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Octobre rose : "Je fais ma radio titi"


"Il est important de rappeler qu'à partir de 50 ans, les femmes peuvent bénéficier d’une mammographie gratuite tous les deux ans", a rappelé Jacques Raynal, ministre de la Santé.
"Il est important de rappeler qu'à partir de 50 ans, les femmes peuvent bénéficier d’une mammographie gratuite tous les deux ans", a rappelé Jacques Raynal, ministre de la Santé.
PAPEETE, le 4 octobre 2018 - Depuis quatre ans maintenant le mois d'octobre se pare de rose au fenua, pour l'opération Octobre rose. L'événement consiste à rappeler à nos vahine la nécessité de se faire dépister du cancer du sein, grâce à la mamographie. Chaque année, en Polynésie française, entre 130 et 150 nouveaux cas de cancer du sein sont déclarés.

"Fais ta radio titi".  Voici le message qui sera répété tout au long du mois d'octobre, qui sera de nouveau rose cette année. En effet depuis 2014, le mois d'octobre est l'occasion de rappeler à nos vahine la nécessité de se faire dépister du cancer du sein. Ce cancer est le plus fréquent chez la femme polynésienne, et donc l'une des principales causes de décès de ces dernières. Chaque année, au fenua, entre 130 et 150 nouveaux cas de cancer du sein sont déclarés. Et en 2014, 32 femmes avaient succombé à cette maladie. 

"Il est donc important de rappeler qu'à partir de 50 ans, elles peuvent bénéficier d’une mammographie gratuite tous les deux ans", a insisté  Jacques Raynal, ministre de la Santé, lors du lancement officiel de l'opération. Avant d'ajouter, "mais même avant d'atteindre l'âge de 50 ans, les femmes peuvent, et je dirais même doivent se palper les seins au moins une fois par mois. Sil elles sentent une boule ou bien si elles ont le moindre doute, elles ne doivent pas hésiter à consulter. En sachant évidemment que si la maladie est traitée le plus rapidement, le patient pourra être mieux traité."



UNE AUGMENTATION DES DEPISTAGES

Ainsi la méthode la plus efficace pour dépister le cancer du sein reste la mammographie. Et depuis la mise en place du programme de dépistage intensifié du cancer du sein en 2003, le taux de participation n'a cessé d'augmenter d'année en année. Entre 2003 et 2005 le taux de patiente dépistée était de 26%. Avant  de passer en 2017 à 36%.

Mais preuve de l'efficacité de l'opération Octobre rose, "plus d'un tiers des dépistages ont été réalisés lors des derniers trimestres au cours des trois dernières années", a précisé Carole Lafargue, docteur à la direction de la Santé et chargée du suivie de la prévention du cancer du sein. "Le mois de novembre en particulier n'est pas le préféré des mammographes parce qu'ils se retrouvent généralement débordés."

DES EFFORTS ENCORE À FAIRE DANS LES ÎLES

Le programme de dépistage par mammographie affiche tout de même quelque limite. Si à Tahiti et aux Îles-Sous-le-Vent les patientes n'ont aucun mal à réaliser leur "radio titi" dans les centre hospitaliers, il est plus difficile pour les habitantes des îles et archipels éloignés de se faire dépister.

Même si depuis juin dernier aux Marquises, un mammographe a été installé à l'hôpital de Nuku-Hiva, sous l'impulsion notamment du comité de Polynésie française de la Ligue contre le cancer, présidé par Patricia Grand : "c'est un pas extraordinaire qui a été fait. Il n'empêche qu'il y a encore des choses à voir, notamment au niveau du transport des patientes. Mais le projet s'est concrétisé aux Marquises parce qu'il y avait un hôpital ce qui n'est pas le cas dans tous les archipels. Évidemment on trouve dommage que toutes ces femmes n'aient pas le même accès à ces soins que celles qui habitent à Tahiti", a déploré Patricia Grand.

En attendant l'opération Octobre rose se délocalise aussi dans nos archipels, avec des animations prévues aux Australes, aux Marquises et aux Îles-Sous-le-Vent.

