“Cet événement m’est resté en tête perpétuellement”, confie le retraité de 76 ans (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 13 janvier 2025 – Robert Tiapari débutait sa carrière de surveillant pénitentiaire à Nuutania quand la mutinerie de 1978 a éclaté, entre le 14 et le 15 janvier. Quarante-sept ans plus tard, ces heures difficiles sont gravées dans sa mémoire. Il a aussi une pensée émue pour ses collègues, dont Pierre Hoatua, qui a perdu la vie dans l’affrontement.
Pour Robert Tiapari, 76 ans, chaque début d’année ravive les souvenirs de la mutinerie d’une dizaine de détenus de la prison de Nuutania, à Faa’a. Sa carrière de surveillant pénitentiaire n’en était qu’à ses débuts quand l’impensable s’est produit entre le 14 et le 15 janvier 1978.
“Ce sont des périodes de la vie qu’on n’oublie pas. C’était un samedi. J’avais pris mon service à midi et demi. On sentait qu’il y avait des tensions. Ce jour-là, ça a éclaté. Je l’ai vécu avec beaucoup d’anxiété. Il y a eu des frappes et des coups de feu. Les mutins courraient dans tous les sens : ils ont forcé les portes et pris en otage le personnel. Ça a duré plusieurs heures, jusqu’à ce que les forces de l’ordre donnent l’assaut, tard dans la nuit”, se souvient-il, alors qu’il n’avait que 29 ans.
Pour Robert Tiapari, 76 ans, chaque début d’année ravive les souvenirs de la mutinerie d’une dizaine de détenus de la prison de Nuutania, à Faa’a. Sa carrière de surveillant pénitentiaire n’en était qu’à ses débuts quand l’impensable s’est produit entre le 14 et le 15 janvier 1978.
“Ce sont des périodes de la vie qu’on n’oublie pas. C’était un samedi. J’avais pris mon service à midi et demi. On sentait qu’il y avait des tensions. Ce jour-là, ça a éclaté. Je l’ai vécu avec beaucoup d’anxiété. Il y a eu des frappes et des coups de feu. Les mutins courraient dans tous les sens : ils ont forcé les portes et pris en otage le personnel. Ça a duré plusieurs heures, jusqu’à ce que les forces de l’ordre donnent l’assaut, tard dans la nuit”, se souvient-il, alors qu’il n’avait que 29 ans.
“Je ne veux pas qu’on oublie”
Cette insurrection a fait une vingtaine de blessés et deux morts, dont un surveillant pénitentiaire, Pierre Hoatua, que tous surnommaient “Pau”, comme indiqué sur la stèle commémorative implantée à Nuutania. “Je veux lui rendre hommage : je ne veux pas qu’on oublie ! Il était affecté au secteur où la rébellion a commencé. Il a perdu la vie dans un guet-apens. Dans ce métier, on a des liens forts, donc c’est dur de perdre un collègue”, s’émeut Robert Tiapari. “On parle beaucoup de cette profession, mais tant qu’on n’a pas vécu un tel événement, on ne mesure pas les risques de ce métier”, estime-t-il.
Malgré cette épreuve traumatisante, Robert Tiapari n’a pas baissé les bras. Il a rapidement repris le chemin du travail, par solidarité : “À l’époque, on manquait de personnel. Il fallait continuer à assurer le service et la relève entre collègues. Je ne pouvais pas abandonner. Mais cet événement m’est resté en tête perpétuellement pendant toute la durée de mon service. Au point que quand on raccroche le trousseau de clés pour partir à la retraite, on ne revient plus jamais.”
Le résident de Faaone a pris sa retraite en 2001, après trente ans de service et une médaille d’honneur de l’administration pénitentiaire. Il est toujours en contact avec d’anciens collègues, dont un ayant eu la mâchoire brisée lors de la mutinerie. “J’ai une pensée pour tous”, conclut Robert Tiapari, 47 ans après cette journée noire pour le milieu carcéral polynésien.