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Mondiaux-2011 - Jean-Baptiste Grange, le guide de la haute montagne bleue


Mondiaux-2011 - Jean-Baptiste Grange, le guide de la haute montagne bleue
GARMISCH-PARTENKIRCHEN, 20 février 2011 (AFP) - Plus belle promesse du ski français, Jean-Baptiste Grange a slalomé autour d'un destin planté de piquets pour décrocher à 26 ans la première médaille d'or de sa carrière dimanche aux Mondiaux à Garmisch-Partenkirchen.

La poudreuse, le Savoyard est tombé dedans tout petit, à Valloire. Avec deux parents, Annick Levrel et Jean-Pierre Grange, anciens membres de l'équipe de France dans les années 70, qui vous lèguent les gènes du ski, une tante et un oncle sur le même versant, la voie mène directement à la compétition.

"Petit, mon objectif n'était pas forcément de décrocher des médailles ou d'être champion olympique, ce que je voulais, c'était faire partie des meilleurs skieurs du monde, être parmi les plus doués et marquer l'histoire de mon sport", raconte Grange, dont l'univers enfantin était tapissé de gros flocons et d'étoiles comme Alberto Tomba et Luc Alphand.

Avec neuf victoires pour un total de 17 podiums en Coupe du monde, le Mauriennais avait déjà bien commencé. Par son style, tout en finesse, il n'a cessé aussi d'impressionner. Alors que le slalom peut ressembler à un tango forcé sur une piste blanche, lui se lance dans une valse avec les piquets.

Mais pour marquer l'histoire de son sport, il faut l'écrire en lettres dorées.

Si aux Championnats du monde à Are en 2007, c'est ce jeune homme discret et réservé qui sauve l'équipe de France du zéro pointé avec le bronze du slalom, il manque d'un rien le globe de cristal de la spécialité l'année suivante après s'être adjugé quatre épreuves de Coupe du monde cette saison-là.

Puis aux Mondiaux de Val-d'Isère en 2009, dont il est la tête d'affiche et le grand favori, lui, le maître des piquets, laisse deux médailles d'or qui lui étaient promises lui filer sous le nez. Les critiques fusent, il en sera très marqué.

"J'ai manqué deux gros coups qui auraient pu lancer ma carrière différemment", souligne le slalomeur, qui se rattrape un mois plus tard en mettant la main sur la Coupe du monde de slalom. "Quand quelqu'un qui ne te connaît pas te dit que tu n'as pas le mental, tu as juste envie de prouver le contraire."

Le 6 décembre suivant, la nuit tombe sur sa saison à Beaver Creek. Sans même tomber, son genou droit craque et c'est la très classique déchirure du ligament croisé antérieur. Opération, six mois de rééducation. Le moral dans les chaussettes de ski, Jean-Baptiste Grange voit les promesses de l'or olympique s'envoler.

Alors que d'autres mettent parfois plusieurs saisons à se reconstruire, le phénix renaît de ses cendres dès la première épreuve de la Coupe du monde à Levi, en Finlande, qu'il domine d'un bout à l'autre.

L'euphorie est vite douchée par un mois de décembre calamiteux, où il ne dispute aucune seconde manche et qui se termine par une blessure à une épaule lors d'un slalom de seconde zone.

Grange, qui a appris, qui a mûri, reste calme, et se reconstruit en quelques semaines. Ses coups d'éclat à Kitzbühel, puis à Schladming, pour un glorieux doublé des deux prestigieux slaloms autrichiens en janvier, l'ont propulsé à nouveau au sommet.

C'est en guide de la haute montagne bleue que Grange a pu "prendre sa revanche" dimanche, en devenant le premier Français au masculin champion du monde de ski alpin depuis 1982.

stp/chc

Rédigé par Par Stéphanie PERTUISET le Lundi 21 Février 2011 à 04:56 | Lu 279 fois