INTERVIEW

Patricia Grand, présidente du comité de Polynésie française de la Ligue contre le cancer
"J'incite les hommes à être acteur de cette opération"

Vous avez prévu beaucoup d'animation dans les communes de Tahiti tout au long du mois avec la Ligue. Quelle est l'importance de ces dernières dans la sensibilisation au cancer du sein ?
La commune reste la première proximité avec les habitants. Et évidemment plus les communes sont impliquées, plus leur population seront impliquées dans la cause. De cette manière on arrivera à mieux convaincre ces femmes qui ont du mal à se faire dépister, et qui ont généralement peur, d'y aller quand même.
 
Pour ces femmes qui ont peur d'aller se faire dépister. Est-ce-que leur tane n'ont pas un rôle à jouer ?
Oui tout à fait. Je  le dis assez souvent en souriant que j'ai une bénévole au sein de la Ligue qui a eu un concert il y a une dizaine d'années. Et c'est son mari, lors d'un moment d'intimité, qui a trouvé une boule au niveau de son sein. Il lui a dit alors d'aller consulter son médecin. J'incite donc les hommes à être acteur de cette opération, et de bien "caresser" leurs femmes et de ne pas hésiter à en parler. Et de toute manière l'accompagnement dans un cancer est très important.
 
Qu'en est-il du dépistage dans les îles  et archipels éloignés ?
Il est certain que c'est plus difficile. Ce pourquoi avec la Ligue nous avons milité, et fait un travail sur trois ans pour absolument installer un mammographe aux Marquises à Nuku-Hiva, ce qui est arrivé en juin dernier. Mais ça ne règle pas encore tout le problème. Par exemple une dame qui va venir de Tahuata, il faut qu'elle prenne le bateau pour aller à Hiva Oa. Ensuite il faut faire un trajet d'une heure en voiture pour aller jusqu'à l'aéroport de Hiva Oa, et prendre l'avion pour Nuku-Hiva. Il faut ensuite qu'elle puisse se loger sur place. Certes c'est un pas extraordinaire qui a été fait mais il y a encore du travail (…) Après le projet s'est concrétisé aux Marquises parce qu'il y avait un hôpital pour installer un mammographe ce qui n'est pas le cas dans tous les archipels. Et le projet du mammographe mobile n'est pas viable techniquement. Je trouve donc dommage que toutes ces femmes n'aient pas le même accès à ces soins que celles qui habitent à Tahiti.

BEAUCOUP D'ANIMATIONS POUR OCTOBRE ROSE

Sur la grande île de Tahiti, des marches rose, un concours du plus beau service rose au sein  de la mairie de Papara, la réalisation et l’exposition d’un soutien-gorge rose au CHT du Taaone ainsi que le concours de poésie à Faa'a, sont des actions fédératrices et innovantes pour sensibiliser, informer, accompagner toutes les familles dans une démarche de sensibilisation autour du cancer du sein.
 
À la presqu’île, la mobilisation du personnel de l’hôpital de Taravao autour d’octobre rose est une première. Un jeu concours "le plus beau service" est lancé et les lauréats seront récompensés. Puis des activités seront planifiées en faveur des familles de la presqu’île. Octobre Rose sera clôturé sur une note musicale grâce à des artistes qui se sont mobilisés.
 
Aux îles Sous-le-Vent, les agents du centre administratif de la subdivision des îles Sous-le-Vent se mobilisent pour réaliser un ukulele géant rose. Une journée spéciale sera organisée pour présenter le chef-d’œuvre et se clôturera par un concert de ukulele au fare Potee du centre administratif.
 
Aux Australes : Tout au long du mois un jeu concours du plus bel objet artisanal est lancé auprès des femmes de Tubuai, Rurutu et Rimatara. Objectif : surfer sur le plaisir de réaliser un objet artisanal autour du thème du dépistage du cancer du sein. Ainsi il s'agit pour les femmes de se rencontrer et échanger sur la thématique.
 
Aux Marquises : Pendant tout le mois d'octobre un professionnel de santé se rendra dans toutes les vallées de l'archipel pour rencontrer, informer et mobiliser les femmes autour du dépistage du cancer du sein.
 
Plus d'informations sur la page Facebook de la Ligue contre le cancer en Polynésie française.

Rédigé par Désiré Teivao le Jeudi 4 Octobre 2018 à 16:30 | Lu 2635 fois