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O Tahiti Nui Freedom ! Et non ce n'est pas fini Des nouvelles de Otahitinui en Chine


O Tahiti Nui Freedom ! Et non ce n'est pas fini Des nouvelles de Otahitinui en Chine

Par Michèle Lewon

Si c'était à refaire, recommenceriez-vous ? Dit la chanson

 

Pour ceux qui s'imaginaient qu'Otahiti Nui était sagement amarré au quai de Fuzhou, l'épisode ci-dessous prouve que rien n'est jamais achevé et qu'un vent de folie peut se lever pour rappeler à chacun que la vie est un éternel recommencement.

 

Fuzhou, un port maritime industriel sur le Min Jiang, la principale voie maritime de la province  accueille les cargos en provenance des nombreux pays  qui commercent avec la Chine. La ville exporte notamment des bois, des denrées alimentaires et du papier.

Notre pirogue, amarrée entre ces monstres des mers, devait être déplacée vers le port de Xiamen un des plus grands ports de plaisance de Chine. La proposition d'accueil de la pirogue permettait ainsi d'offrir une nouvelle vitrine d'exposition à Otahiti Nui Freedom.

 

C'est donc notre spécialiste de la Chine et initiateur de l'aventure  Hiria Ottino qui s'est proposé pour effectuer ce déplacement. Revivre l'aventure une dernière fois, sentir sous ses pieds, le bois de la pirogue qui chante au son de l'océan, plonger son regard dans les voiles du foc qui claque au vent. !!!

 

Mais on ne revit jamais la même chose, et ce déplacement a soudain pris des airs de catastrophe

 

« Lorsque l'on joue avec la mort »

 

Dernières formalités, le bateau remorqueur de Penavico (à l’intérieur du long fleuve) arrive comme prévu à 12h00, et nous quittons le port dans la foulée jusqu’à l’embouchure du fleuve. Là, nous retrouvons le bateau remorqueur venu de Xiamen.

La longue traversée débute.

 

Hiria et Xu Lu un navigateur Chinois sont seuls à bord de Otahitinui. Les six premières heures sont tranquilles, les vagues jouent avec la pirogue, les embruns ont les mêmes parfums qui les ont accompagnés tout au long de leur exploit et puis soudain..

 

Le vent se lève… un froid terrible.. les 2 jeux complets de vêtements achetés à Fidji ne sont plus dans la pirogue, il ne reste que le pardessus utilisé lors de la traversée. Par précaution, nous avons doublé les amarres. Vers minuit le premier jeu se rompt ! Une corde grosse comme mon poignée !

La houle impressionnante (4-5 mètres) soulève la pirogue. Elle surfe sur la vague, double le bateau remorqueur tantôt à tribord, tantôt à bâbord. La peur s'insinue, la hantise de venir se fracasser sur la poupe en acier du bateau remorqueur nous glace plus sûrement que le vent violent qui gronde, et une fois doublé, la hantise de se fracasser sur ses bords.

 

Le bout de traction se détend et se détend, on ne maîtrise plus rien, j'appelle à la radio : « stopper le navire, stopper le navire !.. » On ne nous entend pas

Le bout lâche, c'est la fin !!!

 

Heureusement, il n'est pas noué autour du safran, il cogne l’embase du moteur. L'eau s'infiltre, d'abord doucement, puis par paquet de mer... Plus de moteur !!!

 

A 06h00 du matin, la seconde amarre se brise...et nous sommes seuls sur la mer. Sans voile, sans moteur avec le vent et la houle,.

J’arrive à rapprocher OTNF du bateau remorqueur qui nous lance un petit bout.

 

XU Lu, mon coéquipier arrive à le récupérer, mais n’a pas la force pour le remonter. Je lâche la barre pour l’aider. La pirogue part dans tous les sens… on tente le tout pour le tout et nous parvenons enfin à saisir le bout, à 4 mains, moi le pied sur la barre...

Une vague plus grosse que les autres arrive de loin... 

 

Du bateau remorqueur on hurle «  lâchez le bout  !

 

Après tous ces efforts ? Il doit faire 5°! On est trempé ! le vent ! non, on ne lâche pas !

On tente de tirer le plus rapidement possible la longueur du bout, mais le navire remorqueur a déjà terminé de la sectionner..

La vague arrive, j’ai juste le temps de nous mettre en angle par rapport à elle. Elle nous soulève haut, si haut !!! Elle rattrape le bateau remorqueur, je vois apparaître l’hélice… on entend des cris… le navire a manqué de se retourner..

 

Le vent semble se renforcer, la mer devient plus agitée encore… et le navire nous abandonne là. Il nous indique une baie où l’on peut s’abriter..

Nous montons le foc avec un ris, (juste ½ foc, moins de 9m² de voile !). Heureusement le courant nous pousse vers la côte et une large baie, on contourne le port . Une plus petite baie, 5 mètres de la plage, une jonque abandonnée. On y accoste.

 

Il est 11h00 du matin et nous sommes en vie !!!

 

Une fois de plus la nature nous rappelle que nos vies dépendent de ses éléments. Un déplacement qui semblait facile à l'origine au regard de l'expédition incroyable que venait de vivre l'équipage de Otahitinui freedom a failli virer au drame. Mais les colères de l'océan sont aussi source de dépassement pour le navigateur qui dans l'adversité laisse jaillir du plus profond de son être ses capacités de survie.

 

 



 

 


L'aventure reprend



La pirogue amarrée dans le port de Fuzhou doit être déplacée



Lorsque le vent glacial se lève



Notre aventurier prend la mesure de l'épreuve



Le bateau remorqueur attend le petit équipage



La nuit prend des allures effrayantes



On lutte pour sa survie et quand les lumières de Xiamen font naître l'espoir



Qu'un havre de paix se profile



On découvre soudain l'ampleur du danger



OTahiti Nui Freedom porte les blessures infligées par l'océn



Mais que ses amis se rassurent, les plaies se repansent



Et c'est auprès des yachts que notre pirogue se repose

Rédigé par Michèle Lewon le Lundi 10 Janvier 2011 à 09:57 | Lu 1376 fois