Païta, France | AFP | mardi 18/06/2024 - Ils sont venus de toute la Nouvelle-Calédonie pour honorer dans le respect des coutumes celui qu'on appelait "Yonyon". Petit-fils du grand chef de Païta, Lionel, victime des troubles qui bouleversent le territoire, a été inhumé mardi dans la terre de sa tribu, au cœur de la forêt.
"Il ne faut plus qu'il y ait de Yonyon": ému, John-Rock Tindao a élevé la voix. Ce membre de la famille du défunt et président d'un conseil coutumier kanak s'en est excusé auprès de tous les siens mais il ne pouvait pas se taire.
"On interpelle tous les responsables politiques à commencer par nous, les indépendantistes, il faut qu'on ait une seule parole demain, il ne faut plus qu'il y ait de Yonyon ici. Faut être clair avec notre jeunesse, c'est l'avenir de notre pays. Qu'est-ce qu'on va laisser demain s'il y a encore d'autres Yonyon ?", demande-t-il lors des funérailles en plein air de Lionel Païta.
Le jeune homme est décédé le 7 juin à l'âge de 26 ans après avoir été blessé à la tête quatre jours auparavant par le tir d'un gendarme, qui n'était pas en service au moment des faits. Des indépendantistes de la CCAT (la Cellule de coordination des actions de terrain) accusent, eux, "les milices" loyalistes.
Depuis le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie vit un déchirement, provoqué par un projet de loi visant à opérer un dégel électoral: tout résident présent depuis au moins dix ans sur le territoire pourrait alors voter aux élections provinciales, très importantes pour la vie du pays. En face, des indépendantistes dénoncent une marginalisation du peuple autochtone kanak.
La colère est montée dans la rue, portée par les jeunes. L'Etat français a déployé 3.500 effectifs de forces de l'ordre. Il y a eu des affrontements, des exactions, de gros dégâts. Et neuf morts, dont Lionel Païta.
Dernier d'une fratrie de cinq enfants, il a été blessé près de chez lui, sur le redouté col de la Pirogue, érigé en barrage sur la route menant à l'aéroport international, que les gendarmes s'emploient sans cesse à nettoyer.
- "Manifester sans violence" -
Lionel est de la tribu Saint-Laurent et en ce jour funeste, des centaines de Kanak arborent ou agitent, dans une ambiance digne et calme, une multitude de drapeaux aux couleurs rouge, vert et jaune de la Kanaky, nom de la Nouvelle-Calédonie en kanak.
Le cercueil, fermé par les tontons maternels - les personnes les plus importantes dans le clan kanak - est porté dans la forêt dense, sous les regards emplis de larmes de la foule.
Lionel Païta, connu pour son côté "taquin" et gentiment "moqueur", a été enterré dans une sépulture creusée à même la terre, au pied d'un sapin d'environ 25 mètres que son père avait planté à sa naissance avec son cordon ombilical, comme le veut la tradition.
Ces obsèques revêtent une dimension particulière: le grand-père, Clément, est le grand chef de Païta, aujourd'hui âgé et dont la voix tremble quand il parle de son petit-fils.
Le papa de Yonyon, lui, craque à la fin de la cérémonie.
"Mon fils s'est sacrifié. Il rejoint le rang des gens qui se sont sacrifiés pour le pays, comme Eloi Machoro", leader kanak tué en 1985, dit Lionel Païta père, qui en veut à l'Etat français.
"On lui a tiré dessus, l'Etat français a tué mon fils et personne ne peut me retirer ça de la bouche. (...) Les jeunes sont en train de se révolter", prévient-il, tout en appelant "à manifester sans violence, sans être sur la route", en référence aux nombreux barrages.
Mardi, Emmanuel Macron a demandé dans une lettre envoyée aux Calédoniens "la levée ferme et définitive de tous les barrages" et "la condamnation des violences sans faux-semblants".
