Tahiti, le 26 novembre 2024 – Le budget primitif 2025 et les trois lois fiscales qui l'accompagnent ont été adoptés en commission de l'assemblée. Pour l'opposition, ce budget n'est "pas à jeter à la poubelle" mais il ne "répond pas aux besoins de la population" qui attend des mesures pour lutter contre la cherté de la vie. Au lieu de ça, de nouvelles taxes sont prévues et d'autres sont annoncées, alors que le Pays dispose d'un joli matelas de 51 milliards de francs de trésorerie.
Deuxième budget de la mandature Brotherson, deuxième ministre des Finances. Le budget primitif (BP) 2025 et les trois lois fiscales qui l'accompagnent ont été adoptés en commission de l'assemblée. Et l'ambiance n'était pas la même. Après avoir laissé Tevaiti Pomare seul contre tous l'année dernière pour défendre son projet de budget et sa loi fiscale, Moetai Brotherson (qui était en voyage alors) était cette fois bien présent lundi et mardi aux côtés de Warren Dexter face aux élus de la majorité et de l'opposition qui examinaient les textes. Le président du Pays aura certainement tiré les leçons d'une commission des Finances ubuesque avec un Tony Géros en maître du jeu face à un ministre fermé et campé sur des positions critiquées au sein même de la majorité. Ce qui aura valu, in fine, une double annulation de sa loi fiscale. Aujourd'hui, la donne est différente.
Le technicien de Tevaiti Pomare est devenu ministre. Et contrairement à son prédécesseur, Warren Dexter connaît son sujet et il est apprécié des élus de la majorité comme de l'opposition qui reconnaissent ses compétences et son franc parler. Il prêterait même une oreille attentive à certaines propositions de l'opposition. Notamment sur le fonds de régulation du prix des hydrocarbures (FRPH) qu'il serait enclin à supprimer... contrairement au président du Pays qui souhaite encore utiliser ce levier pour ne pas avoir à appliquer une vérité des prix du carburant, autrement dit, pour ne pas avoir à annoncer à la population une éventuelle hausse des prix de l'essence à la pompe.
“On croule sous l'argent”
Difficile exercice pour Warren Dexter donc, qui n'a pas les coudées franches pour agir aussi vite qu'il le voudrait. Il l'a dit lui-même chez nos confrères de Radio 1 la semaine dernière. S'il n'a pas pu instaurer la “taxe voyageur” ou le “prêt à taux zéro” dans les textes fiscaux présentés, c'est parce que le président du Pays lui a demandé de repousser ces mesures le temps d'en évaluer l'impact. “Le ministre n'est pas libre de ses mouvements, c'est la politique qui intervient”, analyse ainsi Édouard Fritch (Tapura). Même son de cloche chez Nuihau Laurey (Ahip) qui salue lui aussi l'écoute du nouveau ministre, tout en constatant avec regret que cela ne donne pas lieu pour autant à des réformes de fond.
Plus incompréhensible encore, au-delà de la fameuse taxe sur les produits sucrés qui fait l'objet de l'une des trois lois fiscales accompagnant le budget, un nouveau train de mesures fiscales est annoncé pour l'année prochaine. Et ce, alors même que le Pays dispose d'un matelas très confortable de 51 milliards de francs. “Il y a de quoi faire sauter quelques taxes sur les produits que nous importons, nous avons de quoi compenser des réductions de taxes sur ces produits”, estime Édouard Fritch qui trouve ce budget “injuste”, et “inefficace” car il ne répond pas à la problématique du coût de la vie et du pouvoir d'achat des ménages polynésiens, “alors qu'on croule sous l'argent”. Rien non plus du côté des investissements avec “aucune nouvelle infrastructure” en vue. Le représentant de Ahip ne comprend pas bien non plus la logique de créer de nouveaux impôts avec une trésorerie de 51 milliards de francs, rappelant “le principe de nécessité” en matière de fiscalité qui veut qu'“on ne crée des impôts que lorsque le Pays en a besoin”.
Deuxième budget de la mandature Brotherson, deuxième ministre des Finances. Le budget primitif (BP) 2025 et les trois lois fiscales qui l'accompagnent ont été adoptés en commission de l'assemblée. Et l'ambiance n'était pas la même. Après avoir laissé Tevaiti Pomare seul contre tous l'année dernière pour défendre son projet de budget et sa loi fiscale, Moetai Brotherson (qui était en voyage alors) était cette fois bien présent lundi et mardi aux côtés de Warren Dexter face aux élus de la majorité et de l'opposition qui examinaient les textes. Le président du Pays aura certainement tiré les leçons d'une commission des Finances ubuesque avec un Tony Géros en maître du jeu face à un ministre fermé et campé sur des positions critiquées au sein même de la majorité. Ce qui aura valu, in fine, une double annulation de sa loi fiscale. Aujourd'hui, la donne est différente.
Le technicien de Tevaiti Pomare est devenu ministre. Et contrairement à son prédécesseur, Warren Dexter connaît son sujet et il est apprécié des élus de la majorité comme de l'opposition qui reconnaissent ses compétences et son franc parler. Il prêterait même une oreille attentive à certaines propositions de l'opposition. Notamment sur le fonds de régulation du prix des hydrocarbures (FRPH) qu'il serait enclin à supprimer... contrairement au président du Pays qui souhaite encore utiliser ce levier pour ne pas avoir à appliquer une vérité des prix du carburant, autrement dit, pour ne pas avoir à annoncer à la population une éventuelle hausse des prix de l'essence à la pompe.
