Tahiti, le 4 juillet 2022 - Un Polynésien produit 11 tonnes d'équivalent CO2 par an. Un chiffre sensiblement identique à la moyenne nationale et bien au-dessus de la moyenne mondiale. "On est peu nombreux sur une petite surface, mais nous produisons autant de CO2 que n'importe quel Européen", insiste le ministre de l'Environnement, Heremoana Maamaatuaiahutapu, pour qui les territoires insulaires doivent entendre qu'ils sont certes "victimes" mais néanmoins aussi "contributeurs" du changement climatique.
De retour de la conférence de l'ONU sur les océans, à Lisbonne, le ministre de l'Environnement, Heremoana Maamaatuaiahutapu, a insisté lundi sur la nécessité de porter un “discours nouveau” sur le rôle des territoires insulaires dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. “C'est un peu l'erreur qu'on a faite au début, de dire que la Polynésie est aussi grande que l'Europe mais que l'on n'est que 280 000 habitants, donc on ne contribue que très peu au changement climatique.” Une vision trop étriquée, selon le ministre. “Ce n'est pas si vrai que ça. On est peu nombreux sur une petite surface, mais nous produisons autant de CO2 que n'importe quel Européen.” Le chiffre de 11 tonnes de CO2 par Polynésien et par an en 2019 est sensiblement identique que celui d'un habitant de France métropolitaine.
Forte dépendance aux importations extérieures, mais aussi transports maritimes et aériens sont notamment en cause. “Lorsqu'on vit sur une île, il faut tout transporter par bateau ou par avion”, résume le ministre. “On dit, nous, que l'on peut aussi participer à la réduction de notre impact sur les gaz à effet de serre, plutôt que de dire que nous ne sommes que peu contributeurs.” Et pour Heremoana Maamaatuaiahutapu, ce discours a encore “du mal à passer” chez nos voisins du Pacifique. “Eux disent plutôt : On n'est que victimes. Les conséquences sont pour nous, alors qu'on est peu contributeurs.” Un argument que le ministre a également entendu à Lisbonne de la part de responsables d'îles des Caraïbes ou d'Atlantique. Mais sur lequel il estime que les mentalités doivent changer. “On veut apporter ce changement de logiciel, au moins au niveau du Pacifique et au-delà aussi.”
L'autre “défi”, c'est celui de “changer les mentalités dans la population” sur ce même sentiment d'absence de responsabilité ou d'impact suffisant sur le climat. “Quand on parlait de circuits courts, on nous répondait : Mais nous on fait déjà du coprah !”, raconte Heremoana Maamaatuaiahutapu. Avec la crise Covid et le constat d'une trop forte dépendance à l'extérieur, le ministre estime que “le contexte a un peu changé”. Mais faire accepter ce changement de mode de consommation à la population polynésienne sera un objectif complexe. Heremoana Maamaatuaiahutapu prend notamment l'exemple des transports : “On a été précurseur sur les véhicules électriques en supprimant les taxes, mais ça n'a pas changé l'acte d'achat. Puisqu'on continue à privilégier les gros 4x4 au diesel.”
“Marge de progression”
Un constat partagé par Virginie Duvat, experte du Giec spécialisée sur les petits territoires insulaires présente en Polynésie pour le lancement des travaux sur le plan climat. “Quand on est sur un territoire insulaire, il est certain qu'on a une dépendance extérieure. Et à partir de là, on a une marge d'action qui peut être contrainte sur certains plans. On a besoin d'importations massives, donc effectivement tant que les avions et les navires ne réduisent pas leurs émissions, on est forcément extrêmement contributeurs sur ce plan”, constate la chercheuse. “Mais une fois qu'on a dit ça, on s'aperçoit que la réduction des émissions, comme l'adaptation, ça concerne finalement nos modes de vie. Sur un territoire insulaire ou non, on l'a tous vécu pendant la crise Covid. On s'est rendu compte qu'on était en situation très difficile par rapport à la dépendance à l'extérieur et que privilégier les circuits courts doit être un objectif. À la fois pour favoriser l'emploi, permettre d'atteindre un certain niveau d'autosuffisance, par exemple alimentaire, pour améliorer aussi la qualité des produits que l'on consomme…” Pas de doutes pour l'experte, les îles peuvent et doivent contribuer à l'effort de réduction des émissions de CO2. “Ça doit aussi être un objectif fondamental. Elles ont une marge de progrès qui est incontestable, sur ce volet-là en tous cas.”
