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Oscar Temaru entendu à la gendarmerie… pour clore une affaire


Tahiti, le 9 novembre 2022 – Le président du Tavini, Oscar Temaru, et le trésorier du parti, Léon Tefau, ont été entendus mercredi en "audition libre" par les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Papeete, dans le cadre d'une nouvelle enquête préliminaire ouverte en 2020 après des irrégularités relevées par la commission nationale des comptes de campagne. Mais la situation ayant été régularisée depuis, cette enquête doit être classée sans suite.
 
Le président du Tavini huiraatira et maire de Faa'a, Oscar Temaru, a été entendu mercredi matin à la section de recherches de la gendarmerie de Papeete avec le trésorier du parti, Léon Tefau, pour deux auditions libres. Le leader indépendantiste était convoqué dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Papeete en 2020 – passée jusqu'ici inaperçue – portant sur les irrégularités relevées par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) après les élections territoriales de 2018.
 
Comme évoqué à l'époque dans les colonnes de Tahiti Infos, le Tavini et le Tapura avaient été épinglés par la CNCCFP après que leurs têtes de listes respectives, Oscar Temaru et Édouard Fritch, avaient reversé à leurs partis respectifs les fonds non utilisés de leur campagne électorale. Oscar Temaru pour 4 millions de Fcfp et Édouard Fritch pour 13 millions de Fcfp. Sauf que la CNCCFP avait considéré à l'époque que ces versements s'apparentaient à un don physique d'une personne à un parti politique, plafonnés par la loi à 550 666 Fcfp.
 
La CNCCFP avait alors demandé au Tavini et au Tapura de rembourser les sommes à Oscar Temaru et à Édouard Fritch. Le Tapura s'était exécuté. Mais le parti indépendantiste n'avait pas souhaité le faire immédiatement et avait répondu à cette demande en affirmant qu'au regard des spécificités polynésiennes, il était “difficile de faire respecter les procédures de gestion financière tel que cela est imposé par la réglementation en vigueur”. Le trésorier du Tavini de l'époque, feu Etienne Chimin, avait alors déposé la somme sur un compte d'attente, le temps de vérifier juridiquement la procédure. Finalement, après la nomination du remplaçant d'Étienne Chimin, Léon Tefau, la somme avait été reversée, comme demandée, à Oscar Temaru fin 2020 pour se conformer à la législation sur le financement des partis politiques.
 
“Acharnement judiciaire”
 
C'est donc après le signalement de cette irrégularité par la CNCCFP que le parquet de Papeete a ouvert une enquête préliminaire en 2020. L'information n'avait pas fuité jusqu'ici, une dizaine de personnes ont été entendues dans le cadre de cette enquête depuis deux ans. Néanmoins, si Oscar Temaru a été entendu mercredi matin durant trois heures par les enquêteurs, c'est principalement pour confirmer que cette situation avait depuis été régularisée. Selon les informations recueillies par Tahiti Infos, la procédure devrait d'ailleurs être classée sans suite à l'issue de cette audition.
 
Interrogé à la sortie de cette convocation, l'avocat d'Oscar Temaru, Me Stanley Cross, a tout de même dénoncé un “acharnement judiciaire” à l'encontre de son client : “Nous ne comprenons pas, car nous avons déjà été entendus sur ce dossier et nous devons de nouveau nous expliquer sur cette problématique. Pour Oscar Temaru, c'est encore et toujours la même chose. Avant les élections législatives, nous avions été convoqués dans le cadre de la protection fonctionnelle. Et à la veille des élections territoriales de 2023, nous sommes de nouveau convoqués. On se demande si ce n'est pas pour salir le parti et son leader.”
 
L'avocat qui précise que, depuis le placement en garde à vue d'Oscar Temaru en novembre 2018, “c'est la cinquième fois” que son client est convoqué à la section de recherches de la gendarmerie en quatre ans. Rappelons en effet qu'outre l'affaire Radio Tefana, le maire de Faa'a a fait l'objet d'une enquête préliminaire sur la prise en charge de ses frais de défense – en première instance puis en appel – après l'octroi par la commune de la “protection fonctionnelle” à son tāvana. Une enquête confiée en début d'année à la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris, qui avait valu à Oscar Temaru de devoir se réexpliquer devant les enquêteurs en mai dernier.
 

Rédigé par Garance Colbert et Antoine Samoyeau le Mercredi 9 Novembre 2022 à 16:59 | Lu 2024 fois