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Moins d'un mois après le cyclone, Mayotte sur le qui-vive avant une tempête


Alexis DUCLOS / AFP
Alexis DUCLOS / AFP
Mamoudzou, France | AFP | vendredi 10/01/2025 - Une pré-alerte cyclonique a été déclenchée vendredi à Mayotte à l'approche de la tempête tropicale Dikeledi, qui devrait passer dimanche près du petit archipel dévasté le 14 décembre par le cyclone Chido, où les habitants constituent des réserves en prévision de nouvelles perturbations.

L'alerte dans le territoire de l'océan Indien est en vigueur depuis 09H00 locales (07H00 à Paris), a indiqué la préfecture dans un communiqué, et la rentrée des enseignants prévue lundi a été reportée.

Au moment du passage près de Mayotte de ce système dépressionnaire qui pourrait alors avoir atteint le stade de "forte tempête tropicale", Météo-France prévoit "des rafales de vent de 90-100 km/h" et évoque "un risque de submersion marine sur les côtes". De "fortes précipitations discontinues" sont attendues dès samedi soir et jusqu'à la nuit de dimanche à lundi.

Avant le passage de Dikeledi, à environ 140 km au sud de Mayotte, la préfecture a recommandé aux habitants d'anticiper les traitements en cas de pathologies et de "préparer des réserves d'éclairage", "d'eau, de nourriture non périssable et un kit de secours".

Le préfet a aussi demandé aux habitants d'annuler les sorties durant le week-end, de fixer les objets et obstacles "susceptibles de constituer des dangers ou des projectiles" en cas de rafales de vent et de faciliter l'évacuation d'eau.

- "On va éponger" -

Vendredi après-midi, les files d'attente devant les stations-service s'allongent de manière exceptionnelle et les habitants de l'archipel s'approvisionnent en packs d'eau, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Pas forcément apeurés mais échaudés depuis le passage dévastateur de Chido le 14 décembre et ses rafales de vent ayant dépassé les 220 km/h, les Mahorais attendent patiemment dans les grandes surfaces que les palettes d'eau sortent des réserves.

Dans un centre commercial situé dans le chef-lieu de l'île, un employé rappelle à tous: "un pack d'eau par famille !" 

"Je n'ai pas d'appréhension mais on va éponger", se prépare Stéphane, retraité de 64 ans.

Akime Halidi, enseignant de 29 ans, vient lui chercher "de l'eau, des bougies et s'il y avait des pâtes, ça m'arrangerait". Il confie à l'AFP "avoir peur, après Chido, traumatisant".

Farah, 46 ans, comme sa fillette Yamina, pense "que ce ne sera pas comme Chido" mais fait quelques provisions non périssables tout de même.

Le passage de ce cyclone tropical intense, le plus dévastateur qu'a connu le petit archipel de l'océan Indien en 90 ans, a fait au moins 39 morts et plus de 5.600 blessés, détruisant de très nombreuses habitations précaires et en dur du 101e département de France.

Dikeledi est "un évènement de moindre importance que Chido. En revanche c'est un évènement sérieux", a déclaré sur le plateau de Mayotte la 1ère le préfet François-Xavier Bieuville.

Il a ainsi annoncé que décision avait été prise de "décaler de quelques jours" la rentrée scolaire administrative prévue le 13 janvier "pour justement absorber ce nouveau choc, faire en sorte que nous y soyons préparés".

Il a ajouté que la date de rentrée serait annoncée "dans les prochaines heures par le recteur".

Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien de novembre à mars, mais cette année, les eaux de surface sont proches de 30°C dans la zone, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique observé également cet automne dans l'Atlantique nord et le Pacifique.

Chido a causé des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France.

Dans son dernier bilan, daté du 8 janvier, Santé publique France note une "forte augmentation des recours aux soins pour troubles digestifs" au centre hospitalier de Mayotte, et souligne que "la destruction des infrastructures et l'accès limité à l'eau potable augmentent le risque" de maladies (choléra, gastro-entérites, bronchiolite, etc).  

"Parmi les 237 foyers enquêtés lors des maraudes communautaires entre le 30 décembre 2024 et le 5 janvier 2025, 37% comptaient au moins un adulte déclarant des problèmes psychologiques (stress, etc.), tandis que 33% rapportaient qu'au moins un enfant présentait ces mêmes problèmes", souligne l'agence sanitaire.

le Vendredi 10 Janvier 2025 à 07:08 | Lu 239 fois