Tahiti le 29 janvier 2025 – Après l’annonce du gouvernement Brotherson d’annuler le projet du lycée à Moorea-Maiao, le tāvana Evans Haumani défend un projet alternatif. Pas question pour lui de sacrifier les élèves de l’île sœur. Il a rencontré “des partenaires” pour accompagner la commune dans son projet de lycée de la mer dans lequel serait également incluse une filière générale. La commune a d’ailleurs identifié un terrain communal pour la construction de cet établissement qui serait “beaucoup moins conséquents qu’à Opunohu”. Le tāvana de l’île sœur compte d’ailleurs bien rencontrer les autorités du Pays et l'Etat pour leur en faire part. Entretien avec le maire de Moorea-Maiao, Evans Haumani
Les habitants de Moorea-Maiao sont inquiets et même en colère pour certains car le gouvernement Brotherson a abandonné l’idée de la construction du lycée car trop cher selon lui. Quelle est la position de la commune à ce sujet ?
“Nous partageons les inquiétudes des habitants. Près de 500 lycéens de Moorea se lèvent très tôt pour se rendre à Tahiti, et rentrent tard chez eux. Ces conditions d’éducation ne favorisent pas la réussite scolaire. Nous sommes en train de sacrifier notre jeunesse. Lors du dernier recensement à Moorea, on a comptabilisé plus de 800 jeunes en âge d’aller au lycée, cela veut dire qu’il y a potentiellement plus de 300 jeunes qui ont arrêté leur scolarité après le brevet des collèges. L’une des raisons principales est liée au fait de devoir être scolarisé à Tahiti. Nous comprenons la décision prise par le gouvernement, la bonne gestion des deniers publics est essentielle. C’est pourquoi nous cherchons une alternative moins coûteuses et plus adaptées à nos besoins. […] Nous avons d’ailleurs des propositions et nous les adresserons au Pays, comme précisé dans l’article de Tahiti Infos du 29 janvier, notre souhait est de travailler main dans la main avec le Pays pour le bien de notre population, que ce soit sur les sujets liés à l’environnement, les constructions, la culture et bien entendu l’éducation. Nous entretenons de très bonnes relations avec le gouvernement et l’administration, c’est très important de travailler ensemble. Et j’en profite pour remercier les services du Pays pour ce travail en commun.”
Tāvana peux-tu nous en dire plus sur pistes sur lesquelles vous travaillez ?
“Nous avons identifié des sites appartenant à la commune et où des travaux de terrassement que l’on pourrait réaliser seraient beaucoup moins importants qu’à Opunohu. Nous avons une piste très intéressante à Vaiare, à proximité de la gare maritime, ce qui permettrait notamment d’accueillir plus facilement d’ailleurs des lycéens de Tahiti qui souhaiteraient venir à Moorea.”
Quelles formations seraient proposées dans ce lycée ?
“Notre vision s’articule autour deux filières. On aurait une voie générale, avec trois spécialités : Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ; Sciences de l’ingénieur ; et Sciences économiques et sociales. La voie professionnelle proposerait les Bac Pro “Conduite et Gestion des entreprises maritime” et “Électromécanicien de marine”.
Notre souhait est d’avoir un lycée de la mer. Il n’y a pas de formation de ce type au Fenua. Nous sommes un peuple de navigateurs depuis des milliers d’années et nous devons envoyer nos enfants se former en Métropole, ce n’est pas normal. Il est certain que ces formations intéresseront aussi les enfants des îles, notamment des Tuamotu, souvent oubliés d’ailleurs, et nous serions ravis de les accueillir à Moorea pour les aider à développer leur archipel. La possibilité de joindre un internat au lycée est également étudiée.”
Quelles sont les débouchées pour ces formations ?
