Tahiti Infos

"Nous sommes prêts à discuter avec tous ceux qui veulent sauver ce pays"


Tahiti, le 24 juin 2022 – Deux jours après son dernier conseil politique post-législatives, le président du Amuitahira'a o te Nuna'a Maohi, Gaston Flosse, revient pour Tahiti Infos sur sa stratégie pour les territoriales de 2023, les démissions au sein du parti orange et les difficultés financières de son mouvement.
 
Le conseil politique du Amuitahira'a s'est réuni mercredi pour analyser les résultats du second tour des législatives. Est-ce qu'ils sont de nature à modifier votre stratégie pour les territoriales ?
 
"Je voulais d'abord remercier à nouveau les électeurs du premier tour qui nous ont fait confiance et également féliciter les trois députés qui viennent d'être élus. Trois jeunes, biens, impeccables, et qui ont fait basculer le choix de la population. Quelle est notre analyse ? Ce qui est sûr c'est que le Tapura ne va s'allier avec personne. Mais il va falloir qu'ils apportent beaucoup de corrections à leur politique. Il faut qu'ils aient au moins un projet. Le Tavini, Oscar a été clair. Il n'y aura pas d'alliance. Ceux qui sont intéressés par le Tavini, ils viennent et ils adhèrent au Tavini. Alors, il reste A Here ia Porinetia et le Amuitahiura'a… Je ne sais pas ce qu'il pourrait se passer. Nous, depuis ce premier tour, nous avons tourné la page et nous préparons les élections de 2023."
 
Des territoriales où le Amuitahira'a partira seul ?
 
"Ce n'est pas arrêté et ce problème n'a pas été évoqué lors de notre réunion. Nous sommes prêts à discuter avec tous ceux qui veulent sauver ce pays. La première leçon de ces élections, c'est qu'il faut sortir le Tapura. Edouard Fritch est incapable de gouverner notre Pays. Tout ce qu'il a fait depuis le Covid et même avant, c'est rejeté par la population. Et même pire, j'ai l'impression qu'il y a une certaine colère de la population contre la politique d'Edouard Fritch."
 
Trois de vos cadres ont démissionné cette semaine du parti : Vaitea Le Gayic, Sylviane Terooatea et Woullingson Raufauore. Pourquoi ?
 
"C'est très simple. Tout ce jeu est mené par Sylviane Terooatea. Elle a perdu son électorat, elle ne redeviendra jamais plus maire de Uturoa, mais elle continue à faire comme si elle était maire… Elle avait fait jusqu'à 2 000 voix, aujourd'hui elle n'en fait plus que 365. C'est fini pour elle, le verdict est tombé. (…) Mais aujourd'hui, elle veut être la tête de liste des îles Sous-le-vent. Mais comment peut-on donner ça à quelqu'un qui n'a que 300 voix, quand le maire délégué de Patio, Martial Terooiria, fait plus de 1 000 voix ou quand à Huahine on fait un bon score également ? (…). Il n'en est pas question. Le mérite doit revenir à celui qui a rapporté le plus de voix et c'est Martial Terooiria qui a été élu à la quasi-unanimité pour être le président du conseil de circonscription pour les îles Sous-le-Vent. Et tout le monde a été d'accord pour qu'il soit la tête de liste du Amuitahira'a aux îles Sous-le-Vent. C'est le résultat, que voulez-vous ?"
 
Le départ d'un maire comme Woullingson Raufauore, qui apportait régulièrement les voix de sa commune, c'est plus difficile à encaisser ?
 
"Le maire de Maupiti est très lié à Sylviane Terooatea. Il a toujours été Tahoera'a. Il n'y a jamais eu de discussions politiques. Il nous faisait confiance. Nous lui faisions confiance. Il avait bien son électorat en main. Mais c'est surtout Sylviane Terooatea qui est passée derrière. Elle a trouvé des tas de prétextes… Il n'y a pas de divergences sur la politique menée par le Amuitahira'a, puisque dès octobre 2020 c'étaient les résolutions qui étaient prévues au congrès : changer de nom et changer la ligne politique et opter pour un état souverain associé à la France. Toutes les instances du Tahoera'a à l'époque ont été saisies. Jamais personne n'a refusé. Jamais personne n'a démissionné du Amuitahira'a parce qu'il n'était plus d'accord avec la ligne politique du Tahoera'a. Et aujourd'hui, pour des élections législatives, on va mettre en avant des divergences politiques. Mais sur quoi ? Surtout que nous avons entendu ces candidats à la députation. Quand on leur demandait quelle sera leur premier dossier à défendre à l'Assemblée nationale. On a entendu : le pouvoir d'achat. Mais qu'est-ce qu'ils vont pouvoir faire à Paris sur le pouvoir d'achat ? L'autre : la vie chère. Quel est le rapport avec les législatives ? Il n'y a qu'une seule candidate qui a dit : moi je vais pour me battre pour le changement de notre statut. Nous voulons devenir un état souverain associé à la France. C'est la seule qui s'est battue sérieusement pour un dossier qui pouvait être débattu par l'Assemblée nationale. C'est la seule qui savait où elle allait."
 
Et est-ce que cette fameuse candidate ferait une bonne tête de liste Amuitahira'a pour les territoriales ?
 
"Ah, nous n'en sommes pas encore là. On va voir. Mais ce n'est pas elle qui va mener la liste, ça c'est sûr."
 
Le conseil politique de mercredi a également évoqué les problèmes financiers du parti. La situation est-elle compliquée pour le Amuitahira'a ?
 
"Oui, ça a été compliqué. Parce que d'abord nos représentants ne pouvaient pas payer leurs cotisations. Puisque, contrairement aux statuts, Teura Iriti, présidente de groupe, leur faisait payer 106 000 Fcfp par mois. Comment voulez-vous après qu'ils payent une deuxième cotisation au parti ? Teura Iriti passait avant et se faisait un capital de l'ordre de 3 millions de Fcfp par mois"
 
Des cotisations pour le groupe Tahoera'a à l'assemblée ?
 
"Ah, je ne sais pas ce qu'elle en faisait. Il n'y a jamais eu de compte-rendu. Nous lui avons demandé et nous allons être obligés d'aller devant le tribunal pour l'obliger, comme le veulent nos statuts, pour faire un compte-rendu de l'utilisation de ces fonds. Évidemment, dans ces conditions, le Tahoera'a comptait sur les cotisations de ses quelques représentants. Des privés soutenaient également le parti… Mais c'est insuffisant pour une maison comme celle-là, avec un personnel important. Rien que pour tenir le livre des adhérents, des sections, les convocations, les procès-verbaux. Ça demande énormément de travail administratif. Travail que nous faisons avec ce petit personnel qui gagne quoi, 99 000, 100 000 Fcfp… Ce sont des petits salaires. Alors nous allons lancer une campagne et demander à tous les adhérents du Amuitahira'a de faire un effort et d'accepter un virement de 1 000 Fcfp par mois."
 
Des problèmes financiers qui pourraient altérer le fonctionnement du parti ?
 
"Non. Le Amuitahira'a est toujours debout. Notre devise, c'est : Ne pas baisser les bras. Notre logo, notre emblème, c'est le fei. Cette banane polynésienne qui pousse avec le fruit toujours tourné vers le ciel. Et la semaine prochaine, nous allons commencer à partir dans les archipels. Faire des tournées de remerciement. Aller de maisons en maisons. Et puis voilà, nous préparons nos cadres."
 
Propos recueillis par Antoine Samoyeau

Rédigé par Antoine Samoyeau le Vendredi 24 Juin 2022 à 18:05 | Lu 4093 fois