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Nathalie Hoang, lycéenne au front pour le climat


Nathalie Hoang est aussi passionnée par le théâtre, la peinture, le chant et la littérature.
Nathalie Hoang est aussi passionnée par le théâtre, la peinture, le chant et la littérature.
PAPEETE, le 21 mars 2019. Nathalie Hoang, élève en terminale ES, était la semaine dernière en tête des marches pour le climat à Papeete. Révoltée depuis toute petite par l’injustice, elle souhaite aujourd’hui devenir diplomate. « Quand on veut améliorer le monde, on passe par de nombreuses épreuves. Il ne faut jamais lâcher prise », souligne la lycéenne.

Dans la bibliothèque de la Maison de la culture, Nathalie Hoang prépare studieusement son oral pour Sciences Po. Son objectif ? Entreprendre : un master en politiques publiques spécialité administration publique pour devenir diplomate. Son modèle ? Kofi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations unies de 1997 à 2006. « J’ai essayé de placer l’être humain au centre de tout ce que nous entreprenons : de la prévention des conflits, au développement et aux droits de l’Homme », avait-il déclaré en 2001, en acceptant le prix Nobel, à Oslo. A 17 ans, en terminale ES, au lycée La Mennais, Nathalie Hoang se prépare aussi pour les épreuves du baccalauréat.

Vendredi dernier, les Polynésiens ont découvert Nathalie Hoang en tête du cortège de la marche pour le climat des collégiens et lycéens. Son engagement pour un monde meilleur est très ancien.

Nathalie se souvient de la première fois où elle a souffert en découvrant l’injustice. « J’avais trois ans. Il y avait un petit garçon atteint de trisomie 21 qui était rejeté par les autres enfants. Pour moi, c’était complètement injuste», explique la lycéenne. « Très tôt, j’ai parlé de changer le monde. Quand on croit vraiment dans ses rêves, il ne faut jamais abandonner quoi que les autres puissent dire. » Avec des préoccupations différentes des enfants de son âge, Nathalie n’a pas toujours été comprise par les autres jeunes garçons et filles. « On me disait que j’étais utopiste, idéaliste », ajoute-t-elle.

A l’image de nombreux jeunes, Nathalie Hoang a aussi été marquée par le discours début décembre de Greta Thunberg. La jeune suédoise a impressionné le monde grâce à son discours lors de la COP24 à Katowice, en Pologne. Son objectif : pousser les dirigeants à agir vite et fort contre le réchauffement de la planète. « Quand j’ai entendu son discours, j’ai vu qu’il restait encore de l’espoir », précise Nathalie.


Greta Thunberg a aussi lancé un mouvement mondial de "grève scolaire". Nathalie Hoang en parle alors à ses camarades. « Beaucoup de personnes considéraient que faire la grève ne changerait rien. Ne plus utiliser de bouteille d’eau en plastique, c’est bien. C’est une des actions nécessaires dans notre quotidien mais cela ne suffit plus. Il faut changer le système », explique-t-elle calmement avant de poursuivre : « En 2015, selon l’Institut de la statistique de la Polynésie française, 20 % de la population de la Polynésie française vivait en dessous du seuil de pauvreté monétaire relative. C’est choquant quand on sait qu’on a plein de ressources sur cette planète. Je souhaite bouleverser ces inégalités ».

« Je suis fière de cette jeunesse qui a su se mobiliser, s’unifier. C’est maintenant aux jeunes d’initier le mouvement, de porter les initiatives ou de les créer, de sensibiliser », souligne Nathalie Hoang.
« Je suis fière de cette jeunesse qui a su se mobiliser, s’unifier. C’est maintenant aux jeunes d’initier le mouvement, de porter les initiatives ou de les créer, de sensibiliser », souligne Nathalie Hoang.
Samedi dernier, après la marche pour le climat, la lycéenne était revenue sur la polémique sur les réseaux sociaux après que des pancartes ont été photographiées jetées au sol. « Vous qui osez nous critiquer, pensez-vous que vous en avez la légitimité ? », avait-elle interpellé. « Quoi que vous puissiez penser, nous avons agi pour assurer la survie et l’avenir de l’humanité. Pouvez-vous en dire autant ? »

Nathalie Hoang sait aujourd’hui faire fi de ces critiques. « Quand on veut améliorer le monde, on passe par de nombreuses épreuves. Il ne faut jamais lâcher prise », affirme-t-elle avant de constater que la marche « a réveillé des consciences ». « Beaucoup de personnes ne comprenaient pas. Elles ont ouvert les yeux », annonce-t-elle. « C’est le début d’une mobilisation, du changement. Cela ne s’arrêtera plus jamais ».

Avec une délégation de lycéens, Nathalie Hoang a déposé vendredi dernier des propositions en faveur du tri des déchets, des transports en commun ou de moteurs de recherches écologistes… Elle attend depuis toujours une réponse du ministre de l’Environnement. « Si je n’ai pas de réponse, vous le saurez », conclut-elle.

Les propositions des élèves au ministre de l’Environnement

1. Tri sélectif dans tous les établissements, lieux publics. Chaque flux aura un prestataire spécifique, ce qui permet de favoriser les petites entreprises spécialisées et de s’assurer du tri sélectif en fin de chaîne.

2. Stop Google. Travailler pour mettre en place une page qui s’ouvrirait automatiquement pour mettre en avant des moteurs de recherche alternatifs ayant des objectifs sociaux et/ou environnementaux. Remplacer Google par Lilo, Ecosia.

3. Le festival éco-culturel en Polynésie française. Une semaine qui propose aux élèves, étudiants une semaine d’activités culturelles autour de l’écologie : expositions, conférences, masterclasse, projection d’un documentaire expérimental écologique. L'objectif est de créer une passerelle entre l’écologie et la culture, la crise écologique est ainsi en lien avec la crise culturelle.

4. Faire entrer la commune de Papeete dans le palmarès des villes et village fleuris de France

5. Faire des stations de bus à l’extérieur de la ville de Papeete et l’intérieur urbain via un réseau de tram + vélo. Les gens relieront les deux afin de permettre les déplacements vers les communes de l’île.

6. Mettre en place des solutions de mobilités plus novatrice (vélib) et transformer la ville de Papeete en ville piétonne sauf sur les axes principaux pour permettre aux automobilistes de rallier des côtes d’Est en ouest.

7. Valoriser le patrimoine et les parcs en créant des activités plus participatives pour que la population se mêle également à l’action. Créer du lien social.

8. Mettre en place une journée citoyenne pour permettre aux personnes de participer à des activités d’intérêts généraux (nettoyage des plages et des quartiers, mise en terre de plants..).

Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 21 Mars 2019 à 08:35 | Lu 1440 fois