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"Nous avons perdu une quinzaine de personnes à cause des pressions politiques" (Heia Parau)


Le mouvement A ti'a mai n'a pas l'intention de dormir sur ses lauriers. Ils mettront prochainement en place, un programme d'actions pour "réveiller les consciences".
Le mouvement A ti'a mai n'a pas l'intention de dormir sur ses lauriers. Ils mettront prochainement en place, un programme d'actions pour "réveiller les consciences".
PAPEETE, le 28 mars 2018 - La tête de liste du mouvement "A ti'a mai" dénonce les pressions auxquelles ils ont dû faire face ces derniers jours pour ne pas présenter leur liste. Intimidations, chantages, menaces… tous les moyens étaient utilisés pour dissuader Heia Parau et ses amis. Des réactions qui ne font qu'encourager cette équipe à aller jusqu'au bout de leurs objectifs.

"Ça suffit tout ce système dans lequel nous évoluons depuis plusieurs décennies et qui a conditionné, pour ne pas dire emprisonné les Polynésiens dans un mode de fonctionnement, c'est-à-dire le clientélisme, l'assistanat, la mendicité, la corruption", explique Heia Parau, tête de liste du mouvement "A ti'a mai".

Pour elle et ses colistiers, il est temps de se lever pour mettre fin à un système politique qui ne favorise que les grands partis. "On a affaire à un système politique qui est complètement perverti, et là, je pèse bien mes mots, parce que je le voyais lorsque je suis rentrée dans la vie politique, et je l'ai constaté encore plus là, la manière dont ces politiciens ont utilisé pour nous empêcher de présenter notre liste, les intimidations, le chantage, les menaces pour obliger les personnes à retirer leurs noms de la liste. Nous avons perdu une quinzaine de personnes à cause des pressions politiques"

Le fait que sa liste ait été refoulée, lui donne encore plus de force pour continuer, et parmi les personnes qui ont rejoint le mouvement A ti'a mai, "beaucoup sont du Tavini Huiraatira. Mais, je tiens à préciser que ces personnes ne sont pas venues par vengeance ou par ressentiment. Elles étaient simplement lasses parce qu'on ne les écoutait pas et que l'idée que l'on veut donner de l'indépendance ne touche pas le cœur de la population", précise Heia Parau.

Elle et le Tavini, c'est de l'histoire ancienne. "Le Tavini a une autre conception de l'indépendance, c'est une indépendance qui doit se prendre avec force et qui doit s'arracher. Je ne suis pas d'accord avec ça. Je l'ai signalé à plusieurs reprises à notre leader, mais la ligne directrice du parti lui revient et je la lui laisse. Ensuite, je ne suis pas d'accord non plus avec certaines pratiques au sein du parti. Pour moi, je considère que la démocratie, en tout cas la mienne, n'est pas respectée. Donc, à partir de là, je n'ai aucun problème pour aller m'exprimer ailleurs et pour faire ce qu'il faut pour dire ce que je pense et dénoncer ce qui ne va pas."

Et de rajouter : "C'est à la population de décider si elle souhaite l'indépendance ou pas. Mais pour qu'elle puisse le décider, il faut déjà qu'elle soit libérée de tout un système qui l'a emprisonnée dans ce fonctionnement. Il faut qu'elle ait le droit de décider de ce qu'elle veut. Pour cela, il faut la préparer. Avant de parler d'indépendance institutionnelle ou statutaire, il faut déjà être indépendant dans son foyer (…). Nous sommes dans un système autonomiste, mais c'est quoi l'autonomie ? C'est un autre mode de fonctionnement qui t'emprisonne et qui t'empêche de faire ce que tu veux et comme tu le veux, où tu veux et avec qui tu veux, ce n'est pas ça la liberté. Je suis une grande partisane des libertés et de toutes formes de liberté, et à partir du moment où on t'empêche de dire ce que tu veux, il y a un problème."

Et pas question pour ce mouvement populaire de rejoindre un parti politique. "La politique est magnifique, c'est une vocation, une belle mission. Ce sont les personnes qui font de la politique qui sont moches et qui l'ont pervertie, salie, souillée. La politique c'est servir sa communauté et c'est magnifique quand on le fait bien de manière intègre, juste et honnête."

Réveiller les consciences sera le combat du mouvement A ti'a mai. "S'il faut aller sur le terrain politique pour dénoncer certaines pratiques et aller là où ça se décide, eh bien, on le fera. Ça veut dire qu'en attendant d'autres échéances électorales, nous allons organiser plusieurs actions. À partir de demain ou après-demain, on va mettre en route un programme d'actions pour continuer à réveiller les consciences pour que les personnes se lèvent, parce que c'est un devoir que chacun d'entre nous doit faire", conclut Heia Parau.


le Mercredi 28 Mars 2018 à 17:41 | Lu 4104 fois