Paris, France | AFP | mardi 23/06/2020 - Les avocats des policiers mis en cause dans la mort de Cédric Chouviat, à la suite d'un contrôle routier le 3 janvier, ont affirmé mardi qu'ils n'avaient "pas entendu" le livreur dire sept fois "j'étouffe", comme révélé par une expertise judiciaire.
"Arrête", "Je m'arrête", puis "J'étouffe" répété à sept reprises en une vingtaine de secondes : ce sont les derniers mots prononcés par Cédric Chouviat, un père de famille de 42 ans travaillant comme livreur, lors de son interpellation aux abords de la Tour Eiffel, selon cette expertise datée du 21 avril, dévoilée lundi par Le Monde et Mediapart et dont l'AFP a eu connaissance.
Ces mots "n'ont pas été entendus" par les quatre policiers, ont affirmé mardi leurs avocats Me Thibault de Montbrial à l'AFP et Me Laurent-Franck Liénard sur LCI. Ils défendent chacun deux fonctionnaires.
Pour reconstituer la scène, l'expert de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale a analysé treize vidéos de cette arrestation, neuf filmées par le livreur lui-même, trois enregistrées par un des quatre policiers présents au moment des faits et la dernière par un automobiliste.
Si ce "j'étouffe", dit à sept reprises, est audible, c'est parce que cela a été "enregistré par le casque-micro" du livreur, "tout près de (sa) bouche", selon Me de Montbrial.
L'expert "appuie l'hypothèse" de cette utilisation d'un casque-micro par Cédric Chouviat, mais sans "le certifier".
"M. Chouviat était en train de résister à son interpellation, et c'est dans la lutte qu'il a tenu ses propos, à côté d'une voie de circulation, les quais de Seine, avec des bruits environnants et les bruits de la lutte : les policiers ne les ont pas entendus", a insisté Thibault de Montbrial.
"Lorsque les enquêteurs de l'IGPN les ont confrontés à cet enregistrement", le 17 juin en garde à vue, "les policiers ont tous été surpris et catastrophés, car s'ils avaient entendu ces propos, évidemment ils se seraient aussitôt arrêté de lutter", a poursuivi l'avocat, qualifiant la mort de Cédric Chouviat de "drame épouvantable".
"Mes clients ont découvert à l'occasion de leur garde à vue ces vidéos (...). Ils ont découvert les mots +j'étouffe+", a abondé Me Liénard sur LCI.
"Il nous insulte"
Selon l'expertise, "la quasi-totalité" de l'échange entre Cédric Chouviat et les policiers est toutefois "compréhensible" dans les trois vidéos tournées par l'une de ces fonctionnaires.
Les policiers avaient en outre initialement affirmé avoir entendu certains propos de Cédric Chouviat au moment précis de son interpellation : il "nous insulte, répétant encore à plusieurs reprises +bandes de guignols, bandes de cons+" après le passage de la première menotte puis il "continue de nous insulter" avant le passage de la seconde, affirment-ils dans leur compte rendu d'intervention initial du 3 janvier, dont l'AFP a eu connaissance.
Une information judiciaire est ouverte pour "homicide involontaire". Selon les premiers résultats d'autopsie communiqués en janvier par le parquet de Paris, Cédric Chouviat est mort des suites d'une asphyxie "avec fracture du larynx".
Les quatre policiers sont convoqués début juillet par le magistrat instructeur, qui pourrait alors décider d'éventuelles mises en examen.
Mardi, lors d'une conférence de presse, la famille a mis la pression sur les autorités.
"On attend une réponse solennelle du président Emmanuel Macron", a déclaré Sofia Chouviat, sa fille, demandant à nouveau la "suspension" des quatre policiers et "l'interdiction" de la clé d'étranglement.
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé l'abandon futur de cette technique début juin, mais elle reste autorisée en attendant une méthode alternative.
Alors que la famille d'Adama Traoré, jeune homme noir mort en juillet 2016 après son interpellation par les gendarmes à Beaumont-sur-Oise (Val d'Oise), critique régulièrement le fonctionnement de la justice sur son dossier, les trois avocats de la famille, Me William Bourdon, Vincent Brengarth et Arié Alimi, ont eux salué lors de cette conférence de presse le "travail colossal" des magistrats sur l'affaire Chouviat.
Cela "marque une rupture avec la culture de l'impunité des violences policières", selon le premier.
