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Mirose Paia : "Mon rôle est de voir si les graphies ne sont pas mélangées"


PAPEETE, le 2 juillet 2019 - Mirose Paia fait partie des membres du jury et elle se charge de l'écriture. Avec l'aide d'un comité de lecture, la maitre en conférences à l'Université a bien étudié chaque thème. Ensemble, ils ont jugé l'authenticité des thèmes, mais aussi l'orthographe et la grammaire.

Elle a décroché le prix du meilleur auteur au Heiva i Tahiti 2018. Cette année, Mirose Paia fait partie du jury et elle se charge de l'écriture, c'est-à-dire qu'elle juge l'authenticité des thèmes.

Avec une petite équipe d'experts en linguistique, Mirose Paia a épluché tous les thèmes qui seront présentés durant ce heiva à To'atā. "Afin que l'on voie si les danses et les chants sont en accord avec le thème. Mon rôle est de voir si les graphies ne sont pas mélangées, de noter également la façon dont le thème a été amené, s'il y a eu un travail de recherche derrière… Je vais noter aussi la beauté des textes."

DE VRAIS TRESORS

Mirose Paia découvre de vrais trésors. "Je suis fière lorsque je vois les textes écrits en tahitien, c'est tellement beau, notre langue est belle. On voit des thèmes racontés sous différents angles et écrits différemment. Le heiva est un bon moyen pour transmettre nos langues à notre jeunesse, surtout chez les danseurs. On sait que la pratique de la langue est moins courante dans les grandes villes et j'espère que le fait de pratiquer l'usage de la langue maternelle durant ces mois de répétition, va inciter cette jeunesse à se réapproprier sa langue."

Chaque année, les thèmes racontés au Heiva i Tahiti varient. Et le jury regrette que les faits historiques soient de moins en moins nombreux. Pour beaucoup, le patrimoine historique polynésien devrait être d'avantage mis en avant, afin de transmettre cela aux futures générations. Ce constat ne pourra pas influencer la notation des membres du jury, puisqu'en termes d'écriture, Mirose Paia se contentera uniquement de regarder si le thème est en accord avec le texte, la danse ou les chants. "Pratiquons notre langue, on sait qu'elle est bien utilisée pendant le heiva. Donc, j'encourage les chefs de groupe de l'agglomération de Papeete à poursuivre leurs efforts. Je suis sûre que notre langue a un bel avenir devant elle, grâce à tous ces efforts", confie Mirose Paia.


Mirose Paia
Jury en écriture

"Nous recherchons cette âme mā’ohi dans chaque thème"


"Les thèmes sont variés, mais nous recherchons cette âme mā’ohi dans chaque thème. Ce qui veut dire que si tu écris ton thème en pensant en français, eh bien, on ne retrouvera pas cette âme mā’ohi. Voilà, le plus grand souci que nous rencontrons aujourd’hui. Et ce message n’est pas uniquement destiné aux auteurs, mais à toutes les personnes qui recherchent des thèmes, sans vraiment donner d’importance à cette âme mā’ohi. Il faut vraiment que des efforts soient faits dans ce sens. Mais, ce problème, on ne le retrouve pas uniquement dans les écrits, on le retrouve aussi sur la scène. Donc, nous veillons vraiment à ce que tout concorde, parce qu’on peut retrouver cette âme mā’ohi dans les écrits et pas sur la scène.
Dans nos tournées, j’explique aux groupes l’importance de bien développer leur thème dans leur prestation, c’est la raison pour laquelle un coefficient est donné pour la mise en scène du thème. Et j’ai remarqué aussi que même si les danses sont belles et que le spectacle est magnifique, à partir du moment, où il n’y a pas cette âme mā’ohi qui nous relie au fenua, il n’y aura pas ce petit plus qui fera toute la différence dans un heiva. On demande vraiment aux groupes de nous démontrer que le heiva est notre fête, et non un événement qui vient de l’extérieur.
Quand j’ai lu les thèmes, j’ai retrouvé quelques petites erreurs. Je me suis même demandée si ces histoires existaient réellement. Ou bien, est-ce-que on n’a pas fait en sorte de les rendre réelles ? Notre rôle est de voir si ces histoires sont réelles, est-ce-que cela correspond à notre façon de vivre ? Si, on rédige un thème en ayant en tête une pensée française ou étrangère, nous perdrons notre identité mā’ohi. On retrouve nos manies mā’ohi, dans les pupu hīmene. Dans les groupes de danse, on ne retrouve plus cette ambiance de vie en communauté. Avant, les groupes venaient pour représenter leur commune, leur district. Aujourd’hui, ils viennent sous la houlette d’un groupe de danse. Si on vient pour représenter sa commune, son district, c’est différent. Lorsque tu portes les couleurs de ta commune, la mentalité est autre."





Rédigé par Corinne Tehetia le Mardi 2 Juillet 2019 à 20:29 | Lu 202 fois