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Menace de blocage de Papeete : Richard Didier affirme ne pas pouvoir tolérer


Menace de blocage de Papeete : Richard Didier affirme ne pas pouvoir tolérer
Richard Didier, représentant de l’Etat en Polynésie française a accordé un entretien à Tahiti infos, samedi 14 juillet en marge des festivités de la commémoration du 223e anniversaire de la révolution française. Le Haut Commissaire revient notamment sur son séjour en métropole et la nature des priorités de sa mission en Polynésie, en accord avec son ministère de tutelle.
Concernant le possible blocage de Papeete, mardi, en cas de non entente entre le Pays et le collectif interprofessionnel Te Tau no te Hono, sur la question de la dernière hausse du prix des carburants, Richard Didier incite à la négociation et prévient qu’il ne pourra tolérer un blocage du pays.

Tahiti infos : Cette cérémonie du 14 juillet 2012 a fait honneur au Rimap-p qui sera dissout la semaine prochaine. Une page se tourne en Polynésie française ?

Richard Didier : La décision a été prise de dissoudre le Rimap Polynésie ainsi que la Base aérienne. Cette dernière sera remplacée par un Détachement Air, qui aura les mêmes missions et les mêmes moyens. Le Rimap-p est remplacé par un Détachement Terre, avec des compagnies tournantes. En terme d’effectif, la situation demeure inchangée, mais c’est vrai qu’il y a une certaine forme de tristesse à voir une des belles pages de l’histoire de la France et de la Polynésie se tourner, avec la dissolution de l’héritier du Bataillon du Pacifique.

Tahiti infos : En marge de la réunion des préfets, début juillet, vous avez eu une réunion spécifique de travail avec le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel. Aujourd’hui avez-vous des précisions concernant les priorités de votre mission en Polynésie française ?

Richard Didier : Effectivement, il y a eu deux réunions : la réunion des préfets traditionnelle, avec le ministre de l’Intérieur et la réunion des préfets d’outre-mer, avec Victorin Lurel. Ce qu’il faut retenir, c’est que les ministères sont au travail. Les cabinets et les services sont à l’œuvre. Il y a évidemment une phase de découverte des dossiers ; mais maintenant on entre dans la phase active, avec un certain nombre de décisions qui ont été prises.
Les premières décisions pour la Polynésie, sont financières. Vous savez que la situation financière de la collectivité, du Pays, est mauvaise. Une première aide a été décidée. Par ailleurs, une feuille de route détaille un certain nombre de thématiques : pour l’instant la situation financière, ensuite la situation économique avec la réflexion sur le modèle de développement, sur le contrat de développement, sur éventuellement un nouveau contrat ou une modification du contrat actuel. Et de manière générale, une déclinaison de toutes les thématiques que le ministre des Outre-mer cherche à appliquer.


Tahiti infos : Après l’interruption prématurée du comité de suivi du plan de redressement de la Polynésie française, en mars dernier, le Pays avait laissé entendre que les discussions ne reprendraient qu’après les présidentielles. Un planning a-t-il été établi pour la reprise de ces réunions bilatérales ?

Richard Didier : On a discuté de cela avec le président du Pays. Il s’agit de remettre en place ce comité de suivi dans les prochaines semaines. Dès que les différents élus et ministres seront présents, nous aurons à nous réunir. Je crois que collectivement, qu’il s’agisse du Pays ou du gouvernement national, on maintient ce cap du plan de redressement. C’est une nécessité. Cet avis est partagé par les uns et les autres. Il s’agit d’aborder concrètement un certain nombre de sujets : la mise en œuvre d’un plan de départ volontaire à la retraite, la réduction des effectifs de l’administration, la réorganisation des différents services… Ce sont des sujets que nous avons déjà abordés avec le précédent gouvernement (gouvernement Fillon, ndlr) et le Pays, lors des réunions. Cela avait abouti à quelques tensions, notamment sur les conditionnalités posées ; mais les problématiques ont été posées.
Nous allons reprendre ce travail avec une méthodologie certainement différente mais nous le considérons – et cela a été réaffirmé par le Président Temaru – comme une nécessité.
Nous allons remettre en place ce comité de suivi dans les prochaines semaines.

Menace de blocage de Papeete : Richard Didier affirme ne pas pouvoir tolérer
Tahiti infos : Le président de la République et son ministre des Outre-mer ont laissé entendre l’un et l’autre, qu’ils pourraient effectuer une visite en Polynésie. Avez-vous des précisions à ce sujet ?

Richard Didier : Non. Le président de la République s’est engagé à venir durant son quinquennat. La date reste à définir. Le ministre des Outre-mer a plusieurs possibilités. Nous en avons parlé ensemble. Il devrait faire un déplacement d’ici la fin de l’année. A quelle occasion ? Cela reste encore à préciser. L’activité gouvernementale est très chargée en ce moment et il met en place son planning progressivement.

Tahiti infos : Un mot sur les menaces de blocage de la ville, mardi, faites par le comité interprofessionnel Te Tau no te Hono, qui conteste la dernière augmentation du prix des carburant décidée par le gouvernement Temaru. Dans le cadre de votre mission de maintient de l’ordre, comment comptez-vous réagir en cas de blocage effectif ?

Richard Didier : Dans un premier temps, je considère que la négociation est une nécessité. Vous le signalez, la compétence en matière de fixation du prix des hydrocarbures incombe au Pays. J’incite le Pays à négocier avec les opposants. (…) Cette phase est très importante. Ensuite, il est bien évident que l’on ne peut pas tolérer que le pays soit bloqué. Même si les revendications peuvent être légitimes. Nous l’avons vu avec la grève de l’aéroport, avec celle de Air Tahiti qui heureusement s’est bien terminée. Il peut y avoir des revendications légitimes, un mode d’expression qui fasse que l’on passe par la grève ; mais on ne doit pas arriver à une situation de blocage. Il y a des cargos qui arrivent cette semaine ; les gens qui résident à Moorea seraient pénalisés (…) diverses nuisances peuvent survenir pour la population en cas de blocage. Nous verrons avec le Pays comment réagir de manière concertée, le cas échéant. Mais c’est vrai que nous ne pouvons pas tolérer que des gens prennent en otage d’autres gens même si, encore une fois, les revendications sont légitimes.

Tahiti infos : En cas de blocage, quelle sera la fermeté de votre réaction ?

Richard Didier : Comme ça a été le cas lors du dernier blocage du port de Papeete, on avait réagi. Je souhaite pour l’instant que la négociation se développe. En fonction de l’évolution, l’Etat prendra ses responsabilités.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Dimanche 15 Juillet 2012 à 11:07 | Lu 5892 fois