A 38 ans, Rey, un membre de la famille du défunt, ne rêve que de "liberté pour Kanaky". "Tous ceux qui sont partis c'est pour la Kanaky, tous les martyrs, tous ceux qui sont tombés pour la Kanaky. On veut la souveraineté pour Kanaky, sans condition. On ira jusqu'à la mort".
"Il ne faut plus qu'il y ait de Yonyon": ému, John-Rock Tindao a élevé la voix. Ce membre de la famille du défunt et président d'un conseil coutumier kanak s'en est excusé auprès de tous les siens mais il ne pouvait pas se taire.
"On interpelle tous les responsables politiques à commencer par nous, les indépendantistes, il faut qu'on ait une seule parole demain, il ne faut plus qu'il y ait de Yonyon ici. Faut être clair avec notre jeunesse, c'est l'avenir de notre pays. Qu'est-ce qu'on va laisser demain s'il y a encore d'autres Yonyon ?", demande-t-il lors des funérailles en plein air de Lionel Païta.
Le jeune homme est décédé le 7 juin à l'âge de 26 ans après avoir été blessé à la tête quatre jours auparavant par le tir d'un gendarme, qui n'était pas en service au moment des faits. Des indépendantistes de la CCAT (la Cellule de coordination des actions de terrain) accusent, eux, "les milices" loyalistes.
Depuis le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie vit un déchirement, provoqué par un projet de loi visant à opérer un dégel électoral: tout résident présent depuis au moins dix ans sur le territoire pourrait alors voter aux élections provinciales, très importantes pour la vie du pays. En face, des indépendantistes dénoncent une marginalisation du peuple autochtone kanak.
La colère est montée dans la rue, portée par les jeunes. L'Etat français a déployé 3.500 effectifs de forces de l'ordre. Il y a eu des affrontements, des exactions, de gros dégâts. Et neuf morts, dont Lionel Païta.
Dernier d'une fratrie de cinq enfants, il a été blessé près de chez lui, sur le redouté col de la Pirogue, érigé en barrage sur la route menant à l'aéroport international, que les gendarmes s'emploient sans cesse à nettoyer.
- "Manifester sans violence" -
Lionel est de la tribu Saint-Laurent et en ce jour funeste, des centaines de Kanak arborent ou agitent, dans une ambiance digne et calme, une multitude de drapeaux aux couleurs rouge, vert et jaune de la Kanaky, nom de la Nouvelle-Calédonie en kanak.
Le cercueil, fermé par les tontons maternels - les personnes les plus importantes dans le clan kanak - est porté dans la forêt dense, sous les regards emplis de larmes de la foule.
Lionel Païta, connu pour son côté "taquin" et gentiment "moqueur", a été enterré dans une sépulture creusée à même la terre, au pied d'un sapin d'environ 25 mètres que son père avait planté à sa naissance avec son cordon ombilical, comme le veut la tradition.
Ces obsèques revêtent une dimension particulière: le grand-père, Clément, est le grand chef de Païta, aujourd'hui âgé et dont la voix tremble quand il parle de son petit-fils.
Le papa de Yonyon, lui, craque à la fin de la cérémonie.
"Mon fils s'est sacrifié. Il rejoint le rang des gens qui se sont sacrifiés pour le pays, comme Eloi Machoro", leader kanak tué en 1985, dit Lionel Païta père, qui en veut à l'Etat français.
"On lui a tiré dessus, l'Etat français a tué mon fils et personne ne peut me retirer ça de la bouche. (...) Les jeunes sont en train de se révolter", prévient-il, tout en appelant "à manifester sans violence, sans être sur la route", en référence aux nombreux barrages.
Mardi, Emmanuel Macron a demandé dans une lettre envoyée aux Calédoniens "la levée ferme et définitive de tous les barrages" et "la condamnation des violences sans faux-semblants".
A 38 ans, Rey, un membre de la famille du défunt, ne rêve que de "liberté pour Kanaky". "Tous ceux qui sont partis c'est pour la Kanaky, tous les martyrs, tous ceux qui sont tombés pour la Kanaky. On veut la souveraineté pour Kanaky, sans condition. On ira jusqu'à la mort".