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Nouvelle tribune de "militaires": "manœuvre" politique pour la majorité, indignation à gauche


Paris, France | AFP | lundi 10/05/2021 - Crainte d’une "guerre civile" en France, appel à "la survie" du pays: la publication d’une nouvelle tribune de "militaires" anonymes dans Valeurs actuelles, soutenue par une partie de la droite, a soulevé lundi la colère de la majorité et l'indignation de la gauche.

Ce texte apparaît moins de trois semaines après la publication controversée d'une première tribune de militaires dont une majorité à la retraite et dont certains signataires sont menacés de sanctions, dénonçant le "délitement" de la France et se disant prêts à "soutenir les politiques" qui œuvreront contre.

Cette fois, ceux qui se présentent comme des militaires "récemment entrés dans la carrière" et dont certains ont "connu le feu ennemi" au Mali, en Afghanistan ou en Centrafrique, ne font aucun appel à des politiques mais dénoncent également ce qu'ils perçoivent comme "la guerre civile qui couve".

Ces déclarations, assez proches de l'argumentaire développé par le parti Rassemblement national de Marine Le Pen qui avait soutenu la première tribune, ont été accueillies froidement au sein de l'état-major des armées, qui tient à se démarquer de ces propos.

"Un rappel ferme sera fait par le commandement sur le respect du devoir de réserve" car "l'apolitisme fait notre crédibilité et la cohésion est ce qui fait notre force", a déclaré lundi à l'AFP un haut gradé de l'état-major. "On peut avoir des convictions personnelles mais les armées sont apolitiques et d'une fidélité absolue au Président élu, elles sont subordonnées au chef des armées. Si on a des états d'âme, il faut quitter l'armée en conscience".

"Il s’agit de gens anonymes. C'est ça le courage ? D’être anonymes ?", a raillé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur RMC/BFMTV, accusant les auteurs de cette nouvelle tribune de "faire de la politique". Il dénonce une "grossière manœuvre" à l'approche des élections régionales et présidentielle.

Accusant l'hebdomadaire ultra-conservateur Valeurs Actuelles de "journal militant", le vice-président LREM de l’Assemblée nationale Hugues Renson a aussi accusé sur Twitter l’hebdomadaire d’avoir "monté en épingle" une tribune qui "n’a aucune valeur".

"Signal d'alarme"

Ce nouveau texte, publié dimanche soir de manière anonyme et sous forme de pétition, dénonce notamment "le chaos et la violence" qui frappe le pays, les signataires appelant le président de la République, les ministres, parlementaires et officiers généraux à assurer la "survie du pays". 

"Nous voyons la haine de la France et de son Histoire devenir la norme", affirment les militaires à l'initiative du texte, qui obtenait à la mi-journée près de 110.000 signatures quelques heures seulement après sa publication.

"Oui, si une guerre civile éclate, l’armée maintiendra l’ordre sur son propre sol, parce qu’on le lui demandera (...) Il ne s’agit pas de prolonger vos mandats ou d’en conquérir d’autres. Il s’agit de la survie de notre pays, de votre pays", insistent les signataires.

La première tribune du 21 avril et signée par "une vingtaine de généraux, une centaine de hauts gradés et plus d'un millier d'autres militaires", appelait déjà le président Emmanuel Macron à défendre le patriotisme.

Le Premier ministre Jean Castex avait notamment dénoncé une initiative "contraire à tous nos principes républicains" et accusé le RN, qui avait appelé les signataires à soutenir son action, de "récupération politique". 

Une partie de la droite a au contraire renouvelé lundi son soutien à cette nouvelle tribune, dont le diagnostic est jugé "parfaitement exact" et "nourri par une expérience de terrain", selon l'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy.

"Cette nouvelle tribune de militaires d’active est un signal d’alarme sérieux", a estimé pour sa part le député LR du Vaucluse Julien Aubert, précisant qu’"au lieu de chercher à sanctionner, il faut que le gouvernement tienne un discours de lucidité sur l’état du pays".

"Quelle est la déontologie ? Comment peut-on laisser penser que l’armée aujourd’hui serait animée par de tels sentiments et par une volonté de mettre en cause les principes mêmes de la République ?", s'est interrogé lundi l'ancien président de la République François Hollande sur France Inter. 

"Il y a maintenant des militaires d'active qui veulent signer une tribune de manière anonyme. Ils sont factieux et lâches. Moi je n'ai pas peur, je dis mon nom et ce que je ferai si je suis élu : purger l'armée de ses membres factieux", a réagi dimanche le candidat de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon.

le Lundi 10 Mai 2021 à 06:39 | Lu 448 fois