De retour de la conférence de l'ONU sur les océans, à Lisbonne, le ministre de l'Environnement, Heremoana Maamaatuaiahutapu, a insisté lundi sur la nécessité de porter un “discours nouveau” sur le rôle des territoires insulaires dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. “C'est un peu l'erreur qu'on a faite au début, de dire que la Polynésie est aussi grande que l'Europe mais que l'on n'est que 280 000 habitants, donc on ne contribue que très peu au changement climatique.” Une vision trop étriquée, selon le ministre. “Ce n'est pas si vrai que ça. On est peu nombreux sur une petite surface, mais nous produisons autant de CO2 que n'importe quel Européen.” Le chiffre de 11 tonnes de CO2 par Polynésien et par an en 2019 est sensiblement identique que celui d'un habitant de France métropolitaine.
- Lire aussi : La Polynésie lance son Plan Climat 2022-2030
Forte dépendance aux importations extérieures, mais aussi transports maritimes et aériens sont notamment en cause. “Lorsqu'on vit sur une île, il faut tout transporter par bateau ou par avion”, résume le ministre. “On dit, nous, que l'on peut aussi participer à la réduction de notre impact sur les gaz à effet de serre, plutôt que de dire que nous ne sommes que peu contributeurs.” Et pour Heremoana Maamaatuaiahutapu, ce discours a encore “du mal à passer” chez nos voisins du Pacifique. “Eux disent plutôt : On n'est que victimes. Les conséquences sont pour nous, alors qu'on est peu contributeurs.” Un argument que le ministre a également entendu à Lisbonne de la part de responsables d'îles des Caraïbes ou d'Atlantique. Mais sur lequel il estime que les mentalités doivent changer. “On veut apporter ce changement de logiciel, au moins au niveau du Pacifique et au-delà aussi.”
L'autre “défi”, c'est celui de “changer les mentalités dans la population” sur ce même sentiment d'absence de responsabilité ou d'impact suffisant sur le climat. “Quand on parlait de circuits courts, on nous répondait : Mais nous on fait déjà du coprah !”, raconte Heremoana Maamaatuaiahutapu. Avec la crise Covid et le constat d'une trop forte dépendance à l'extérieur, le ministre estime que “le contexte a un peu changé”. Mais faire accepter ce changement de mode de consommation à la population polynésienne sera un objectif complexe. Heremoana Maamaatuaiahutapu prend notamment l'exemple des transports : “On a été précurseur sur les véhicules électriques en supprimant les taxes, mais ça n'a pas changé l'acte d'achat. Puisqu'on continue à privilégier les gros 4x4 au diesel.”
“Marge de progression”
Un constat partagé par Virginie Duvat, experte du Giec spécialisée sur les petits territoires insulaires présente en Polynésie pour le lancement des travaux sur le plan climat. “Quand on est sur un territoire insulaire, il est certain qu'on a une dépendance extérieure. Et à partir de là, on a une marge d'action qui peut être contrainte sur certains plans. On a besoin d'importations massives, donc effectivement tant que les avions et les navires ne réduisent pas leurs émissions, on est forcément extrêmement contributeurs sur ce plan”, constate la chercheuse. “Mais une fois qu'on a dit ça, on s'aperçoit que la réduction des émissions, comme l'adaptation, ça concerne finalement nos modes de vie. Sur un territoire insulaire ou non, on l'a tous vécu pendant la crise Covid. On s'est rendu compte qu'on était en situation très difficile par rapport à la dépendance à l'extérieur et que privilégier les circuits courts doit être un objectif. À la fois pour favoriser l'emploi, permettre d'atteindre un certain niveau d'autosuffisance, par exemple alimentaire, pour améliorer aussi la qualité des produits que l'on consomme…” Pas de doutes pour l'experte, les îles peuvent et doivent contribuer à l'effort de réduction des émissions de CO2. “Ça doit aussi être un objectif fondamental. Elles ont une marge de progrès qui est incontestable, sur ce volet-là en tous cas.”