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Mondial de rugby: le typhon attise les passions


Tokyo, Japon | AFP | vendredi 11/10/2019 - L'incertitude pesant sur le décisif Japon-Écosse dimanche ainsi que l'annulation d'Angleterre-France et surtout de Nouvelle-Zélande - Italie pour cause de typhon déchainent les passions à la Coupe du monde de rugby.

Pour une fois, le sélectionneur du Japon, l'ex-All Black Jamie Joseph s'est départi de son ton patelin. Devant la presse, vendredi, il a lu ses notes.
"Je ressens qu'ils ont miné les résultats de l'équipe nationale du Japon et la signification, pour le Japon, du match de dimanche face à l’Écosse", a-t-il dit.
"Ils" ? Qui visait-il ? A priori, Jamie Joseph a ciblé la fédération et le sélectionneur écossais Gregor Townsend, qui ont mis explicitement la pression sur World Rugby pour que le match Japon-Écosse, décisif dans la course à la qualification pour les quarts de finale, ait lieu dimanche (ou lundi) à Yokohama, dans la banlieue de Tokyo, au lendemain du passage prévu d'Hagibis sur la mégalopole japonaise.
Le XV du Chardon ne veut pas entendre parler d'une éventuelle annulation du match, synonyme de match nul (0-0) et donc d'élimination.
"Mon point de vue c'est que nous ne laisserons pas l’Écosse être la victime collatérale d'une décision prise à la hâte", a déclaré vendredi le directeur général de la Fédération (SRU) Mark Dodson, avant d'ajouter: "Je pense qu'il y a des alternatives (en matière de stade) au Japon".
"Nous devons avoir confiance dans les organisateurs sur le fait que le match sera joué, même si c'est à huis clos ou dans un stade différent", avait lancé dès jeudi le sélectionneur Gregor Townsend.

- "Une réelle et significative menace" -

World Rugby a de son côté qualifié de "décevantes" les prises de position critiques de l’Écosse. 
"Il est décevant (de constater) que la Fédération écossaise fait de tels commentaires alors que nous mettons tout en œuvre pour que les matches prévus dimanche puissent avoir lieu comme prévu alors qu'il existe une réelle et significative menace sur la sécurité du public en raison de ce qui est considéré comme le plus important et le plus destructeur typhon frappant le Japon depuis 1958", a indiqué World Rugby dans un communiqué.
"Tout le monde au sein du groupe veut jouer ce match, a répondu le "Japonais" Jamie Joseph. C'est important pour nous que lundi matin, au lever, on puisse se dire qu'on a mérité d'être parmi les huit meilleures équipes". 
"Comme les 19 autres équipes, la Fédération écossaise a signé les conditions de participation à la Coupe du monde", souligne World Rugby, jugeant qu'il "serait inapproprié de faire d'autres commentaires alors que nous sommes pleinement concentrés sur la sécurité de tous ainsi que sur les matches du week-end".
Outre leurs adversaires Japonais, les Écossais se sont attirés les foudres d'Eddie Jones, le sélectionneur du XV d'Angleterre, qui n'a pourtant rien à voir directement avec l'histoire.
"On en a parlé tout le temps de ce qui pourrait se passer... C'est la saison des typhons et il faut être prêt pour cela", a déclaré Jones, depuis Miyasaki, dans le sud du Japon où il a emmené son équipe après l'annulation du match face à la France.

- Une fin "horrible" -

World Rugby attendra le passage d'Hagibis avant de prendre une décision sur la tenue du match Japon-Écosse, dimanche matin, juste quelques heures avant le coup d'envoi prévu à 19h45 locales (12h45 françaises).
Attendre en misant sur une amélioration ou anticiper la décision au nom de la sécurité pour tous ? Les organisateurs sont soumis à ce dilemme. Et l'annulation, quarante-huit heures avant le coup d'envoi, de Nouvelle-Zélande - Italie charrie également son lot de controverse.
Ainsi, vendredi matin, le placide deuxième ligne all black Sam Whitelock a réfuté tout traitement de faveur, alors que l'annulation du match a entraîné la qualification des Néo-Zélandais et entériné l'élimination de l'Italie qui aurait dû battre les doubles champions du monde en titre avec un point de bonus pour espérer atteindre les quarts de finale.
"Ce n'est pas nous qui prenons les décisions; ça vient de plus haut (ndlr: des organisateurs). C'est à ces gens-là qu'il faut demander", a lancé Whitelock.
Il répondait ainsi au capitaine italien Sergio Parisse qui avait déclaré la veille: "Si la Nouvelle-Zélande avait (eu) besoin de quatre ou cinq points contre nous, (le match) n'aurait pas été annulé". 
Dans la foulée, le sélectionneur de l'Italie Conor O'Shea avait lui déclaré que la Coupe du monde se terminait de façon "horrible" pour son équipe.

le Vendredi 11 Octobre 2019 à 03:49 | Lu 363 fois