Londres, Royaume-Uni | AFP | dimanche 12/10/2019 - "Il est toujours possible de changer": Vidhya Ramalingam, fondatrice de la start-up Moonshot CVE, s'est donnée pour mission ambitieuse de ramener dans le droit chemin les personnes tentées par l'extrémisme violent sur internet, qu'elles soient jihadistes ou d'extrême-droite.
Sa jeune entreprise, créée en 2015 à Londres, a grandi dans la discrétion mais accède désormais à une certaine notoriété, notamment grâce au partenariat récemment noué avec le géant américain Facebook.
La jeune Américaine et l'autre co-fondateur Ross Frenett, qui travaillaient auparavant sur l'extrémisme en tant que chercheurs, sont partis du constat que les mouvements les plus violents ont souvent un coup technologique d'avance.
"On savait que les terroristes utilisaient internet de manière créative, qu'ils ciblaient les jeunes, qu'ils étaient capable d'innover tandis que ceux qui essayaient de les combattre évoluaient trop lentement", explique-t-elle à l'AFP.
D'où l'idée de monter une véritable start-up technologique capable de suivre le rythme pour combattre toutes formes d'extrémisme violent, qu'il soit jihadiste, néo-nazi, nationaliste ou masculiniste de type incel (abréviation anglophone pour "involontairement célibataire").
Mais en devenant plus visible, la société s'expose et doit multiplier les mesures de précaution compte-tenu de l'extrême sensibilité des sujets traités et de la violence potentielle des individus.
Moonshot CVE (Countering Violent Extremism), qui reçoit l'AFP dans ses bureaux londoniens, garde confidentielle son adresse et la plupart de ses salariés ne sont pas visibles sur internet. Pour pénétrer dans ses locaux, installés dans un immeuble quelconque de la capitale britannique, il faut passer de lourdes portes blindées et montrer patte blanche.
"Nous prenons des précautions. Nous travaillons sur des sujets à haut risque et en même temps nous essayons de rendre public le plus de choses possible", explique Mme Ramalingam.
La start-up a choisi le nom de Moonshot en référence au processus de lancement d'une fusée. Elle emploie 40 personnes qui travaillent en quinze langues dont l'anglais, le français et l'arabe. Elle mène 76 projets dans 28 pays, auprès de gouvernements, fondations ou entreprises technologiques.
Moonshot collabore par exemple avec le gouvernement canadien sur le jihadisme et le néo-nazisme, ou encore avec les Nations unies sur les contenus en ligne jihadistes en Asie du sud et sud-est.
De même, elle a noué un partenariat depuis plusieurs années avec Google afin de cibler via des publicités les personnes qui effectueraient des recherches sur l'extrémisme violent.
Tout récemment, Facebook s'est associé à Moonshot afin que cette dernière évalue l'efficacité des initiatives du réseau social américain concernant les usagers recherchant des contenus violents.
Moonshot s'est dotée d'un statut d'"entreprise sociale", proche d'une coopérative: elle réinvestit la plus grande partie de ses bénéfices dans les projets qu'elle développe et dans la technologie, ce qui garantit son indépendance.
Elle est connue pour avoir mis au point la "redirect method", ou "méthode de redirection", qui consiste à détecter des individus séduits par l'extrémisme violent puis tenter de les faire changer.
Il s'agit de repérer en ligne les personnes à la recherche de contenus violents, de recueillir le maximum de données sur la manière dont ces idéologies prolifèrent, puis d'intervenir, en menant des campagnes d'informations ou en entrant directement en contact avec les individus.
La société fait d'ailleurs appel à des travailleurs sociaux ou des spécialistes de la santé mentale pour le travail réalisé dans le "monde réel".
Si les réseaux jihadistes sont désormais plus difficiles à repérer et ont rejoint des applications moins accessibles comme Telegram, les néo-nazis ou les suprémacistes blancs sont eux souvent plus enclins à exprimer leur idéologie ouvertement et donc plus faciles à trouver, explique la fondatrice.
"Quand nous pensons que quelqu'un représente une menace imminente (...), dans de rares occasions nous entrons en contact avec les autorités", explique-t-elle, en précisant toutefois ne pas avoir de contact régulier avec les services de renseignement.
En quatre ans, Moonshot a accumulé énormément de données et d'expérience, ce qui lui permet d'avoir des résultats, selon Mme Ramalingam, qui observe notamment que les messages proposant de l'aide, y compris sur le plan mental, ont tendance à marcher.
