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Moorea est prêt pour le Hīmene Tumu


Tahiti le 13 mars 2025 – Les élèves de Moorea sont fins prêts pour le Heiva Hīmene Tumu. Ce jeudi, le membres du jury de la deuxième édition de cette manifestation ont auditionné le chœur polyphonique constitué à Moorea.
 
Après le ‘ōrero, l’apprentissage des hīmene tumu comme le hīmene rū’au ou encore le hīmene tārava est, depuis l’an dernier, inscrit au programme scolaire. Cette année, “Entre terre et mer” est le thème de la seconde édition du Heiva Hīmene Tumu. Le jury s’est d’ailleurs déplacé à Moorea pour noter les performances des élèves, ce jeudi.
 
Pour cette démonstration, Heipoe a décidé de venir encourager son neveu Tunui inscrit à l’école élémentaire de Afareaitu. “C’était bien, j’ai tout aimé, le ‘ōrero, et leurs chants (…). Ils ont une chance de gagner”, estime-t-elle. Elle raconte que lorsque Tunui revenait de l’école “il ne faisait que chanter. Mais ce matin, il était un peu stressé à cause de la venue du jury (…) et puis finalement quand il a commencé à chanter il s’est lâché : il a mieux chanté qu’à la maison”.
 
Ruben Terai, ancien professeur d’école à la retraite, bien connu à Moorea pour son implication dans les arts traditionnels auprès de ses anciens élèves de Afareaitu, est l’auteur des textes. Il a mis en exergue Afareaitu appelé autrefois Fare Arii : “Je me suis inspiré des différents sites de Afareaitu. La montagne Tohive’a, la vallée, le motu Ahi, la pointe où se trouve notre marae Umarea, et notre rivière Mata’irea.” L’auteur a particulièrement été ému, jeudi matin, lors de cette audition par les membres du jury : “J’étais là lors des premières répétitions pour lancer le truc et ensuite les enseignants ont eu une grande part dans l’enseignement du hīmene. Aujourd’hui j’ai eu la chair de poule quand les élèves ont chanté.”
 
La professeure des écoles Tatiana Buluc explique qu’une sélection au niveau des chanteurs a été faite. “Il fallait maximum soixante élèves. Quatre classes voulaient participer et on a puisé un peu dans chaque classe. Ceux qui n’ont pas été retenus ont soutenu leurs camarades en faisant leur couronne de tête à base de rau mei’a.” Les répétitions ont débuté en février dernier. Professeurs et élèves sauront le 21 mars prochain s’ils ont été sélectionnés pour le Heiva Hīmene Tumu du 17 avril prochain.  
 
La baleine est le thème choisi par la professeure de reo au collège de Afareaitu, Maire Bopp-du-Pont. Sur un texte écrit par Heipua Bordes Teariki, “nous avons choisi de chanter la baleine, Te Tohora, qui vient près de nos côtes et qui est le taura de beaucoup de familles”. Elle explique que ses élèves ont étudié ce texte l’an dernier “et ils ont commencé eux-mêmes à le mettre en chant sur un hīmene rū’au”. L’enseignante de reo se dit “fière” du résultat même s’il reste encore à améliorer certaines parties. Elle assure que l’interprétation qui sera présentée est le fruit d’un travail des élèves. “ Je ne suis intervenue que pour donner les petites touches d’amélioration.”
Destiné aux écoles et établissements scolaires de Tahiti, le Hīmene Tumu aura lieu mi-avril prochain. L’année dernière la première édition de cette manifestation culturelle avait réuni à la présidence 652 élèves issus de deux collèges et dix écoles des enseignements publics et privés.

Hinanui, parent d’élève “À notre époque on n’avait pas tout cela”

C’est la première fois que ma fille chante dans un groupe, et elle aime tout ce qui fait partie de notre culture, le chant ou les percussions (…). Elle était un peu stressée car c’est une première pour elle, en plus devant le jury. D’autant plus que c’est elle qui a fait le fari’ira’a [l’accueil, NDLR]. Elle a reçu le texte par sms seulement hier soir, et il fallait qu’elle retienne par cœur, mais elle s’est bien débrouillée. […] C’est bien que nos enfants participent à ce Heiva au lieu d’aller boxer dans la rue. À notre époque on n’avait pas tout cela. On rentrait à la maison pour ratisser les feuilles et faire les devoirs. Aujourd’hui ils ont tout à porter de main. On doit juste les accompagner et les soutenir, car c’est eux l’avenir.”

Tatiana Buluc, enseignante “La plupart des enfants ont baigné dans la culture”

“La plupart des enfants sont dans la religion protestante et ils ont baignés dans la culture depuis tout petit donc le travail était, entre guillemets, facile. […] Trouver les différentes voix a été compliqué notamment chez les garçons car leur voix n’a pas encore mué. Ils ont encore des voix d’enfants. Pour avoir des voix graves, il a fallu trouver le juste milieu, et choisir des voix pour les garçons car on ne pouvait pas leur demander de tout faire. On a fait appel à Ruben Terai qui nous a beaucoup aidé ainsi qu’un intervenant extérieur. […] Pour la gestion du stress, on a fait des séances de relaxation et beaucoup de respiration. Juste avant que le jury arrive on a fait un échauffement de voix. C’est ce qu’on fait avant chaque chant pour réveiller la voix et le souffle.”

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 13 Mars 2025 à 19:14 | Lu 624 fois