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Nouvelle-Calédonie: Glencore va chercher un repreneur pour Koniambo Nickel, l'Etat "accompagnera" le processus


THEO ROUBY / AFP
THEO ROUBY / AFP
Paris, France | AFP | lundi 12/02/2024 - La France va "accompagner" la recherche de repreneurs pour l'usine de production de ferronickel Koniambo Nickel SAS (KNS) en Nouvelle-Calédonie, placée en sommeil lundi par le groupe suisse Glencore, faute d'activités rentables et malgré les propositions du gouvernement.

"La recherche de repreneurs est essentielle et nous sommes prêts à l'accompagner", a déclaré lundi le cabinet du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, lors d'un point presse, quelques minutes après l'annonce de Glencore.

Le géant des matières premières, actionnaire à 49% de l'usine - les 51% restant sont détenus par la province Nord de l'archipel - a indiqué dans un communiqué apprécier "les efforts du gouvernement français pour revitaliser et sauver l'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie", ajoutant néanmoins que "même avec l'assistance proposée, KNS reste une opération intenable".

L'usine KNS, projet phare du rééquilibrage économique entre les provinces Nord et Sud de l'archipel français du Pacifique, n'a jamais été rentable, affichant une dette colossale de près de 14 milliards d'euros.

Le groupe suisse a estimé ne plus pouvoir "continuer à financer les pertes au détriment de ses actionnaires" et a donc pris la décision de placer ces activités en opérations d'entretien et de maintenance.

Glencore, qui gère cette mine en Nouvelle-Calédonie dans le cadre d'une co-entreprise avec la Société minière du Sud Pacifique (SMSP), a indiqué "lancer prochainement le processus pour identifier un nouveau partenaire industriel potentiel pour KNS". 

"Il faut impérativement que des industriels prennent des risques économiques dans ces opérations", a rappelé le cabinet du ministère de l'Économie, insistant sur le "soutien exceptionnel" déjà apporté à KNS, pour lequel "il n'est pas possible d'aller au-delà".

"Prendre ses responsabilités"

La semaine dernière, Bruno Le Maire avait appelé Glencore à "prendre ses responsabilités" pour éviter la fermeture. Il avait affirmé avoir proposé aux actionnaires de l'usine "60 millions d'euros de subventions sur le prix de l'énergie, 45 millions de ressources supplémentaires et un prêt de 100 millions" afin de garantir la pérennité de la production. 

Mais même avec cette aide, les coûts sont "élevés" et avec "les conditions de marché actuellement très faibles", les cours du nickel étant au plus bas, les activités de KNS ne sont "pas rentables", a insisté Glencore.

Pendant la période de transition, les fours resteront chauds et les 1.300 employés conserveront leur poste, l'objectif étant de maintenir les activités critiques et garantir la sécurité du site. Un budget a été alloué pour cette période de transition, détaille le communiqué sans fournir de détails financiers. 

Ce maintien à chaud doit permettre de relancer rapidement l'activité "si un repreneur était identifié dans les six mois", a indiqué lundi la direction de KNS dans un communiqué.

En Nouvelle-Calédonie, la combinaison de mauvais rendements, d'une énergie coûteuse et d'une forte concurrence étrangère ont fait plonger dans le rouge les trois usines métallurgiques traitant le nickel extrait sur l'archipel, poussant le gouvernement à se pencher sur leur sort.

La fermeture des trois usines serait synonyme de crise sociale majeure dans l'archipel, où le secteur du nickel est de loin le premier employeur privé.

Fin novembre, Bruno Le Maire s'était rendu sur place pour tenter de conclure un "pacte nickel" avec les différents acteurs calédoniens afin d'assurer l'avenir de la filière. Une mission d'inspection de Bercy a depuis fait plusieurs allers-retours.

Cet accord incluerait des subventions et des investissements de la France pour faire baisser le coût de l'énergie, en échange d'un changement de la "doctrine nickel" prôné par les indépendantistes qui empêche actuellement l'exportation du minerai brut - activité rentable - et d'une plus grande implication des groupes industriels possédant les usines. 

La semaine dernière, Bercy avait indiqué espérer un accord "d'ici la fin du mois".

le Lundi 12 Février 2024 à 07:30 | Lu 692 fois