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Meurtres dans l'Yonne: Michel Fourniret confronté à son ex-femme chez la juge


Paris, France | AFP | vendredi 19/10/2018 - Une première depuis onze ans: Michel Fourniret a retrouvé vendredi son ex-femme Monique Olivier à Paris dans le bureau de la juge d'instruction qui veut confronter leurs versions sur deux meurtres dans l'Yonne, vieux de plus de trente ans, qu'il a reconnus récemment.

Les deux ex-époux, qui ont divorcé en 2010, sont arrivés au bureau de la juge dans le tribunal de grande instance de Paris vers 10H00. 
Le but de ce face-à-face, révélé par Europe 1, "était de voir si chacun restait sur ses déclarations dans le cadre des meurtres de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece", a expliqué à l'AFP l'avocat de Mme Olivier, Me Richard Delgenes, lors d'une suspension de la confrontation.
Le 17 mai 1990, le corps nu de la Britannique Joanna Parrish, alors assistante d'anglais au lycée Jacques-Aymot d'Auxerre, avait été retrouvé à Monéteau. La jeune femme de 20 ans avait été violée et battue avant sa mort.
Marie-Angèle Domece, handicapée mentale, avait pour sa part disparu le 8 juillet 1988 dans l'Yonne, à 19 ans. Son corps n'a jamais été retrouvé.
"Chacun est resté campé sur ses positions pour le moment mais on rentre crescendo dans le vif du sujet", a indiqué Me Delgenes. "Michel Fourniret a la mémoire qui vacille, semble-t-il, mais ne contredit pas la version de Monique Olivier", a-t-il ajouté. 
A deux reprises, Monique Olivier avait attribué les meurtres des deux jeunes femmes à Michel Fourniret, avant de se rétracter par la suite.
Entendu en février et mars dans le cadre de l'enquête menée par la juge d'instruction parisienne, Michel Fourniret avait livré des "aveux réitérés" pour ces deux nouveaux crimes, selon les termes d'un avocat des familles des victimes. 
Celui qui est surnommé "l'ogre des Ardennes" s'était montré très mystérieux lors des interrogatoires. "Si ces personnes n'avaient pas croisé mon chemin elles seraient toujours vivantes", a-t-il déclaré lors d'une de ces auditions de février dont l'AFP a eu connaissance. Mais il n'a rien livré sur les circonstances des meurtres, ni sur le lieu où pourrait se trouver le corps de Marie-Angèle Domece.
 

- Fouilles infructueuses -

 
Fin septembre-début octobre, des fouilles ont été menées dans l'Yonne. Michel Fourniret et Monique Olivier ont été amenés tour à tour sur les lieux mais les fouilles n'ont rien donné, selon une source proche de l'enquête. Des recherches ont notamment été entreprises à Auxerre, à Monéteau, sur un terrain familial à Saint-Cyr-les-Colons et un bois proche du village.
Michel Fourniret avait été mis en examen le 11 mars 2008 pour les enlèvements et les assassinats de ces deux jeunes femmes avant de bénéficier dans ce dossier, par la suite dépaysé de Charleville-Mézières à Paris, d'un non-lieu le 14 septembre 2011. Mais l'affaire avait été relancée en juin 2012 quand la cour d'appel de Paris avait annulé ce non-lieu et demandé aux juges de rouvrir l'instruction sur la base de nouvelles pistes.
Depuis qu'elle a repris en main le dossier, la juge Sabine Khéris tente de comprendre les ressorts psychologiques du tueur et de faire parler la mémoire du septuagénaire sur ces faits vieux de plus de 30 ans.
Selon les avocats des familles des deux jeunes filles, la magistrate pourrait clore l'instruction à la fin de l'année, ouvrant la voie à un nouveau procès d'assises courant 2020.
Michel Fourniret a été condamné en 2008 par la cour d'assises des Ardennes à la perpétuité incompressible pour sept autres meurtres. Monique Olivier a, elle, écopé de la perpétuité, accompagnée d'une mesure de sûreté de 28 ans, pour sa complicité dans cinq meurtres.
Le tueur en série sera par ailleurs jugé par la cour d'assises des Yvelines en novembre pour l'assassinat crapuleux en 1988 de l'épouse d'un ex-codétenu, Farida Hammiche, qui lui avait permis de faire main basse sur le magot du "gang des postiches". Monique Olivier, 69 ans, sera jugée pour complicité. L'ex-couple devra également répondre de recel.
Par ailleurs, la piste Fourniret a récemment été rouverte dans l'affaire de la disparition il y a quinze ans d'Estelle Mouzin, 9 ans, en Seine-et-Marne. Des fouilles ont été effectuées début septembre au domicile d'une autre ex-épouse du tueur en série à Clairefontaine (Yvelines), sans résultat.

le Vendredi 19 Octobre 2018 à 06:11 | Lu 159 fois