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Migrants: nouveau naufrage dans la Manche, deux morts


Crédit Sameer Al-DOUMY / AFP
Crédit Sameer Al-DOUMY / AFP
Boulogne-sur-Mer, France | AFP | mercredi 22/11/2023 - 0Deux ans presque jour pour jour après le drame qui avait coûté la vie à 27 migrants en 2021, un homme et une femme sont morts mercredi dans le naufrage de leur embarcation en tentant de traverser la Manche pour rallier l'Angleterre.

Ces deux migrants, âgés d'une trentaine d'années, se trouvaient à bord d'un bateau où s'entassaient une soixantaine de personnes, qui a chaviré peu après être parti vers 13H30 d'une plage entre Neufchâtel-Hardelot et Equihen-Plage (Pas-de-Calais), a précisé à l'AFP le procureur de Boulogne-sur-mer, Guirec Le Bras. Les 58 autres naufragés ont été ramenés à terre, certains en état d'hypothermie. 

Il s'agit, selon la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Prémar), des septième et huitième décès en mer depuis le début de l'année "en lien avec le phénomène migratoire".

Les autres remontent au 12 août, quand six Afghans de 21 à 34 ans ont perdu la vie dans un naufrage, le plus meurtrier dans le détroit du Pas-de-Calais depuis celui du 24 novembre 2021. Au moins 27 migrants avaient alors péri.

Selon M. Le Bras, plusieurs embarcations sont parties de cette plage mercredi matin, malgré la présence des gendarmes, qui n'ont pas réussi à empêcher tous les départs.

Une enquête pour "homicide involontaire aggravé" et "aide au séjour d'un étranger en situation irrégulière" a été ouverte.

Fillette de sept ans

D'après la Prémar, l'embarcation s'est trouvée en difficulté "à moins d'un kilomètre de la plage". 

Six bateaux ont été mobilisés, ainsi qu'un hélicoptère, afin de localiser les deux disparus, qui n'ont ensuite pas pu être réanimés.

Une tente a été montée à Boulogne-sur-Mer pour accueillir les rescapés, dont certains étaient recouverts de couvertures de survie mercredi soir, au milieu de véhicules de la protection civile et des pompiers, a constaté un correspondant de l'AFP.

Trois personnes ont été hospitalisées --deux femmes enceintes et une personne hélitreuillée hors de l'eau-- selon les pompiers, qui précisent avoir mis à l'abri une fillette de sept ans.

Olivier Ternisien président d'Osmose 62, qui vient en aide aux exilés dans le Boulonnais a déploré la présence croissantes des gendarmes sur le littoral au moment des départs, "ce qui renforce les prises de risque" des migrants.

Jamais auparavant ils n'auraient tenté de prendre la mer sur "une fenêtre météo aussi courte" que celle de ce mercredi, a-t-il estimé.

"Il n'y a toujours pas de voie de passage sûre et légale pour les personnes qui tentent de gagner l'Angleterre et les stratégies de militarisation de la côte ne servent qu'à faire prendre plus de risques", a dénoncé Julie, une coordinatrice de l'association Utopia56 à Calais, qui ne souhaite pas donner son nom.

"Jeux olympiques"

Le nombre moyen de passagers par embarcation pour ces traversées ne cesse de croître, avec "en moyenne 53 personnes par embarcation, soit un quasi doublement depuis 2021", avait souligné la préfecture des Hauts-de-France à la fin de l'été.  

Depuis les années 1990 et après la fermeture en 2002 d'un centre de la Croix-Rouge à Sangatte (Pas-de-Calais) des centaines d'exilés s'entassent dans des tentes et des abris de fortune à Calais ou Dunkerque pour tenter de rallier l'Angleterre, cachés dans des camions ou par bateau.

Selon les autorités britanniques, plus de 27.000 personnes sont arrivées au Royaume-Uni en traversant la Manche depuis le début de l'année, après un record de 45.000 en 2022.

La plupart demandent l'asile, ce qui a entrainé un engorgement du traitement de ces demandes.

Les autorités françaises procèdent régulièrement à des démantèlements de campements sur le littoral. Fin octobre, 5.452 personnes avaient été "mises à l'abri" depuis le début de l'année, selon la préfecture de région.

"La situation de précarité de ces malheureux, qui veulent partir coûte que coûte, s'est aggravée depuis que l'on vide les camps de la région parisienne en prévision des Jeux olympiques", accuse Jean-Claude Lenoir, président de Salam, une autre association d'aide aux exilés.  

le Jeudi 23 Novembre 2023 à 06:12 | Lu 175 fois