“Une filière générale à Moorea va permettre à nos enfants de poursuivre leurs études jusqu’au Bac et ce dans les meilleures conditions possibles. Et va permettre, pourquoi pas, de leur faciliter l’accès aux études supérieures. C’est important pour le développement de notre île. La filière “Conduite et Gestion des entreprises maritime” prépare aux métiers de patron pêcheur, capitaine d’un navire à passagers ou de marchandises, capitaine d’un yacht à voile ou à moteur ou encore cadre d’une entreprise dans le secteur du maritime. La filière “Électromécanicien de marine” prépare aux métiers de mécanicien ou chef mécanicien sur un navire de commerce, de plaisance ou de pêche, d’agent de maîtrise dans une entreprise maritime (service technique d’un armement) ou para-maritime (chantier de réparation navale) ou de technicien chargé de l’entretien et de la réparation des systèmes électriques sur les navires d’une puissance propulsive inférieure à 750 kilowatts. Les débouchés pour ces deux formations sont réels au Fenua. De nombreux chefs d’entreprise et patrons de pêche nous ont fait part de leur souhait que ces formations soient proposées.”
Vous avez rencontré des partenaires pour vous accompagner dans ce projet de lycée de la mer ?
“Effectivement, nous avons amorcé des échanges avec plusieurs partenaires. Il est encore trop tôt pour en parler mais les discussions sont engagées, avec un souhait commun de proposer des formations nouvelles à notre jeunesse.”
La commune rencontre déjà des difficultés pour ce qui est de la gestion de l’électricité. N’est-ce pas trop ambitieux de vous lancer dans un projet de lycée ?
“Certains nous critiquent effectivement sur l’électricité mais cela ne doit pas nous empêcher d’avancer. Tāvana John Teariki avait aussi été critiqué en son temps pour ses choix concernant l’electricité, trop chère, pas adaptée, pas maitrisée… Aujourd’hui notre ancien tāvana est félicité pour ses choix. Je pense que c’est le lot de tous les tāvana qui portent des projets ambitieux pour leur commune. C’est compliqué au démarrage : il faut beaucoup travailler, accepter les critiques, savoir se remettre en question aussi ; mais finalement ce qui me guide c’est l’intérêt général avec une vision à 20 à 30 ans.”
Il y a aussi des rumeurs d’ouvertures de classes de seconde dans des collèges de l’île, que deviendrait votre projet si ces informations sont confirmées ?
“Oui nous avons eu des échanges concernant l’ouverture de classes à Afareaitu, à Paopao et au lycée agricole de Opunohu. Nous nous réjouissons que d’autres personnes se mobilisent pour trouver des solutions pour nos jeunes. Ça fait chaud au cœur. Le projet sur lequel nous travaillons devra bien entendu avancer en concertation avec le Pays et l’État, l’objectif de la commune n’est pas de faire un projet dans son coin, mais bien d’être force de proposition et de travailler main dans la main avec le Pays et avec l’État, pour le bien des habitants de Moorea et l’avenir de notre jeunesse.”
Les habitants de Moorea-Maiao sont inquiets et même en colère pour certains car le gouvernement Brotherson a abandonné l’idée de la construction du lycée car trop cher selon lui. Quelle est la position de la commune à ce sujet ?
“Nous partageons les inquiétudes des habitants. Près de 500 lycéens de Moorea se lèvent très tôt pour se rendre à Tahiti, et rentrent tard chez eux. Ces conditions d’éducation ne favorisent pas la réussite scolaire. Nous sommes en train de sacrifier notre jeunesse. Lors du dernier recensement à Moorea, on a comptabilisé plus de 800 jeunes en âge d’aller au lycée, cela veut dire qu’il y a potentiellement plus de 300 jeunes qui ont arrêté leur scolarité après le brevet des collèges. L’une des raisons principales est liée au fait de devoir être scolarisé à Tahiti. Nous comprenons la décision prise par le gouvernement, la bonne gestion des deniers publics est essentielle. C’est pourquoi nous cherchons une alternative moins coûteuses et plus adaptées à nos besoins. […] Nous avons d’ailleurs des propositions et nous les adresserons au Pays, comme précisé dans l’article de Tahiti Infos du 29 janvier, notre souhait est de travailler main dans la main avec le Pays pour le bien de notre population, que ce soit sur les sujets liés à l’environnement, les constructions, la culture et bien entendu l’éducation. Nous entretenons de très bonnes relations avec le gouvernement et l’administration, c’est très important de travailler ensemble. Et j’en profite pour remercier les services du Pays pour ce travail en commun.”
Tāvana peux-tu nous en dire plus sur pistes sur lesquelles vous travaillez ?
