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Nouvelles taxes : la Polynésie "dans la spirale inflationniste"


Nouvelles taxes : la Polynésie "dans la spirale inflationniste"
Après une année difficile, les commerçants comptaient plus que jamais sur la période des fêtes en cette fin 2011. "On termine sur une note positive" est heureux de relater le vice-président de la CCISM, Gilles Yau, qui affirme toutefois que dans certains secteurs, les chiffres d'affaires sont en baisse de 15 à 20% par rapport à 2010.

Pour attirer des consommateurs de plus en plus frileux, des animations commerciales avaient été organisées du 12 au 24 décembre. Des jeux avaient été mis en place par la CCISM et ses partenaires, permettant notamment de gagner un voyage aller-retour Papeete-Auckland pour 2 personnes et des bons d’achat offerts par les commerçants, à Papeete, au centre Tamanu à Punaauia, au centre Tauhere à Taravao et à Uturoa. "Dès qu’on arrive à fédérer les commerces, on arrive à un résultat, et les ventes se déroulent bien" se félicite Gilles Yau.

Mais l'optimisme n'est pas de mise pour 2012. L'augmentation de la pression fiscale passe très, très mal. De la taxe sur la consommation des tabacs et alcools importés (TCTAI), qui passe de 5% à 60% sur les cigarettes, cigares et cigarillos, et de 5% à 20% sur les alcools, à la taxe sur les produits originaires de l'Union européenne (2 à 4% sur les produits alimentaires et les produits corporels, 8% sur les sucreries...), en passant par la taxe de 1% sur les équipement électriques, ou encore la taxe de 5% sur les colis postaux compris entre 10 001 F et 30 000F, le consommateur polynésien n'est pas à la fête.

"On n’a pas encore mesuré l’impact puisque tout le monde est en train de revoir ses prix au fur et à mesure des arrivages, mais en tout cas il y aura une incidence. (...) On est dans une spirale négative, inflationniste, et le marché ne grossit plus. La Polynésie ne créé plus de croissance. " rappelle Gilles Yau.

Interview.

Nouvelles taxes : la Polynésie "dans la spirale inflationniste"
Tahiti Infos : Quel bilan les commerçants tirent-ils de la période des fêtes ?

Gilles Yau: Disons que Nöel est en retrait par rapport à l’année dernière, de 15 à 20% selon les secteurs, il y a quand même certains secteurs qui ont tiré le marché vers le haut, notamment ceux qui ont vendu les tablettes électroniques qui ont été les stars de ce Noël. On a vu que les nocturnes qui ont été organisés à Tamanu, Taravoa, Papeete et Uturoa ont été un succès. Les consommateurs étaient présents et avides d’animations. Le marché de Noël organisé par Papeete centre ville, la FGC et la mairie de Papeete a d’ailleurs été un succès. Donc dès qu’on arrive à fédérer les commerces, on obtient un résultat, et les ventes se déroulent bien. Cette période des fêtes n’a pas sauvé l’année 2011, mais on va dire qu’on termine sur une note positive.

Comment s’annonce l'année 2012 ?

Elle ne s’annonce pas très bien, puisqu’on commence avec une augmentation de la pression fiscale au travers des nouvelles taxes, dont on n’a pas encore mesuré l’impact puisque tout le monde est en train de revoir ses prix au fur et à mesure des arrivages. Mais en tout cas il y aura une incidence. Donc on n’est pas certains non plus que les consommateurs auront le même comportement d’achat que l’an passé, d’autant que les salaires sont gelés dans la plupart des entreprises. On est dans une spirale négative, inflationniste, et le marché ne grossit plus. La Polynésie ne créé plus de croissance.

On a une idée de la hausse des prix qu'engendreront ces taxes ?

Non, il est encore trop tôt. Mais ce qu’on constate c’est un retour en arrière par rapport à 2000 où nous avions mis en place la TVA. Là on revient en arrière en recréant des taxes parafiscales. On voit bien que le gouvernement n’a pas d’idées, et créé des taxes en fonction de l’argent dont il a besoin pour faire son budget. C’est une logique surréaliste, et contraire à ce qui a été préconisé par le rapport Bolliet, qui recommandait des économies sur les frais de fonctionnement, et sur ses satellites, SEM et EPIC. On doute encore de la capacité de la classe politique à réformer le système.

Vous avez dû tout de même bien accueillir la taxe de 5% sur les colis postaux entre 10 0001 F et 30 000 F, vous qui êtes un opposant de la franchise postale ?

Oui, en effet. On va dans le bon sens mais le pays aurait pu aller plus loin puisqu’il était à la recherche de niches fiscales. On n’est pas encore à l’égalité devant l’impôt puisque les commerçants, eux, sont taxés à partir du premier franc. Mais cette franchise a fait du mal, aux vendeurs de disques, de téléphones, de jeux vidéos… c’est dans ces secteurs là qu’on a perdu des entreprises et des emplois par cette franchise fiscale offerte non pas aux plus démunis, mais à la classe moyenne, qui dispose d’un accès internet et d’une carte de crédit.

Quelle est votre recommandation pour le gouvernement en 2012 ? Continuer la réflexion sur l’impôt sur le revenu ?

On va déjà vers un alourdissement de la CST, et c’est la contribution qu’apportera le monde économique. D’un autre côté, on attend le respect de tous les rapports, congrès, séminaires, qui ont été faits et organisés et qui recommandent de libéraliser l’économie. On est pris dans un carcan fiscal qui étouffe toute initiative.

le Mercredi 4 Janvier 2012 à 11:21 | Lu 6303 fois