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Nicole Sanquer : "Parfois, on se sent très seul"


Nicole Sanquer : "Parfois, on se sent très seul"
PAPEETE, le 20/07/2017 - L'ancienne ministre de l'Éducation et de la jeunesse et des sports tire un bilan plutôt satisfaisant de ses deux années et demie passé à la tête de ces secteurs. Même si elle est contente de ce qu'elle laisse à ses successeurs, Nicole Sanquer reconnait néanmoins les difficultés que rencontre un ministre, "mais à un moment donné, il faut dire oui ou non".

Nicole Sanquer n'est plus aux commandes de l'Éducation, de la jeunesse et des sports.

Cependant, la députée garde un bon souvenir de ses 2 ans et demie en tant que ministre. Même si elle avoue que la tâche n'a pas été de tout repos.

Nous l'avons rencontrée pour dresser le bilan de ses actions en tant que ministre de l'Éducation, de la jeunesse et des sports.

Éducation

"Ce sont deux années et demies intenses, où nous avons réalisé plusieurs projets et finalisé des chantiers, notamment, au niveau des constructions. Nous avons pu mettre en route tout cela grâce au retour de l'État dans le financement en investissement. Ces chantiers concernaient des mises aux normes d'établissements de nos collèges et lycées. On a vu aussi des débuts de travaux, comme Gauguin qui va se finir, Mataura qui vient d'être terminé… Il faut savoir qu'au niveau de ces deux années et demie, il y a plus de 7,5 milliards qui ont été consacrés aux travaux de rénovation et aux nouvelles constructions dans l'Éducation. Niveau règlementaire, nous avons pu faire le premier rapport de performance de la charte de l'Éducation. Nous avons signé une nouvelle convention avec l'État pour l'Éducation en Polynésie sur dix ans. Au niveau des moyens donnés pour les élèves en difficulté, on a l'installation des REP+ en Polynésie et la mise en place de la réforme du collège. Ce que je peux retenir, c'est que j'ai eu l'écoute des enseignants et des équipes de direction, puisqu'ils ont appliqué les mesures que nous avons proposé. Je considère que c'est une chance d'avoir été accompagnée par les acteurs du terrain. Les délais étaient courts, mais on a pu tenir nos engagements. Je tiens vraiment à remercier mes équipes, les services, mais surtout ceux qui sont acteurs sur le terrain."



Jeunesse et sports

"Aujourd'hui, toutes les fédérations sportives et de jeunesse sont inscrites directement au budget du Pays, afin qu'ils puissent prendre en charge leur fonctionnement dès le début de l'année. Auparavant, nous fonctionnions sur des subventions qui arrivaient dans le second semestre de l'année. Nous avons réussi aussi à faire exonérer tous les équipements sportifs pour réduire les charges au niveau des fédérations. Nous avons une loi de Pays qui va être examinée à l'assemblée, sur les certificats médicaux pour proroger leur validité et réduire aussi cette charge au niveau des fédérations. Nous avons édité de nouveaux statuts pour le COPF, afin que l'on puisse être en adéquation entre les orientations voulues par le Pays et le monde sportif. Cette année 2017 est justement la mise à jour de nos textes qui régissent le sport aujourd'hui et qui datent de 1999."


Jeux du Pacifique

"Beaucoup de personnes ne comprennent pas forcément la décision du Pays au sujet de son refus à organiser les Jeux du Pacifique chez nous, en 2019. Ce qu'il faut savoir c'est qu'il y a toute une organisation pour préparer ces jeux. Lorsque nous avons préparé notre candidature pour les jeux de 2023, nous avions négocié avec l'État pour avoir un accompagnement sur la construction, la mise aux normes de nos infrastructures sportives, et nous avions prévu aussi des infrastructures pour le logement des athlètes, ce qui représenteraient 3 000 à 5 000 personnes qui viendraient ici. Nous avions même rencontré les compagnies aériennes pour négocier les tarifs… Donc, c'est vraiment une grosse préparation en amont. Mais malheureusement, le fait de nous dire deux ans avant l'événement, est-ce que vous ne pouvez pas recevoir ? Ce n'est pas possible, nous ne serons jamais prêts au niveau des infrastructures sportives, et nous n'avons pas les financements à l'heure actuelle."


Projets futurs ?

Plusieurs dossiers sont dans les cartons pour ses successeurs. "La rentrée scolaire et le dialogue de gestion seront à défendre à Paris en octobre. Au niveau du sport, nous gérons une enveloppe de plus de 2 milliards. Nous avons aussi plusieurs projets à terminer, le collège de Bora Bora. Il y a aussi les études pour le lycée de Moorea, le programme d'investissement de la DGI 2018-2020 à mettre en œuvre au niveau des équipes. Il y a la construction des trois internats que nous avions annoncés. Là, on peut poser la 1ère pierre des complexes sportifs. Aorai Tini Hau à finaliser, le complexe sportif de Hitiaa à démarrer, le centre technique de Taharuu pour le surf… Ce sont des infrastructures nouvelles au niveau du sport et de l'Éducation, où nous avons obtenu des financements de l'État, et il faut absolument mettre en œuvre."


Tensions avec Tauhiti Nena

"Je n'ai pas de problèmes avec le président du COPF, Tauhiti Nena, mais je pense qu'il a sans doute un problème avec moi. Tout à commencer, lorsque j'ai eu la lourde tâche de renouveler toutes les délégations de service public. Auparavant, on ne regardait pas les projets proposés par les fédérations sportives, on accordait les délégations sans contrôler et sans étudier les différents projets. Et j'ai voulu changer tout ça.

Donc, j'ai étudié, auditionné pour évaluer ce qui m'était proposé. Et j'ai eu droit à une situation inédite, puisque c'est la première fois que plusieurs fédérations ont demandé la délégation de service public. Deux fédérations pour le rugby et deux pour la boxe. Auparavant, c'était plus des renouvellements automatiques. Maintenant, il y a eu des recours devant le tribunal, et nous les avons tous gagné, puisque nous avons justifié nos arbitrages.

C'est vrai qu'il y a des moments de tensions, de crises et de doutes. Et la difficulté pour un ministre est de décider et d'arbitrer, tout en sachant que la décision que l'on va prendre n'aura pas l'unanimité parfois. Mais à un moment donné, il faut dire oui ou non. Et parfois, on se sent très seul dans cet exercice.
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Polémique concernant la sortie de Putai Taae de l'assemblée

"Je ne voudrais pas porter la responsabilité du fait que Putai sorte, puisque j'avais annoncé ma démission du gouvernement et du conseil municipal de Mahina. De même que mon retour à l'assemblée de Polynésie française.

La décision pour Putai ne dépend pas de moi. On s'est réunis la semaine dernière, avec tous les référents de la circonscription 2 pour évoquer le cas de Putai, et tout le monde m'a demandé de rester à l'assemblée, personne ne m'a demandée de démissionner. Tous ceux qui ont fait campagne à mes côtés étaient présents à la réunion, Putai également.

J'ai été élue en 2013 pour la circonscription 2, j'étais deuxième de la liste et je vois ce siège à l'assemblée comme un atout pour être présente lors du débat budgétaire, par exemple. Et lorsque vous êtes député, vous avez plusieurs textes qui passent pour avis à l'assemblée.

Maina, n'étant plus à l'assemblée, je souhaiterais être le lien entre l'assemblée, le Pays et l'Assemblée nationale. Non, je n'envisage pas de démissionner de l'assemblée de Polynésie française.
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le Jeudi 20 Juillet 2017 à 16:03 | Lu 4916 fois