Pour Me Arié Alimi, "ce qui a conduit à la mort de Cédric Chouviat, c'est un enchaînement inexorable : le chantage à l'outrage provoqué à chaque fois qu'il y a contrôle" policier et qui "crée des blessés, des morts en France", d'après lui.
"Arrête", "Je m'arrête", puis "J'étouffe" répété à sept reprises en une vingtaine de secondes : ce sont les derniers mots prononcés par Cédric Chouviat, un père de famille de 42 ans travaillant comme livreur, lors de son interpellation aux abords de la Tour Eiffel, selon cette expertise datée du 21 avril, dévoilée lundi par Le Monde et Mediapart et dont l'AFP a eu connaissance.
Ces mots "n'ont pas été entendus" par les quatre policiers, ont affirmé mardi leurs avocats Me Thibault de Montbrial à l'AFP et Me Laurent-Franck Liénard sur LCI. Ils défendent chacun deux fonctionnaires.
Pour reconstituer la scène, l'expert de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale a analysé treize vidéos de cette arrestation, neuf filmées par le livreur lui-même, trois enregistrées par un des quatre policiers présents au moment des faits et la dernière par un automobiliste.
Si ce "j'étouffe", dit à sept reprises, est audible, c'est parce que cela a été "enregistré par le casque-micro" du livreur, "tout près de (sa) bouche", selon Me de Montbrial.
L'expert "appuie l'hypothèse" de cette utilisation d'un casque-micro par Cédric Chouviat, mais sans "le certifier".
"M. Chouviat était en train de résister à son interpellation, et c'est dans la lutte qu'il a tenu ses propos, à côté d'une voie de circulation, les quais de Seine, avec des bruits environnants et les bruits de la lutte : les policiers ne les ont pas entendus", a insisté Thibault de Montbrial.
"Lorsque les enquêteurs de l'IGPN les ont confrontés à cet enregistrement", le 17 juin en garde à vue, "les policiers ont tous été surpris et catastrophés, car s'ils avaient entendu ces propos, évidemment ils se seraient aussitôt arrêté de lutter", a poursuivi l'avocat, qualifiant la mort de Cédric Chouviat de "drame épouvantable".
"Mes clients ont découvert à l'occasion de leur garde à vue ces vidéos (...). Ils ont découvert les mots +j'étouffe+", a abondé Me Liénard sur LCI.
"Il nous insulte"
Selon l'expertise, "la quasi-totalité" de l'échange entre Cédric Chouviat et les policiers est toutefois "compréhensible" dans les trois vidéos tournées par l'une de ces fonctionnaires.
Les policiers avaient en outre initialement affirmé avoir entendu certains propos de Cédric Chouviat au moment précis de son interpellation : il "nous insulte, répétant encore à plusieurs reprises +bandes de guignols, bandes de cons+" après le passage de la première menotte puis il "continue de nous insulter" avant le passage de la seconde, affirment-ils dans leur compte rendu d'intervention initial du 3 janvier, dont l'AFP a eu connaissance.
Une information judiciaire est ouverte pour "homicide involontaire". Selon les premiers résultats d'autopsie communiqués en janvier par le parquet de Paris, Cédric Chouviat est mort des suites d'une asphyxie "avec fracture du larynx".
Les quatre policiers sont convoqués début juillet par le magistrat instructeur, qui pourrait alors décider d'éventuelles mises en examen.
Mardi, lors d'une conférence de presse, la famille a mis la pression sur les autorités.
"On attend une réponse solennelle du président Emmanuel Macron", a déclaré Sofia Chouviat, sa fille, demandant à nouveau la "suspension" des quatre policiers et "l'interdiction" de la clé d'étranglement.
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé l'abandon futur de cette technique début juin, mais elle reste autorisée en attendant une méthode alternative.
Alors que la famille d'Adama Traoré, jeune homme noir mort en juillet 2016 après son interpellation par les gendarmes à Beaumont-sur-Oise (Val d'Oise), critique régulièrement le fonctionnement de la justice sur son dossier, les trois avocats de la famille, Me William Bourdon, Vincent Brengarth et Arié Alimi, ont eux salué lors de cette conférence de presse le "travail colossal" des magistrats sur l'affaire Chouviat.
Cela "marque une rupture avec la culture de l'impunité des violences policières", selon le premier.
Pour Me Arié Alimi, "ce qui a conduit à la mort de Cédric Chouviat, c'est un enchaînement inexorable : le chantage à l'outrage provoqué à chaque fois qu'il y a contrôle" policier et qui "crée des blessés, des morts en France", d'après lui.