Tahiti Infos

Opposition / Majorité : la polémique sur l'électricité n'en finit pas (MAJ)


Dès l'ouverture de la séance, Antony Géros a demandé à modifier l'ordre du jour, ce qui a été refusé par la majorité
Dès l'ouverture de la séance, Antony Géros a demandé à modifier l'ordre du jour, ce qui a été refusé par la majorité
PAPEETE, le 07/07/2016 - Début de séance houleux ce jeudi matin à Tarahoi. Au centre des discussions, le rajout de deux résolutions à l'ordre du jour demandé par l'opposition en faveur de la baisse de l'électricité. Une demande qui a été refusée par le vote à main levée des 30 élus de la majorité. Un vote contesté par l'opposition.

Ambiance électrique ce jeudi matin entre les élus de la majorité et ceux de l'opposition, autour de la question de l'énergie. Une fois l'appel des représentants effectué, Antony Géros de l'UPLD prend la parole et propose de modifier l'ordre du jour en rajoutant deux résolutions en faveur de la baisse de l'électricité. "Ces deux résolutions ont été retirées de l'ordre du jour lors de la conférence des présidents qui s'est tenue mardi. Lors de cette conférence, la présidente du groupe RMA n'avait peut-être pas, selon moi, la concertation de l'ensemble de ses membres", précise l'élu indépendantiste.

Une demande qui a été soumise au vote à main levée, par la vice-présidente de la séance, Vaiata Perry Friedman. Avec une majorité de 30 élus, le groupe Rassemblement pour une majorité autonomiste (RMA) vote contre la modification de l'ordre du jour. Un vote que l'opposition conteste, "je me suis rendu compte dans le grand cafouillage qu'il y a eu, que le positionnement de nos collègues de la majorité contre l'inscription de ces deux résolutions n'était pas complètement établi", assure Antony Géros, et de poursuivre. "Toutes les mains n'étaient pas levées, il y en avait qui étaient à demi-levées, peut-être un coup levées et vite baissées et d'autres par contre, complètement sous le bureau. Ce qui m'a fait penser qu'il fallait absolument un vote public, ce qui n'a pas été accepté."

Gilda Vaiho-Faatoa, du Tahoeraa Huiraatira parle même de déni de démocratie. "Quand nous proposons une commission d'enquête. Il propose de la retirer ainsi que les deux résolutions. Ensuite, ils nous demandent d'inscrire leur commission d'enquête. Nous sommes là encore dans un déni de démocratie". Le vice-président du Pays n'a pas été épargné. "Ses choix sont contraires aux intérêts des consommateurs et de ceux des entreprises."

"Le but de cette commission n’est pas de faire la vérité mais d’empêcher de faire toute la lumière sur les conditions du renouvellement de ce monopole", poursuit-elle.

De leur côté, les élus de la majorité tentent de raisonner leurs homologues afin de démarrer l'étude des dossiers prévus à l'ordre du jour. Pour Armelle Merceron, ce n'est que du "cinéma", créant par la suite de vives réactions de la part de l'opposition, et une déstabilisation de la vice-présidente de la séance, Vaiata Perry Friedman.

"Je suspends la séance pour 2 minutes", lance-t-elle, un moment que choisiront les élus de l'UPLD et du Tahoeraa pour donner une conférence de presse et réaffirmer leur volonté à trouver des solutions pour que le prix de l'électricité soit baissé immédiatement, et de restituer aux abonnés, sous forme d'avoir, le trop-perçu réalisé par le concessionnaire EDT Engie depuis septembre 2014, "ce qui représenterait plus d'1,4 milliard de francs".

Les élus orange proposent même au Pays de racheter la société de distribution d'électricité, "car le Pays a les moyens et cela lui permettra de récupérer les milliards engrangés par cette multinationale qui repartent vers Paris. Cet argent doit revenir à notre pays qui pourra peut-être, par la suite, investir dans une politique de transition énergétique", indique Gilda Vaiho Faatoa.

Une idée qui a fait sourire plus d'un du côté de la majorité, et le vice-président Nuihau Laurey apporte son analyse. "La concession d'EDT devait se terminer en 2020 et normalement à l'issue de la concession, l'ensemble des actifs devait revenir au Pays. Il se trouve qu'en 1999, le président de la Polynésie Française de l'époque a décidé, pour des raisons obscures, de proroger sans appel d'offre cette concession de dix ans. Et si nous nous trouvons dans cette situation aujourd'hui, c'est le fait de cette décision. Donc, je pense que la première chose que cette commission d'enquête devra faire, c'est d'auditionner le président qui était en charge des affaires à cette époque afin qu'il s'explique sur ce sujet, qu'il critique tant aujourd'hui."

Depuis plusieurs mois, l'énergie est au cœur de la polémique en Polynésie, ce qui inquiète tout de même le Président du Pays, puisque, selon les élus de l'opposition, Edouard Fritch a demandé à les rencontrer dès son retour de Paris, prévu ce jeudi soir, ce que dément la Présidence. "Nous discuterons de tout avec lui, dans toute la transparence qui nous anime. On va essayer d'obtenir du Président du Pays de bien vouloir revoir la copie de son vice-président. Parce que le grand problème dans cette affaire, est que c'est le vice-président tout seul qui gère le dossier et c'est inconcevable de voir dans un gouvernement quelqu'un garder un dossier et de le considérer comme son dossier, son affaire et son bébé", conclut Antony Géros.



le Jeudi 7 Juillet 2016 à 16:10 | Lu 2608 fois