“On croule sous l'argent”
Difficile exercice pour Warren Dexter donc, qui n'a pas les coudées franches pour agir aussi vite qu'il le voudrait. Il l'a dit lui-même chez nos confrères de Radio 1 la semaine dernière. S'il n'a pas pu instaurer la “taxe voyageur” ou le “prêt à taux zéro” dans les textes fiscaux présentés, c'est parce que le président du Pays lui a demandé de repousser ces mesures le temps d'en évaluer l'impact. “Le ministre n'est pas libre de ses mouvements, c'est la politique qui intervient”, analyse ainsi Édouard Fritch (Tapura). Même son de cloche chez Nuihau Laurey (Ahip) qui salue lui aussi l'écoute du nouveau ministre, tout en constatant avec regret que cela ne donne pas lieu pour autant à des réformes de fond.
Plus incompréhensible encore, au-delà de la fameuse taxe sur les produits sucrés qui fait l'objet de l'une des trois lois fiscales accompagnant le budget, un nouveau train de mesures fiscales est annoncé pour l'année prochaine. Et ce, alors même que le Pays dispose d'un matelas très confortable de 51 milliards de francs. “Il y a de quoi faire sauter quelques taxes sur les produits que nous importons, nous avons de quoi compenser des réductions de taxes sur ces produits”, estime Édouard Fritch qui trouve ce budget “injuste”, et “inefficace” car il ne répond pas à la problématique du coût de la vie et du pouvoir d'achat des ménages polynésiens, “alors qu'on croule sous l'argent”. Rien non plus du côté des investissements avec “aucune nouvelle infrastructure” en vue. Le représentant de Ahip ne comprend pas bien non plus la logique de créer de nouveaux impôts avec une trésorerie de 51 milliards de francs, rappelant “le principe de nécessité” en matière de fiscalité qui veut qu'“on ne crée des impôts que lorsque le Pays en a besoin”.
Édouard Fritch (Tapura) : “Un budget injuste et inefficace”
“Il faut intégrer qu'il est annoncé que le budget 2025 est dans la continuité du budget de 2024. Donc il ne faut pas que l'on s'attende à des choses extraordinaires. Avec l'actuel ministre, les choses sont un peu plus transparentes, mieux expliquées et mieux approfondies. On avait réellement un problème d'échange, de communication avec le précédent ministre. Sur le fond, on a l'impression que l'actuel n'a pas les mains libres. Ceci dit, ce n'est pas non plus exceptionnel. L'actuel ministre est un très bon technicien. Il connaît bien le sujet et en particulier tout ce qui concerne les recettes du budget. Par contre, dès lors qu'il commence à penser à une politique de développement, il faut que le Tavini huiraatira se prononce. Le ministre n'est pas libre de ses mouvements, c'est la politique qui intervient. (...) Ce qui est plus grave, c'est la philosophie du budget lui-même qui est en augmentation de plus de 5 milliards de francs. C'est beaucoup d'argent. Et aujourd'hui, on nous apprend que le Pays dispose au moment où on parle d'une trésorerie de 51 milliards de francs dans ses caisses. Le sujet aujourd'hui reste quand même le coût de la vie et le pouvoir d'achat des ménages, mais rien n'est prévu à ce sujet-là alors qu'on croûle sous l'argent. Il y a de quoi faire sauter quelques taxes sur les produits que nous importons, nous avons de quoi compenser des réductions de taxes sur ces produits (...) On a beaucoup d'argent, mais on va réduire les investissements. Rien de nouveau cette année en matière d'infrastructures nouvelles, rien. C'est un budget injuste et complètement inefficace, parce qu'il ne répond pas aux besoins des Polynésiens.”
Nuihau Laurey (Ahip) : “Un budget comme avant”
“On a un ministre des Finances qui connaît les difficultés, les contraintes, et qui souhaite trouver des solutions en sachant que parfois, ça prend du temps et c'est difficile. Mais au moins, on a quelqu'un qui est à l'écoute. Après, la difficulté, c'est que parallèlement à cette écoute du nouveau ministre des Finances, on a peu de changements, peu de réformes, avec un président qui communique bien, qui donne l'impression d'avoir des solutions sur beaucoup de sujets, mais on ne les voit pas concrètement. C'est un budget comme avant. C'était compréhensible l'année dernière parce que c'était le premier budget, la mise en place. Là, on est à quelques mois du mi-mandat, et les budgets sont finalement reconduits en l'état. On a passé une partie de cette commission à discuter du bien-fondé, pour le gouvernement, à demander plus d'impôts. C'était le cas l'année dernière. L'ancien ministre nous avait proposé la création d'un nouvel impôt foncier. J'ai rappelé qu'il y a un principe qu'on doit respecter en matière de fiscalité, c'est le principe de nécessité. On ne crée des impôts que lorsque le Pays en a besoin. Avec 51 milliards dans les caisses, est-ce que le Pays a besoin d'aller en chercher plus dans les poches des Polynésiens ? Avec autant de liquidité, n'est-ce pas le bon moment pour commencer à se désendetter ? Là aussi, il y a de vraies divergences entre le gouvernement et la minorité. Quant à la majorité, on ne sait pas vraiment ce qu'elle pense car il n'y a pas d'intervention de sa part.”