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Natiday : Les entreprises s'engagent pour les sans-abri


Le pays s'est également engagé dans le projet Nati o Te Torea.
Le pays s'est également engagé dans le projet Nati o Te Torea.
Tahiti, le 10 octobre 2023 – À l'occasion de la journée mondiale des sans-abri, l'association Te Torea a lancé, ce mardi, son projet Nati o Te Torea, au centre de jour de Fare Ute. L'objectif étant de sécuriser le retour à l'emploi des sans-abri et de renforcer leur accompagnement de sortie de rue à travers la mise en place d'un réseau de référents en entreprise. Une douzaine de structures ont déjà affiché leur soutien à cette démarche et vingt postes débouchant sur des CDI ont été identifiés.
 
Être considéré. Pour certains sans-abri de Papeete, cela représente l'objectif d'une vie. Souvent stigmatisées, certaines de ces personnes luttent pour un simple “bonjour”, un regard, une réponse quelconque de la part de la société et du monde du travail. Pour l'association Te Torea, si ce combat se prend à bras-le-corps, il a commencé il y a bien longtemps : “Nous existons depuis 1998, mais l'histoire commence dès 1995”, déclare fièrement Frédéric Kwong, ancien président de l'association Te Torea et membre actif du conseil d'administration. “Après les émeutes de 1995, le Pays avait créé le comité interministériel de la jeunesse, en charge de réfléchir sur les problèmes de la délinquance. Puis a été créé le comité d'orientation et de soutien, qui avait pour mission d'aller directement dans les rues de Papeete pour observer ces problèmes de délinquance, notamment impliquant la jeunesse. Mais en 1998, on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas de jeunes en ville le soir et le week-end, à l'époque. En revanche, nous avions recensé 119 sans-abri. C'est suite à ce constat que nous avons décidé de réorienter notre combat. En 2004, l'association Te Torea voyait officiellement le jour.”
 
Un projet ambitieux
 
Au 31 juillet 2023, l'association recensait 582 sans-abri dans le Grand-Papeete. Une augmentation significative qui a obligé l'association à grandir également. Aujourd'hui, l'organisme est déclaré d'utilité publique, compte 36 salariés et gère trois structures. Et si ses missions sont multiples, l'association sert avant tout de levier à l'insertion sociale et professionnelle. Elle accompagne le public de sans-abri dans ses démarches administratives, judiciaires, professionnelles, mais aussi médicales. Et à l'occasion de la journée mondiale des sans-abri de ce mardi 10 octobre, l'association en profitait pour mobiliser et sensibiliser les décideurs publics et privés en lançant son projet Nati o Te Torea. L'objectif : sécuriser la sortie de rue des sans-abri.
 
Le projet consiste dans un premier temps à identifier vingt profils qui peinent à signer un contrat à durée indéterminée (CDI) qui leur permettrait d'assurer une sortie de rue sereine (avoir un compte bancaire, pouvoir faire des prêts, etc.). L'association doit ensuite identifier une structure ainsi qu'un parcours de formation qui permette la création d'une opportunité de CDI sous condition et trouver des référents dans l'entreprise afin de parrainer ces salariés en devenir. La mise en place d'un environnement sécurisant, au travers d'un accompagnement social au démarrage de l'activité et la facilitation des démarches administratives et d'accès à un logement à la signature du contrat de travail, représente un enjeu majeur. 
 
Des partenaires privés enthousiastes
 
Pour le lancement du projet Nati o Te Torea, près d'une douzaine d'entreprises ont assuré leur participation et vingt postes seraient déjà à pourvoir. À titre d'exemple, le Hilton promet une formation de commis de cuisine pizzaïolo pouvant déboucher sur une embauche, sous condition. Ou encore, sur le même principe, la société Air Tahiti s'engage dans la formation d'un poste de bagagiste. “Nous remercions tous les partenaires dans cette aventure qui vise à offrir un parcours ordinaire à ces personnes extraordinaires”, assure l'association Te Torea, émue de l'engouement du secteur privé. “C'est important de déstigmatiser ces personnes et de leur offrir une chance. Il n'y a pas un profil de sans-abri, il n'y a que des parcours de vie qui mènent à la rue. Et il faut pouvoir en sortir.”
 
D'autant que des sans-abri en entreprise, cela existe déjà sur le territoire. Olivia, cadre au Hilton Tahiti, tient à rassurer le reste des partenaires : “Nous avons déjà actuellement cinq personnes en situation précaire qui travaillent chez nous. Ce n'est pas facile tous les jours, car il faut savoir s'adapter à leur situation, mais au final, ce sont des personnes comme les autres. La seule chose qui compte pour nous, c'est leur motivation. Et force est de constater qu'elles n'en manquent pas.”
 

C'était également l'occasion pour la ministre Minarii Galenon de découvrir le travail de certains sans-abris. Ici les membres de l'association ont confectionné un BBQ à l'aide de produits récupérés.
C'était également l'occasion pour la ministre Minarii Galenon de découvrir le travail de certains sans-abris. Ici les membres de l'association ont confectionné un BBQ à l'aide de produits récupérés.

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 10 Octobre 2023 à 17:13 | Lu 1531 fois