Tahiti Infos

Nāhiti obtient 120 millions pour les projets innovants


© Anne-Laure Guffroy
© Anne-Laure Guffroy
Tahiti, le 4 mars 2023 – Le consortium Resipol+, avec l'Université de la Polynésie française comme chef de file, est lauréat de l'appels à projets "Programme d'innovation outre-mer". À ce titre, il va recevoir une enveloppe de 120 millions de Fcfp pour la mise en place du projet Nāhiti. Celui-ci vise à structurer l'écosystème de l'innovation à l'échelle de la Polynésie française en misant sur la mutualisation des moyens du monde académique et du monde économique. Dix porteurs de projets ont été sélectionnés pour bénéficier de l'accompagnement de Nāhiti.
 
C'est un pas de plus dans le déploiement de projets innovants au fenua. Le consortium Resipol+, qui rassemble l'ensemble des acteurs de la recherche en Polynésie française, mais aussi les acteurs économiques ainsi que l'État et le Pays, fait partie des huit lauréats de l'appel à projets "Programme d'innovation outre-mer". À ce titre, il va recevoir une enveloppe de 120 millions de Fcfp pour déployer son projet Nāhiti, dans le cadre du plan national "France 2030".
 
Nāhiti, en rassemblant les différentes forces impliquées dans la recherche et le développement, vise à structurer l'écosystème d'innovation à l'échelle de la Polynésie, d'en faire un environnement favorable à l'innovation, et ainsi d'accompagner au mieux les porteurs de projets. Il s'inscrit donc pleinement dans la Stratégie de l'innovation mise en place par le Pays. Pour Tea Frogier, déléguée à la recherche, ce rapprochement public-privé est essentiel dans le développement de l'innovation. "Ça permet de passer à l'étape fertilisation, qu'il y ait une concrétisation sur le territoire des projets grâce au lien public-privé." Et c'est justement ce lien et les différentes échelles qui rendent ce projet novateur. "C'est la première fois que sur un territoire comme la Polynésie française, tous les acteurs concernés – recherche publique, privé et les moyens de l'État et du Pays – se réunissent et créent un dispositif commun", indique Jean-Claude Gaertner, représentant de l'IRD en Polynésie française et vice-président du consortium Resipol. "Les organismes de recherche vont mettre à disposition leur cellule valorisation, tout comme l'université de Montpellier avec qui on a noué un partenariat. Ça marque un tournant dans la manière dont nous avons de travailler ensemble."

Accompagnement et formation

Le projet Nāhiti s'articule autour de deux volets : l'accompagnement de projets innovants, mais aussi un volet formation. Celui-ci est particulièrement important, selon Jean-Claude Gaertner, puisque c'est souvent ce qui fait défaut. "C'est une partie qui manque, mais pas qu'ici. On voit bien que même dans les universités métropolitaines, les enseignants chercheurs, les chercheurs et les étudiants ne sont que très peu formés à l'innovation. Donc on va faire un volet de formation qui va s'adresser à tout le monde, pas qu'aux étudiants, mais aussi aux enseignants chercheurs et aux chercheurs, qui parfois sont dans des domaines de recherche où ils font leurs publications, mais ils ne sont pas à l'aise sur de l'innovation où cela va pouvoir avoir des applications concrètes. Donc ce volet formation est aussi très important."
 
Dans le cadre du projet Nāhiti, un appel à manifestation d'intérêt avait été lancé. Un jury d'experts indépendants, réuni en métropole, a ainsi sélectionné dix porteurs de projet polynésiens parmi vingt candidatures, qui constituent le programme Polynnov. Ils bénéficieront d'un accompagnement intensif pour une durée maximale de deux ans. Le jury a choisi des projets "qui étaient jugés à haut potentiel d'innovation, et qui en plus étaient à des phases d'innovation, de maturation, différentes", précise Jean-Claude Gaertner. "Il fallait aussi qu'ils aient un potentiel d'innovation qui soit adapté, utile et cohérent avec les contraintes que nous avons en Polynésie française." Dans le cadre du volet formation, ils bénéficieront d'un tronc commun d'enseignements (questions de propriété intellectuelle par exemple), puis d'un accompagnement spécifique en fonction des besoins de chacun (business plan, appui technique...). Nāhiti n'a pas vocation à financer les différents projets et s'inscrit plutôt dans une démarche d'accompagnement, mais les porteurs de projets trouveront néanmoins un soutien pour structurer leur projet afin d'aller, ensuite, chercher des financements.

L'économie bleue porteuse d'innovation

Si l'innovation peut toucher des domaines très variés, l'économie bleue semble être un secteur particulièrement porteur d'innovation. En effet, six projets parmi les dix sélectionnés concernent ce domaine. Une satisfaction pour Gérard Siu, vice-président du Cluster maritime, l'un des membres du consortium Resipol+. "La Polynésie est un territoire maritime avec beaucoup de potentiel. On parle d'océan de solutions. C'est vraiment sur la mer que la Polynésie pourra se développer." Car l'objectif de l'innovation est de créer de nouvelles activités, et par conséquence de l'emploi.
 
Le projet Nāhiti va être déployé sur trois ans. Grâce à la première promotion du programme Polynnov, l'ensemble des acteurs souhaitent améliorer le dispositif. "Il y a quelque chose d'autoconstruction avec les porteurs de projets. On espère qu'au bout de trois ans, on aura identifié ce qui marche et ce qui ne marche pas et qu'on pourra avoir des dispositifs efficaces qui pourront se pérenniser." Un nouvel appel à projets pourra être lancé d'ici deux ans. Et à l'issue des trois années, le Pays devrait prendre le relais pour l'accompagnement des porteurs de projets innovants.

Les 10 projets sélectionnés par le programme Polynnov

  • Native reo/speakers : Plateforme en ligne pour l’enseignement des langues et cultures minorées
  • Te'aute : Préservation et valorisation des principes actifs de l’hibiscus ‘Aute : produits cosmétiques de luxe, produits agroalimentaires et nutraceutiques
  • Holopol : Formation des jeunes et des pêcheurs lagonaires aux techniques d’aquaculture d’holothuries respectueuses de l’environnement, avec perspective de valorisation économique
  • PM.pf : Utilisation du Swac de l'hôtel The Brando à Tetiaroa pour permettre une culture en haute mer d’algues, à des fins de valorisation
  • EFTM : Fabrication de haubans de voilier en fibre textile Dyneema, et développement d’un modèle d’accroches à fort tonnage dans la même fibre textile
  • Faratea : Modèle d’aquaculture durable en alimentation et aquariophilie aboutissant à une filière d’export de chair de bénitiers
  • Bioplates : Développement de collecteurs en polymères biodégradables pour la collecte d'huîtres perlières
  • Kit Ninamu Solutions : Kit de compostage de déchets collectif, couplé d’un kit de création d’un potager de légumes et fruits locaux avec offre de formation
  • Biobase Tahiti : Développement de papiers et emballages biodégradables en fibre végétale locale (bananier, canne à sucre, coco, ananas...)
  • Fenualg : mise en place d’une filière des algues polynésiennes en exploitant l’algue brune proliférante Turbinaria ornata pour produire des biostimulants, biomatériaux et produits cosmétiques et cosméceutiques à haute valeur ajoutée.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Samedi 4 Mars 2023 à 16:05 | Lu 2609 fois