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Médicaments non utilisés: la moitié reste encore dans les placards


Médicaments non utilisés: la moitié reste encore dans les placards
PARIS, 5 avril 2011 (AFP) - Bouteilles de sirop, suppositoires, comprimés, périmés ou non : rapporter les médicaments non utilisés dans les pharmacies est une pratique de plus en plus courante, mais chaque année 13.000 tonnes restent dans les placards, en dépit des risques pour la santé et l'environnement.

Lancée en 1993 par l'industrie pharmaceutique, la collecte des médicaments non utilisés (MNU) par les pharmaciens est obligatoire depuis 2007, a rappelé mardi devant la presse Thierry Moreau Defarges, le président de Cyclamed, l'association qui la gère.

Jusque fin 2008, une petite partie de ces médicaments, non périmés, étaient utilisés pour des actions humanitaires à l'étranger. Mais ils étaient souvent inadéquats, sans garanties suffisantes de conservation, et contribuaient à alimenter des circuits parallèles de revente. En 2005, ce trafic avait engendré 21 plaintes en justice ou poursuites disciplinaires devant le Conseil de l'Ordre des pharmaciens.

Depuis le 1er janvier 2009, ces médicaments hors d'usage, emballages compris, ne sont plus jamais redistribués à d'autres mais éliminés dans 52 incinérateurs conformes aux normes environnementales, pour chauffer et éclairer, selon Cyclamed, "des milliers de logements".

"La substance médicamenteuse elle-même n'a pas un grand pouvoir calorique, mais brûler le contenant fournit de l'énergie", souligne M. Moreau Defarges. Selon lui il n'y a "aucun risque de pollution atmosphérique".

Même si certains pharmaciens manifestent parfois leur réticence, la pratique est entrée dans les moeurs : en 2010, 13.402 tonnes ont été déposées dans les officines.

En gramme par habitant, le Limousin remporte la palme (300), suivi de la Picardie et du Nord-Pas de Calais. La Corse (156) et l'Ile de France (160) sont les plus mauvais élèves.

Les pharmaciens disposent d'affichettes précisant les MNU qu'on peut rapporter : sirops, solutions, suppositoires, ovules, comprimés, gélules, pommades, crèmes, aérosols, sprays...

En revanche, les seringues et aiguilles sont exclues du dispositif, de même que les radios ou les thermomètres, les pansements, les lunettes, les compléments alimentaires, la parapharmacie ou les produits pour animaux, vendus le plus souvent par le vétérinaire lui-même.

En rapportant les médicaments inutiles, on participe à la protection de l'environnement, en évitant le relargage des médicaments dans les toilettes ou leur dissémination dans des décharges, au risque de polluer la terre et les eaux de surface ou souterraines.

Cela permet aussi d'éviter que les médicaments inutiles traînent chez les particuliers, favorisant des intoxications accidentelles, notamment des enfants.

Aujourd'hui, 72% des Français disent déposer "toujours ou souvent" leurs médicaments non utilisés chez le pharmacien, selon un sondage LH2 réalisé par téléphone début février auprès de 960 personnes.

Une autre enquête, conduite par Csa en février 2010 dans un peu plus de 500 foyers, a fait apparaître, à une date donnée, que sur en moyenne 1,5 kg de médicaments se trouvant à la maison, 477g étaient inutiles ou périmés. Soit un total estimé de quelque 12.700 tonnes.

chc/jca/phc

Rédigé par Par Christine COURCOL le Mardi 5 Avril 2011 à 06:21 | Lu 765 fois