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"On se croirait en Californie", en Gironde, les pompiers face à un feu "jamais vu"


GUILLAUME SOUVANT / AFP
GUILLAUME SOUVANT / AFP
Hostens, France | AFP | jeudi 11/08/2022 - "On se croirait en Californie" : à Hostens (Gironde) dont la forêt alentour est ravagée par les flammes, les pompiers luttent contre un feu "jamais vu" en espérant une précieuse alliée, la pluie.

"19 ans, premier baptême. Et bé, ça commence fort!", s'amuse un vieux monsieur bénévole, au crâne chauve et à l'accent local, à l'adresse de Bastien, jeune sapeur-pompier du Var qui n'a pas souhaité donner son nom de famille. Engagé depuis deux ans, le pompier se repose dans le PC sécurité, café à la main et visage crispé pour sa première mission hors de son département.

Le jeune homme a "l'excitation" d'aller au plus près des flammes mais hésite encore à se dire confiant.

Car pour ces pompiers venus de toute le France, le défi est de taille, presque inédit.

Mardi matin, ils étaient 1.100 appelés en renfort pour éteindre la reprise de feu qui ravage le sud de la Gironde et le nord des Landes depuis mardi, brûlant 6.800 hectares en 48 heures.

Une "mobilisation sans pareille" depuis 1949 et l'incendie historique qui avait brûlé 50.000 hectares et tué 82 personnes à Saucats, à quelques km de là, rappelle à l'AFP Jean-Luc Gleyze, le président des pompiers de Gironde et patron (PS) du département.

Selon lui, la reprise d'incendie s'est propagée à une vitesse de six à sept km/h dans le massif, soit trois fois plus vite que l'incendie qui a ravagé 14.000 hectares en juillet dans la zone.

"On se croirait en Californie, c’est gigantesque… pourtant il y a une culture du feu de forêt" localement, indique les yeux cernés Rémy Lahlay, pompier professionnel depuis 20 ans, venu en renfort depuis la Rochelle et habitué aux forêts de résineux, "mais là, on se fait déborder de partout".

Le feu a ravagé plus de 6.000 hectares en 24 heures.

"Superficies monstrueuses"

"Du jamais vu" pour M. Lalhay, chargé de sécuriser les maisons d'habitants évacués, à proximité de parcelles aux pins carbonisés, où seul le sommet arbore encore quelques aiguilles vertes.

Les soldats du feu sur place évoquent des flammes jusqu'à 40 mètres, avec un feu "chargé de combustible" par ces résineux à sec, "qui chauffe, pyrolise énormément, créant un vent tourbillonnant avec lequel le feu s'attise lui-même". 

"Avec la tourbe, les feux progressent en sous-terrain, donc on éteint un bout, et ça peut ressortir et remettre le feu 200 m plus loin", raconte médusé Ludovic qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, 48 ans, pompier volontaire des Deux-Sèvres plutôt "habitué aux feux de cultures".

Pour Stéphane qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, pompier professionnel expérimenté des Bouches-du-Rhône, les yeux rougis par 48 heures sans sommeil, la "priorité, c'est protéger les biens et les personnes. Le reste, aller chercher le feu là où il est, c'est très compliqué".

Seuls "beaucoup de jours de pluie", cette précieuse et unique "alliée", permettront de mettre fin à cet incendie "aux superficies monstrueuses", estime ce pompier qui intervient au coeur du feu à bord de camions de 6.000 litres.

Mais selon Jean-Luc Gleyze, ces "pluies massives" n'interviendront "probablement" qu'à l'automne sur le massif pour "éteindre véritablement" cet incendie "hors normes".

le Jeudi 11 Août 2022 à 06:04 | Lu 329 fois