Tahiti, le 9 mars 2021 - Réagissant à l'enquête du média d'investigation Disclose ("Toxique") diffusée hier, sur le niveau réel de radioactivité à laquelle la population polynésiennes a été exposée, Moetai Brotherson, député de la Polynésie, souligne une "preuve éclatante" du "mensonge d'Etat permanent depuis le début des essais nucléaires".
Comment accueillez-vous cette enquête d'envergure ?
C’est à la fois une bonne nouvelle et un jour de tristesse puisque ça vient confirmer le mensonge d’Etat permanent depuis le début des essais nucléaires, chose dont on se doutait, mais on en a aujourd’hui une preuve éclatante. C’est également un jour de tristesse puisqu’on apprend qu’un rapport a été remis en février 2020 au gouvernement de Polynésie. Rapport qui a été tenu secret depuis. Il a fallu attendre cette enquête et je trouve ça scandaleux.
Pourtant ce rapport ne met pas en cause l’exécutif polynésien ?
Oui, maintenant il faut se demander si Edouard Fritch est président de la Polynésie ou ambassadeur de France en Polynésie, je ne sais pas. Mais ce rapport est accablant parce qu’il établit la causalité entre la fréquence des cancers aux Gambier et les essais nucléaires.
Qu’est-ce qui vous a marqué dans cette enquête ?
Elle n’a pas été faite par-dessus la jambe, on voit de manière assez glaçante le nuage radioactif de l’essai Centaure se déplacer sur l’ensemble de Tahiti et de manière générale sur les Raromatai. C’est des choses dont on se doutait, mais là l’enquête met des images dessus et c’est absolument glaçant.
Que vous inspire le rapport confidentiel révélé par cette enquête, mentionnant pour la première fois un « cluster de cancers tyroïdiens » ?
Ça vient dire de manière claire que l’amendement du millisievert (unité de mesure des effets des radiations dans un organisme, Ndlr) est nul et non avenue, il n’a pas lieu d’être, puisque d’une part c’est l’ensemble de la Polynésie qui a été touché a plus d’1 millisievert (le seuil minimum à partir duquel l’exposition est jugée dangereuse pour la santé humaine, Ndlr), et au moins 10 000 personnes ont été exposées à cinq, voire à dix fois ces doses. Donc on peut aujourd’hui, ne serait-ce par décence, retirer cet amendement du dispositif de la loi Morin.
Ensuite l’enquête se pose la question des dégâts environnementaux et ça c’est un aspect complètement absent de la loi Morin sur lequel il faut se pencher. Je viens de déposer une proposition de loi en ce sens-là. Il y a un vrai problème environnemental à Moruroa, il y a des failles et une menace d’effondrement précisément de la partie où sont enfouis les déchets nucléaires. Plutôt de faire l’autruche et d’attendre que ça se passe, il faut anticiper et prouver qu’on est une grande nation responsable et aller retirer ces déchets.
Qu’est-ce que vous attendez de la part de l’Etat ?
A minima des excuses, ou une demande de pardon au peuple polynésien, c’est le minimum. Je ne sais pas si l’Etat le fera un jour. Mais surtout qu’il arrête de mentir aux Polynésiens, c’est absolument insupportable.
Comment accueillez-vous cette enquête d'envergure ?
C’est à la fois une bonne nouvelle et un jour de tristesse puisque ça vient confirmer le mensonge d’Etat permanent depuis le début des essais nucléaires, chose dont on se doutait, mais on en a aujourd’hui une preuve éclatante. C’est également un jour de tristesse puisqu’on apprend qu’un rapport a été remis en février 2020 au gouvernement de Polynésie. Rapport qui a été tenu secret depuis. Il a fallu attendre cette enquête et je trouve ça scandaleux.
Pourtant ce rapport ne met pas en cause l’exécutif polynésien ?
Oui, maintenant il faut se demander si Edouard Fritch est président de la Polynésie ou ambassadeur de France en Polynésie, je ne sais pas. Mais ce rapport est accablant parce qu’il établit la causalité entre la fréquence des cancers aux Gambier et les essais nucléaires.
Qu’est-ce qui vous a marqué dans cette enquête ?
Elle n’a pas été faite par-dessus la jambe, on voit de manière assez glaçante le nuage radioactif de l’essai Centaure se déplacer sur l’ensemble de Tahiti et de manière générale sur les Raromatai. C’est des choses dont on se doutait, mais là l’enquête met des images dessus et c’est absolument glaçant.
« Que l’Etat arrête de mentir aux Polynésiens, c’est absolument insupportable »
Que vous inspire le rapport confidentiel révélé par cette enquête, mentionnant pour la première fois un « cluster de cancers tyroïdiens » ?
Ça vient dire de manière claire que l’amendement du millisievert (unité de mesure des effets des radiations dans un organisme, Ndlr) est nul et non avenue, il n’a pas lieu d’être, puisque d’une part c’est l’ensemble de la Polynésie qui a été touché a plus d’1 millisievert (le seuil minimum à partir duquel l’exposition est jugée dangereuse pour la santé humaine, Ndlr), et au moins 10 000 personnes ont été exposées à cinq, voire à dix fois ces doses. Donc on peut aujourd’hui, ne serait-ce par décence, retirer cet amendement du dispositif de la loi Morin.
Ensuite l’enquête se pose la question des dégâts environnementaux et ça c’est un aspect complètement absent de la loi Morin sur lequel il faut se pencher. Je viens de déposer une proposition de loi en ce sens-là. Il y a un vrai problème environnemental à Moruroa, il y a des failles et une menace d’effondrement précisément de la partie où sont enfouis les déchets nucléaires. Plutôt de faire l’autruche et d’attendre que ça se passe, il faut anticiper et prouver qu’on est une grande nation responsable et aller retirer ces déchets.
Qu’est-ce que vous attendez de la part de l’Etat ?
A minima des excuses, ou une demande de pardon au peuple polynésien, c’est le minimum. Je ne sais pas si l’Etat le fera un jour. Mais surtout qu’il arrête de mentir aux Polynésiens, c’est absolument insupportable.