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Nena veut professionnaliser la boxe océanienne


La team Tahiti à raflé la moitié des médalles. Crédit : OCBC
La team Tahiti à raflé la moitié des médalles. Crédit : OCBC
Tahiti, le 17 juillet 2024 - Les Oceania de boxe cadets et juniors se sont tenus à Tahiti du 1er au 7 juillet à Fautaua. Avec une centaine de boxeurs à l’affiche et six pays combattants, la Polynésie française gagne la course aux médailles avec 11 d’or, 8 d’argent et 3 de bronze. Une réussite totale, témoigne Tauhiti Nena, président de la Confédération océanienne de boxe (OCBC) et de la Polynesian Boxing Association Tahiti (PBAT), qui a organisé l’événement sous l’égide de l’International Boxing Association (IBA). Une réussite qui amorce son désir de développer la boxe océanienne.
 
Les coups n’étaient pas que dans le ring, ces derniers temps, dans le monde de la boxe. Que ce soit au niveau local, avec la querelle interfédérations de boxe polynésiennes (PBAT/FBPF) qui a juridiquement abouti au fait que ces fédérations sont toutes deux reconnues par le Pays, mais qu’aucune ne peut prétendre à la délégation de service public qui leur permet de recevoir des subventions. Ou encore à l’international, avec l’évincement de l’International Boxing Association (IBA) de l’organisation des épreuves de boxe des Jeux olympiques de Paris et de Los Angeles en 2028 par le Comité international olympique en raison de “réformes de l’organisation jugées insuffisantes”, et le désir de l’autre fédération internationale WBA de récupérer ce poste olympique.
 
Bref, c’est le bordel dans le monde de la boxe. Pas idéal pour promouvoir et développer correctement la discipline localement, surtout dans les zones ou tout reste à faire. Pourtant, Tauhiti Nena dit vouloir faire bouger les choses, avec l’aide de l’IBA. Exemple avec l’organisation par la Confédération océanienne de boxe (OCBC) des Oceania juniors et cadets 2024 à Tahiti début juillet. “Une pleine réussite” pour la boxe océanienne, mais surtout pour la délégation de Tahiti qui a ramené la moitié des médailles décernées lors du tournoi (22 médailles pour Tahiti dont 11 d’or, pour un total de 43 médailles décernées). Pour rappel, la délégation tahitienne avait ramené 10 médailles (3 en or, 2 en argent et 5 en bronze) lors des précédents Oceania juniors et cadets aux Samoa en 2023, après une longue pause de dix ans dans l’organisation de l’événement.
 
Il faut se féliciter”
 
Le succès est donc total pour Tauhiti Nena, président à la fois de la Polynesian Boxing Association Tahiti (PBAT) et de l’OCBC. Déjà pour les jeunes boxeurs et boxeuses, stimulés par un tel événement. Mais aussi pour le staff qui a été formé en vue de l’événement, explique-t-il : “Pour organiser un tel événement sous l’égide de l’IBA, il faut une dizaine d’ITO (International Technical Officers)”. Si des ITO sont venus de Thaïlande, d’Australie, d’Inde et de Papouasie Nouvelle-Guinée, la présence d’ITO en Polynésie a permis de limiter les déplacements.
 
C’est le cas de Heiura Nena, qui a passé la certification d’ITO 2e étoile de juge/arbitre pendant ces Oceania. “J’ai passé ma 1re étoile aux Samoa et ma 2e étoile à Tahiti pendant les Oceania 2024 avec des formateurs internationaux qui sont venus nous former, sur le plan de la théorie et de la pratique. Il reste la 3e étoile à aller chercher, qui permet d’officier pendant les championnats du monde et les Jeux olympiques. Si je l’obtiens, je serai la première femme du Pacifique à obtenir la certification juge/arbitre 3 étoiles.” Un titre de prestige, qui augmente la crédibilité des nations – au même titre que les athlètes – dans le monde de la boxe. C’est pourquoi Tauhiti Nena s’est fixé l’objectif suivant : “Je me suis fixé 2 à 3 ans pour que l’Océanie puisse avoir 30 à 50 juges/arbitres 3 étoiles, pour être présente dans tous les grands événements du monde entier (championnats du monde, Jeux olympiques).”
 
Une réussite aussi du point de vue de l’organisation, réalisée avec peu de budget, clame aussi Nena. Avec le concours du Pays en mettant à disposition du matériel et du dispositif de l’IJSPF, ainsi que la contribution de l’IBA à hauteur de 20 millions de francs, il veut démontrer qu’il est possible de stimuler la discipline en organisant de gros événements, pour pas trop cher. “Organiser les Oceania, c’était aussi un clin d’œil à tous mes collègues présidents de fédération, leur montrer qu’avec peu on peut faire beaucoup, en étant affilié à la fédération internationale et océanienne, c’est là que ça se passe. Ça fait six ans qu’on n’a pas de DSP donc pas de subventions à la PBAT, et six ans qu’on rayonne dans le monde”, argumente Tauhiti Nena.
 
Pour celui qui a l’intention d’organiser les futurs Oceania élite à Tahiti “dans deux ans”, il est pour l’instant l’heure de se concentrer sur d’autres échéances, plus urgentes. Les Oceania élite hommes et femmes au mois de novembre, à Fidji ou en Nouvelle-Zélande. Des Oceania particulièrement motivants pour les athlètes, après la décision de l’IBA d’y injecter un prize money d’un million à répartir dans les différentes catégories (décision prise dans tous les championnats continentaux de l’IBA). Des Oceania également importants, car la médaille d’or est synonyme de ticket d’entrée à la Coupe du monde de boxe de l’IBA, à Dubaï.
 
Professionnaliser les athlètes
 
Tauhiti Nena a un œil exigeant, quand il s’agit de sa boxe adorée. Pour honorer toutes ces échéances avec panache, il veut professionnaliser davantage la boxe polynésienne et océanienne. Si le train est lancé pour le staff avec la formation d’ITO trois étoiles, il reste à faire du côté des athlètes : “Le niveau est bon, mais chez les gars, on s’aperçoit que quand on arrive au niveau senior, le niveau diminue. On a besoin d’infrastructures professionnalisantes, il faut savoir ce que le Pays veut.” Les pourparlers sont donc en cours avec l’IBA, pour fonder un ou deux centres d’entraînement dédiés afin de faire passer la boxe océanienne au niveau supérieur. “C’est un budget de 200 à 300 millions par centre. Il y a Fidji, les Samoa qui sont intéressés et bien sûr Tahiti. Maintenant, il faut que je trouve un terrain pour ce centre, financé par la fédé internationale IBA.” L’objectif n’a pas changé visiblement : “Les champions de quartier, ça ne nous intéresse pas. Nous, on veut se hisser au sommet.”

Rédigé par Tom Larcher le Mercredi 17 Juillet 2024 à 14:00 | Lu 1101 fois