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Nucléaire : le décret de la loi Morin sera modifié


PAPEETE, le 22 février 2016. Le président de la République François Hollande a annoncé que le décret de la loi Morin permettant l'indemnisation des victimes des essais nucléaires allait être modifié. Son discours était très attendu sur le dossier des essais nucléaires.



"Je reconnais que les essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 en Polynésie française ont eu un impact environnemental, provoqué des conséquences sanitaires et aussi, c'est un paradoxe, entrainé des bouleversements sociaux lorsque les essais eux-mêmes ont cessé", a annoncé François Hollande devant près de 800 personnes à la présidence ce lundi.

Les propos du chef de l'Etat étaient très attendus sur le dossier des essais nucléaires. Alors que très peu de victimes des essais nucléaires ont obtenu une indemnisation, François Hollande a annoncé que le décret de la loi Morin allait être modifié. "J'ai donc décidé de modifier le décret d'application pour préciser la notion de risques négligeables pour certaines catégories de victimes lorsqu'il est démontré que les mesures de surveillance indispensables n'avaient pas été mises en place. Ainsi, cette commission indépendante pourra faire accéder à l'indemnisation de nouvelles victimes", a-t-il expliqué.


Extrait du discours de François Hollande

"Sans la Polynésie française, la France ne se serait pas dotée de l'arme nucléaire et donc de la force de dissuasion. La France serait toujours une nation respectée dans le monde, serait toujours membre permanent du Conseil de sécurité mais n'aurait pas par cette force de la dissuasion la capacité d'être une nation pleinement indépendante et capable de se faire entendre partout, de pouvoir sanctuariser son territoire et de pouvoir, aussi grâce à la force de dissuasion, contribuer à la paix.
Alors cette contribution que vous avez vous-même à travers les essais nucléaires, je veux la reconnaitre solennellement aujourd'hui devant vous.
(applaudissements)
Je reconnais que les essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 en Polynésie française ont eu un impact environnemental, provoqué des conséquences sanitaires et aussi, c'est un paradoxe, entrainé des bouleversements sociaux lorsque les essais eux-mêmes ont cessé.
J'ai voulu aussi lors de ma visite m'incliner sur la tombe de Pouvana'a a Oopa parce que je voulais signifier ce que représente la lutte pour l'aspiration des Polynésiens à plus de responsabilité. Le gouvernement a saisi la commission de révision de son dossier. La justice agira en toute indépendance.

Mais je voulais que nous puissions tourner la page du nucléaire. Je connais les revendications des associations des victimes, qui sont d'ailleurs portées par les élus polynésiens. Je veux y répondre. Il sera créé avec le Pays un institut d'archives, d'information et de documentation en Polynésie française afin que la jeunesse polynésienne n'oublie pas cette période de notre histoire commune (applaudissements. Le traitement des demandes des victimes des essais nucléaires sera revu. Il y a eu des avancées, la loi du 5 janvier 2010, la création d'un comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires mais quand on fait le constat : seule une vingtaine de dossiers ont donné lieu à des indemnisations. J'ai donc décidé de modifier le décret d'application pour préciser la notion de risques négligeables pour certaines catégories de victimes lorsqu'il est démontré que les mesures de surveillance indispensables n'avaient pas été mises en place. Ainsi, cette commission indépendante pourra faire accéder à l'indemnisation de nouvelles victimes.
Enfin, l'Etat accompagnera le développement du service oncologie au centre hospitalier de Polynésie française avec un apport de 700 millions de Fcfp et la mise à disposition de trois médecins internes.
Il y a la question de la réparation, la dotation globale d'autonomie, celle qui est souvent représentée comme la dette nucléaire. Cette dotation globale d'autonomie sera sanctuarisée dans le statut de la Polynésie française et son niveau sera, dès 2017, rétabli à plus de 90 millions d'euros.
Je veux aller plus loin car tout ne résume pas à des financements. Les conséquences environnementales des essais devront aussi être traitées. L'Etat achèvera le démantèlement des installations et de la dépollution de Hao en recourant aux techniques les plus modernes. Quant aux atolls de Moruroa et de Fangataufa, ils feront l'objet d'une vigilance méticuleuse. Un service de surveillance 24/ 24 sera mis en place et des missions destinées à mesurer les conséquences radiologiques et psychochimiques sur les atolls et les lagons seront poursuivies et amplifiées pour que nul ne puisse avoir le moindre doute sur cette volonté de transparence."

Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 22 Février 2016 à 12:41 | Lu 3101 fois