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PJJ : “On privilégie l’éducatif sur le répressif”


Tahiti, le 4 avril 2025 - Vendredi matin, la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) a ouvert ses portes. Elle a invité ses partenaires pour présenter l’ensemble de ses missions qui, toutes, n’ont qu’un objectif : la réinsertion. En Polynésie, 596 jeunes ont été suivis en 2024 par la Direction territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse, huit ont été emprisonné, soit 1% de l’effectif global.
 
PJJ, le terme parfois est considéré comme “une étiquette”, regrette Nadir Boudehri, conseiller technique, adjoint à la direction. “C’est plutôt une chance. La PJJ est à l’écoute, propose un accompagnement pluridisciplinaire sur-mesure, cherche à comprendre les causes qui se cachent derrière les infractions. Nous ne sommes pas là pour mettre des étiquettes, mais pour comprendre, réfléchir, faire réfléchir, pour proposer des solutions et orienter les jeunes vers celles et ceux qui pourront les aider.”
 
La PJJ, pour Protection judiciaire de la jeunesse, existe depuis 2006 en Polynésie. Elle est représentée par une direction territoriale et un éducatif de milieu ouvert (Stemo). Depuis 35 ans, elle ouvre ses portes chaque année aux partenaires et professionnels. C’est une opération annuelle qui permet d’éclairer les visiteurs sur les missions et objectifs de ce service judiciaire. En Polynésie, la manifestation a eu lieu une première fois en 2024, la deuxième édition s’est tenue ce vendredi.
 
“Un bon en avant”
 
En septembre 2021, la prise en charge de la jeunesse a fait “un bond en avant”, commente Nadir Boudehri. Elle s’est dotée d’un code de la justice pénale des mineurs pour remplacer l’ordonnance relative à l’enfance délinquante du 2 février 1945. Le législateur a eu pour ambition d'accélérer les procédures pénales et de renforcer la prise en charge des mineurs délinquants par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). “On fait en sorte que le temps judiciaire corresponde au temps éducatif”, résume l’adjoint. “On privilégie l’éducatif au répressif, on cherche à changer les comportements pour prévenir la récidive.”
 
 

Nadir Boudehri, conseiller technique, adjoint à la direction.
Nadir Boudehri, conseiller technique, adjoint à la direction.
En cas d’infraction, la gendarmerie contacte le parquet qui saisit la PJJ en charge de prendre attache avec le jeune et sa famille “afin de récolter un maximum d’informations qui seront autant d’aides à la décision pour les magistrats”.
 
À la suite d’une interpellation (selon l’infraction) deux solutions sont possibles. D’abord, une alternative aux poursuites est proposée et passe, par exemple, par un stage de citoyenneté. En cas d’échec, dans les dix jours à trois mois, a lieu un jugement sur la culpabilité et l’indemnisation des victimes. Puis, s’ouvre une période de mise à l’épreuve éducative entre 6 à 9 mois. “On voit alors comment ça évolue avant le jugement sur la sanction.”
 
 

Amandine Seret, directrice du service territorial éducatif de milieu ouvert.
Amandine Seret, directrice du service territorial éducatif de milieu ouvert.
La justice pénale des mineurs diffère de celle des majeurs en ce qu’elle privilégie une réponse éducative plutôt que pénale, s’appuyant sur le principe selon lequel l’enfant est une personnalité en devenir. S’il commet une infraction pénale, la priorité reste l’éducation. En Polynésie, les compétences sont partagées, la PJJ se charge du pénal, la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE) du civil.
 
On a des réussites éducatives
 
Les chiffres manquent pour connaître l’impact du suivi de la PJJ. “Mais on a des réussites éducatives”, se réjouit Amandine Seret, directrice du Service territorial du milieu ouvert (Stemo). Elle raconte ce jeune, “qui partait de loin” et qui s’est pris de passion pour le travail des palettes et du bois. “Nous avons un partenariat avec la ressourcerie de Mahina”, précise-t-elle soulignant l’intérêt de ces liens tissés avec des associations, institutions, services... Le jeune, donc, qui va avoir 18 ans a bénéficié d’un stage dans une menuiserie. Il est aujourd’hui en CDD qui pourrait se transformer en CDI. “Quand on trouve le moyen de capter leur attention – et c’est notre boulot –, ils s’accrochent : ce sont des bosseurs.” Cela passe par des discussions avec les jeunes concernés mais aussi avec les familles pour qu’elles aussi changent de regard.
 

Quelques chiffres

La PJJ, en 2024, a suivi 2024 jeunes, en file active ils sont entre 250/300. Parmi eux, 65% sont à Tahiti et Moorea, les autres résident dans les îles. Parmi eux, toujours en 2024, ils sont huit à avoir été incarcérés (soit 1%). Le plus jeune a 14 ans. Rappelons qu’un adolescent peut être envoyé en prison dès l’âge de 13 ans. Ces chiffres sont stables depuis trois ans.

Les faits sont à 45% des vols, 30% de la violence, le reste concerne des addictions (consommation de stupéfiants).
 

Rédigé par Delphine Barrais le Samedi 5 Avril 2025 à 10:07 | Lu 768 fois