'Académie dans son rapport, adopté par 54 voix pour, 12 contre et 22 abstentions.
De plus, "compte tenu de la large priorité accordée au don, les chances pour ces donneuses de conserver des ovocytes pour elles-mêmes sont quasi nulles", poursuit l'instance.
Après prélèvement, les ovocytes sont conservés par vitrification, une congélation instantanée à -196 degrés.
Il faut 15-20 ovocytes pour espérer une grossesse. Pour une même femme, il faudrait donc multiplier les cycles de stimulation hormonale nécessaires au prélèvement si l'on veut que le don et l'autoconservation aient tous deux des chances d'être efficaces.
Cela ne semble pas éthiquement acceptable à l'Académie: c'est pourquoi elle demande qu'on dissocie le don de l'autoconservation.
Elle ne tranche pas la question du remboursement ou non par l'Assurance maladie, même si les membres du groupe de travail penchent pour la deuxième hypothèse.