“Nous avons identifié des sites appartenant à la commune et où des travaux de terrassement que l’on pourrait réaliser seraient beaucoup moins importants qu’à Opunohu. Nous avons une piste très intéressante à Vaiare, à proximité de la gare maritime, ce qui permettrait notamment d’accueillir plus facilement d’ailleurs des lycéens de Tahiti qui souhaiteraient venir à Moorea.”
Quelles formations seraient proposées dans ce lycée ?
“Notre vision s’articule autour deux filières. On aurait une voie générale, avec trois spécialités : Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ; Sciences de l’ingénieur ; et Sciences économiques et sociales. La voie professionnelle proposerait les Bac Pro “Conduite et Gestion des entreprises maritime” et “Électromécanicien de marine”.
Notre souhait est d’avoir un lycée de la mer. Il n’y a pas de formation de ce type au Fenua. Nous sommes un peuple de navigateurs depuis des milliers d’années et nous devons envoyer nos enfants se former en Métropole, ce n’est pas normal. Il est certain que ces formations intéresseront aussi les enfants des îles, notamment des Tuamotu, souvent oubliés d’ailleurs, et nous serions ravis de les accueillir à Moorea pour les aider à développer leur archipel. La possibilité de joindre un internat au lycée est également étudiée.”
Quelles sont les débouchées pour ces formations ?
“Une filière générale à Moorea va permettre à nos enfants de poursuivre leurs études jusqu’au Bac et ce dans les meilleures conditions possibles. Et va permettre, pourquoi pas, de leur faciliter l’accès aux études supérieures. C’est important pour le développement de notre île. La filière “Conduite et Gestion des entreprises maritime” prépare aux métiers de patron pêcheur, capitaine d’un navire à passagers ou de marchandises, capitaine d’un yacht à voile ou à moteur ou encore cadre d’une entreprise dans le secteur du maritime. La filière “Électromécanicien de marine” prépare aux métiers de mécanicien ou chef mécanicien sur un navire de commerce, de plaisance ou de pêche, d’agent de maîtrise dans une entreprise maritime (service technique d’un armement) ou para-maritime (chantier de réparation navale) ou de technicien chargé de l’entretien et de la réparation des systèmes électriques sur les navires d’une puissance propulsive inférieure à 750 kilowatts. Les débouchés pour ces deux formations sont réels au Fenua. De nombreux chefs d’entreprise et patrons de pêche nous ont fait part de leur souhait que ces formations soient proposées.”
Vous avez rencontré des partenaires pour vous accompagner dans ce projet de lycée de la mer ?
“Effectivement, nous avons amorcé des échanges avec plusieurs partenaires. Il est encore trop tôt pour en parler mais les discussions sont engagées, avec un souhait commun de proposer des formations nouvelles à notre jeunesse.”
La commune rencontre déjà des difficultés pour ce qui est de la gestion de l’électricité. N’est-ce pas trop ambitieux de vous lancer dans un projet de lycée ?
“Certains nous critiquent effectivement sur l’électricité mais cela ne doit pas nous empêcher d’avancer. Tāvana John Teariki avait aussi été critiqué en son temps pour ses choix concernant l’electricité, trop chère, pas adaptée, pas maitrisée… Aujourd’hui notre ancien tāvana est félicité pour ses choix. Je pense que c’est le lot de tous les tāvana qui portent des projets ambitieux pour leur commune. C’est compliqué au démarrage : il faut beaucoup travailler, accepter les critiques, savoir se remettre en question aussi ; mais finalement ce qui me guide c’est l’intérêt général avec une vision à 20 à 30 ans.”
Il y a aussi des rumeurs d’ouvertures de classes de seconde dans des collèges de l’île, que deviendrait votre projet si ces informations sont confirmées ?
“Oui nous avons eu des échanges concernant l’ouverture de classes à Afareaitu, à Paopao et au lycée agricole de Opunohu. Nous nous réjouissons que d’autres personnes se mobilisent pour trouver des solutions pour nos jeunes. Ça fait chaud au cœur. Le projet sur lequel nous travaillons devra bien entendu avancer en concertation avec le Pays et l’État, l’objectif de la commune n’est pas de faire un projet dans son coin, mais bien d’être force de proposition et de travailler main dans la main avec le Pays et avec l’État, pour le bien des habitants de Moorea et l’avenir de notre jeunesse.”