"J'ai travaillé avec tellement de personnes profondément impliquées dans des groupes violents. Elles en sont désormais parties, ont changé de vie et certaines sont même des militants pour la paix", assure-t-elle.
Sa jeune entreprise, créée en 2015 à Londres, a grandi dans la discrétion mais accède désormais à une certaine notoriété, notamment grâce au partenariat récemment noué avec le géant américain Facebook.
La jeune Américaine et l'autre co-fondateur Ross Frenett, qui travaillaient auparavant sur l'extrémisme en tant que chercheurs, sont partis du constat que les mouvements les plus violents ont souvent un coup technologique d'avance.
"On savait que les terroristes utilisaient internet de manière créative, qu'ils ciblaient les jeunes, qu'ils étaient capable d'innover tandis que ceux qui essayaient de les combattre évoluaient trop lentement", explique-t-elle à l'AFP.
D'où l'idée de monter une véritable start-up technologique capable de suivre le rythme pour combattre toutes formes d'extrémisme violent, qu'il soit jihadiste, néo-nazi, nationaliste ou masculiniste de type incel (abréviation anglophone pour "involontairement célibataire").
Mais en devenant plus visible, la société s'expose et doit multiplier les mesures de précaution compte-tenu de l'extrême sensibilité des sujets traités et de la violence potentielle des individus.
- Portes blindées -
Moonshot CVE (Countering Violent Extremism), qui reçoit l'AFP dans ses bureaux londoniens, garde confidentielle son adresse et la plupart de ses salariés ne sont pas visibles sur internet. Pour pénétrer dans ses locaux, installés dans un immeuble quelconque de la capitale britannique, il faut passer de lourdes portes blindées et montrer patte blanche.
"Nous prenons des précautions. Nous travaillons sur des sujets à haut risque et en même temps nous essayons de rendre public le plus de choses possible", explique Mme Ramalingam.
La start-up a choisi le nom de Moonshot en référence au processus de lancement d'une fusée. Elle emploie 40 personnes qui travaillent en quinze langues dont l'anglais, le français et l'arabe. Elle mène 76 projets dans 28 pays, auprès de gouvernements, fondations ou entreprises technologiques.
Moonshot collabore par exemple avec le gouvernement canadien sur le jihadisme et le néo-nazisme, ou encore avec les Nations unies sur les contenus en ligne jihadistes en Asie du sud et sud-est.
De même, elle a noué un partenariat depuis plusieurs années avec Google afin de cibler via des publicités les personnes qui effectueraient des recherches sur l'extrémisme violent.
Tout récemment, Facebook s'est associé à Moonshot afin que cette dernière évalue l'efficacité des initiatives du réseau social américain concernant les usagers recherchant des contenus violents.
Moonshot s'est dotée d'un statut d'"entreprise sociale", proche d'une coopérative: elle réinvestit la plus grande partie de ses bénéfices dans les projets qu'elle développe et dans la technologie, ce qui garantit son indépendance.
Elle est connue pour avoir mis au point la "redirect method", ou "méthode de redirection", qui consiste à détecter des individus séduits par l'extrémisme violent puis tenter de les faire changer.
Il s'agit de repérer en ligne les personnes à la recherche de contenus violents, de recueillir le maximum de données sur la manière dont ces idéologies prolifèrent, puis d'intervenir, en menant des campagnes d'informations ou en entrant directement en contact avec les individus.
- 'Militants pour la paix' -
La société fait d'ailleurs appel à des travailleurs sociaux ou des spécialistes de la santé mentale pour le travail réalisé dans le "monde réel".
Si les réseaux jihadistes sont désormais plus difficiles à repérer et ont rejoint des applications moins accessibles comme Telegram, les néo-nazis ou les suprémacistes blancs sont eux souvent plus enclins à exprimer leur idéologie ouvertement et donc plus faciles à trouver, explique la fondatrice.
"Quand nous pensons que quelqu'un représente une menace imminente (...), dans de rares occasions nous entrons en contact avec les autorités", explique-t-elle, en précisant toutefois ne pas avoir de contact régulier avec les services de renseignement.
En quatre ans, Moonshot a accumulé énormément de données et d'expérience, ce qui lui permet d'avoir des résultats, selon Mme Ramalingam, qui observe notamment que les messages proposant de l'aide, y compris sur le plan mental, ont tendance à marcher.
"J'ai travaillé avec tellement de personnes profondément impliquées dans des groupes violents. Elles en sont désormais parties, ont changé de vie et certaines sont même des militants pour la paix", assure-t-elle.