Paris, France | AFP | samedi 13/12/2024 - L'agence Moody's n'a guère laissé à François Bayrou le temps de s'installer à Matignon vendredi, dégradant dans les heures suivantes la note souveraine de la France, au vu de la "fragmentation politique" du pays, peu propice selon elle au rétablissement rapide des finances publiques.
Moody's a abaissé sa note Aa2, qui était assortie d'une "perspective négative" signalant une dégradation probable à plus ou moins brève échéance, à Aa3, avec perspective stable.
L'agence, qui classait la France jusque là légèrement au-dessus de ses concurrentes, les rejoint: S&P classe la France AA- avec perspective stable, et Fitch AA- avec perspective négative. Le tout reflète encore cependant une bonne, voire haute, qualité de crédit.
L'agence s'est inquiétée à plusieurs reprises de la situation d'incertitude politique qui a saisi la France depuis la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée le 9 juin par le président Emmanuel Macron.
La mise sous perspective négative de la précédente note date de fin octobre seulement, et Moody's avait fait savoir le jour-même de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre, que cet évènement ne pouvait être que "négatif" pour la note de crédit de la France.
Bercy semblait néanmoins ne pas s'attendre à une nouvelle action aussi rapide, dont le ministre de l'Economie et des Finances Antoine Armand a aussitôt "pris acte".
Pour Moody's, les finances publiques de la France seront "considérablement plus faibles" dans les trois prochaines années que ce qu'elle prévoyait auparavant, en raison d'une "fragmentation politique plus susceptible d'empêcher une consolidation budgétaire significative".
Elle juge la probabilité "faible" de voir le prochain gouvernement "réduire durablement l'étendue du déficit budgétaire au-delà de l'année prochaine".
- "Décennies entières" -
Alors que le gouvernement Barnier misait sur un déficit public de 6,1% du PIB cette année, et avait construit ses textes budgétaires sur la base d'un déficit public de 5% en 2025, pour revenir sous la limite des 3% tolérée par Bruxelles en 2029, Moody's n'y croit pas.
L'agence de notation anticipe un déficit public stagnant à 6,3% du PIB en 2025, et toujours à 5,2% en 2027. Ainsi, au lieu de se réduire, la dette publique passerait de 113,3% du PIB en 2024 à environ 120% en 2027.
"Si la capacité d’endettement est depuis longtemps un atout relatif de la France en matière de crédit, cet atout s’érode par rapport à ses pairs bénéficiant d’une note similaire", observe Moody's.
Antoine Armand a estimé dans son communiqué que la nomination de François Bayrou apportait "une réponse explicite" aux inquiétudes de l'agence de notation.
Michel Barnier et François Bayrou ont en effet montré une forte attention à ces questions lors de leur très courtoise passation de pouvoir, vendredi après-midi.
M. Barnier a voulu laisser un message solennel : "On aurait tort d'oublier le déficit et la dette (...) faute de quoi ils se rappelleront brutalement à nous tous".
"Nul plus que moi ne connaît la difficulté de la situation", lui a répondu M. Bayrou, rappelant avoir "pris des risques inconsidérés dans (sa) vie politique pour poser (lors d'élections, y compris présidentielles, auxquelles il se présentait) la question de la dette et des déficits".
"Et tout le monde disait +il est complètement fou, on fait pas une campagne sur la dette+, a-t-il rappelé en souriant.
Jugeant qu'il s'agit d'un problème à la fois financier mais aussi "moral", avec le poids que la dette fait peser sur les enfants, le nouveau locataire de Matignon a promis que devant cette situation "héritée de décennies entières", il aurait pour "ligne de conduite" de "ne rien cacher, de ne rien négliger et de ne rien laisser de côté".
Moody's a abaissé sa note Aa2, qui était assortie d'une "perspective négative" signalant une dégradation probable à plus ou moins brève échéance, à Aa3, avec perspective stable.
L'agence, qui classait la France jusque là légèrement au-dessus de ses concurrentes, les rejoint: S&P classe la France AA- avec perspective stable, et Fitch AA- avec perspective négative. Le tout reflète encore cependant une bonne, voire haute, qualité de crédit.
L'agence s'est inquiétée à plusieurs reprises de la situation d'incertitude politique qui a saisi la France depuis la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée le 9 juin par le président Emmanuel Macron.
La mise sous perspective négative de la précédente note date de fin octobre seulement, et Moody's avait fait savoir le jour-même de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre, que cet évènement ne pouvait être que "négatif" pour la note de crédit de la France.
Bercy semblait néanmoins ne pas s'attendre à une nouvelle action aussi rapide, dont le ministre de l'Economie et des Finances Antoine Armand a aussitôt "pris acte".
Pour Moody's, les finances publiques de la France seront "considérablement plus faibles" dans les trois prochaines années que ce qu'elle prévoyait auparavant, en raison d'une "fragmentation politique plus susceptible d'empêcher une consolidation budgétaire significative".
Elle juge la probabilité "faible" de voir le prochain gouvernement "réduire durablement l'étendue du déficit budgétaire au-delà de l'année prochaine".
- "Décennies entières" -
Alors que le gouvernement Barnier misait sur un déficit public de 6,1% du PIB cette année, et avait construit ses textes budgétaires sur la base d'un déficit public de 5% en 2025, pour revenir sous la limite des 3% tolérée par Bruxelles en 2029, Moody's n'y croit pas.
L'agence de notation anticipe un déficit public stagnant à 6,3% du PIB en 2025, et toujours à 5,2% en 2027. Ainsi, au lieu de se réduire, la dette publique passerait de 113,3% du PIB en 2024 à environ 120% en 2027.
"Si la capacité d’endettement est depuis longtemps un atout relatif de la France en matière de crédit, cet atout s’érode par rapport à ses pairs bénéficiant d’une note similaire", observe Moody's.
Antoine Armand a estimé dans son communiqué que la nomination de François Bayrou apportait "une réponse explicite" aux inquiétudes de l'agence de notation.
Michel Barnier et François Bayrou ont en effet montré une forte attention à ces questions lors de leur très courtoise passation de pouvoir, vendredi après-midi.
M. Barnier a voulu laisser un message solennel : "On aurait tort d'oublier le déficit et la dette (...) faute de quoi ils se rappelleront brutalement à nous tous".
"Nul plus que moi ne connaît la difficulté de la situation", lui a répondu M. Bayrou, rappelant avoir "pris des risques inconsidérés dans (sa) vie politique pour poser (lors d'élections, y compris présidentielles, auxquelles il se présentait) la question de la dette et des déficits".
"Et tout le monde disait +il est complètement fou, on fait pas une campagne sur la dette+, a-t-il rappelé en souriant.
Jugeant qu'il s'agit d'un problème à la fois financier mais aussi "moral", avec le poids que la dette fait peser sur les enfants, le nouveau locataire de Matignon a promis que devant cette situation "héritée de décennies entières", il aurait pour "ligne de conduite" de "ne rien cacher, de ne rien négliger et de ne rien laisser de côté".