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“On ne va rien bloquer”, assure le syndicat des taxis de Moorea


Tahiti le 16 mai 2024 - Le syndicat des chauffeurs de taxis de Moorea dément les propos relayés par communiqué de presse par la Fédération polynésienne des loueurs de véhicules. Il conteste l’existence de “menaces verbales” et tout projet de “blocage imminent de l’aéroport et du quai de Moorea”. Reste que, selon lui, les loueurs de véhicules sont dans l’illégalité.

“Il ment !” C’est en ces termes, on ne peut plus directs, que le président du syndicat des chauffeurs de taxis de Moorea, D’Esli Grand-Pittman, a réagi ce week-end au communiqué de presse diffusé la semaine dernière par la fédération polynésienne des loueurs de véhicules (FPLV). Le président de la FPLV, Stéphane Wojcieszek, y évoque en effet des “menaces verbales” dont les membres de son organisation auraient été victimes de la part de chauffeurs de taxi.

“On n’a même pas haussé la voix. On leur a parlé normalement et on leur a juste expliqué, calmement, qu’ils n’ont pas le droit de faire ce qu’ils font, c’est interdit”, tempère D’Esli Grand- Pittman, qui dit ne pas être surpris de la réaction du président de la FPLV. “Si parler avec des personnes c’est les agresser, mais où va-t-on ? Je savais qu’ils allaient faire un truc comme ça.”

Il dément aussi tout projet de blocage du quai de Vaiare et de l’aérodrome de Moorea. “Nous n’en sommes pas du tout là. Et on en n’en a même pas parlé car la loi est de notre côté.”

« Ils ne peuvent pas allés au-dessus des lois »

D’Esli Grand-Pittman explique que l’origine de ce différend avec les loueurs de véhicules est à rechercher dans le fait que ces derniers récupèrent leurs clients à l’aéroport ou au quai. “Ils ne peuvent pas venir les chercher là-bas, c’est interdit, c’est illégal”, affirme le leader du syndicat des taxis. “ Ils ne peuvent pas non plus les transporter car ils n’ont pas l’agrément de transport touristique. Il y a des règles pour chaque professionnel du transport, alors pourquoi font-ils cela ?”

Comme il le relève, la délibération du 29 juillet 2014 portant règlementation des véhicules sans chauffeur, interdit formellement “toute opération de location faite hors des agences ou de leurs guichets (comme la livraison), ainsi que la mise à disposition de véhicules […] notamment dans les ports et aéroports”. Si le loueur de véhicules veut accueillir sa clientèle au quai ou à l’aéroport, il a pour obligation d’avoir “les installations prévues pour l’accueil du public” et un parking pour ses véhicules. Chacune de ces infractions est passible d’une amende de 180 000 francs, martèle-t-il.

Pour lui, il est “important que chacun reste à sa place. On prend leur client, on les dépose à leur bureau. Il faut donner la chance à ces jeunes qui font du taxi”. Il assure que quand il était à la tête du seul syndicat de l’époque “tout cela avait été réglé”. Il regrette que son homologue à la tête de l’Union des entrepreneurs de taxis de Moorea (SUETM), Gisèle Pahi, ait accepté cette situation. “Ce sont même ses adhérents qui sont venus me voir et m’ont demandé de faire quelque chose.”

Une règlementation “pas claire”

Gisèle Pahi soutient la fédération des loueurs de véhicules, et estime que ce conflit est un mal pour un bien. Selon elle, cette situation s’éternise parce que “la Direction des transports terrestres [DTT] n’a jamais voulu faire quoique ce soit, et c’est bien que D’Esli ait réveillé la petite bête”.
 
Pour elle, les loueurs de voiture ne sont pas en infraction : “La loi n’est pas claire. Ils viennent juste récupérer le client et vont à l’agence pour pouvoir faire le contrat avant que le client puisse partir avec sa voiture.” Gisèle Pahi rappelle que la DTT a précisé par courrier que “pour faire du transport gratuitement, il faut être titulaire d’une licence E”. Elle souligne que certains professionnels en ont fait la demande “mais ils n’ont toujours aucune de réponse”, s’insurge-t-elle.

La règlementation applicable prévoit en effet la possibilité de récupérer les clients mais cela concerne uniquement le transport touristique, pas les loueurs de véhicules. Et Gisèle Pahi s’interroge : “Pourquoi les restaurants et pensions ont cette licence ? Il faut aussi que les loueurs de véhicules l’aient, sinon la DTT doit changer les textes.”

Dans ce même courrier, la DTT disait avoir été “alertée” d’entorses à la règlementation, dont seraient à l’origine les loueurs. C’est la raison pour laquelle “des contrôles inopinés” sont organisés avec la menace que le procureur de la République soit saisi si des contrevenants devaient être pris en flagrant délit.

Les prestataires vent debout

Pour les prestataires touristiques, pas question que les loueurs obtiennent ce sésame. Réginald Haring demande d’ailleurs que cette licence soit retirée. Pour lui, “elle n’aurait jamais dû exister”. Et il appelle les loueurs de véhicules à revenir à la raison : “Ils peuvent dire à leur client de prendre un taxi et d’aller à leur bureau. Je ne pense vraiment pas que le client refuse, tout comme quand on va à l’étranger.” Pour lui, chacun doit rester à sa place sans empiéter “les transporteurs restent transporteurs, les taxis restent taxis […]et cela va créer de l’emploi”.

L’occasion pour Réginald Haring d’inviter le président du Pays en charge du Tourisme, Moetai Brotherson, ainsi que le ministre du Transport et de l’Agriculture à “un tour de table” avec les professionnels de ces secteurs. “Il y a beaucoup de choses qui ne vont pas et dans certains domaines. On a besoin de leur arbitrage pour faire avancer les choses et protéger nos emplois dans le tourisme.”

Contacté, du côté du Pays on assure que des éléments de réponse vont être apportés à tous ces professionnels du transport.
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 21 Mai 2024 à 05:30 | Lu 1700 fois