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MeToo cinéma: le parquet requiert la mise en examen de Benoît Jacquot pour viols


Filippo MONTEFORTE / AFP
Filippo MONTEFORTE / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 03/07/2024 - L'étau judiciaire se resserre dans une enquête-phare du #MeToo français visant deux cinéastes: le parquet de Paris a requis la mise en examen pour viols de Benoît Jacquot et réfléchit aux "suites à donner" aux accusations visant Jacques Doillon.

Les deux hommes, qui réfutent les accusations les visant, étaient en garde à vue depuis lundi à la brigade de protection des mineurs.

Après y avoir passé une nouvelle nuit, Benoît Jacquot, 77 ans, est présenté mercredi à un juge d'instruction, qui doit trancher sur sa mise en examen ou non.

Contacté par l'AFP, le parquet a indiqué avoir demandé cette mise en examen pour "viol, agression sexuelle et violences, susceptibles d'avoir été commis entre 2013 et 2018" au préjudice de l'actrice Julia Roy et pour "viol sur mineur par personne ayant autorité, viol par concubin, susceptibles d'avoir été commis entre 1998 et 2000, et en 2007" au préjudice de l'actrice Isild Le Besco.

Le ministère public a aussi requis son placement sous contrôle judiciaire.

L'avocate de Benoît Jacquot, Me Julia Minkowski, n'a pas souhaité commenter à ce stade. Lundi, elle avait déploré des "atteintes incessantes" à la présomption d'innocence de son client.

L'actrice Julia Roy, quarante-deux  ans de moins que Benoît Jacquot et qui a joué dans quatre des ses films de 2016 à 2021, a évoqué "un contexte de violences et de contrainte morale qui a duré plusieurs années", dans sa plainte le visant et dénonçant des viols et des agressions sexuelles, selon une source proche du dossier.

La comédienne Isild le Besco, aujourd'hui âgée de 41 ans, a tourné six films avec Benoît Jacquot qu'elle a rencontré quand elle avait 16 ans et accuse de violences sexuelles, psychologiques et physiques.

"Je crois que Benoît n'est pas un homme qui souhaite faire du mal sciemment. Je ne le vois pas étrangler une femme par plaisir en pleine conscience, comme d’autres hommes le font. Benoît, c’est autre chose: il a cette volonté de pouvoir absolu, de contrôle", a-t-elle estimé dans un entretien mercredi au magazine Elle.

- "Notre espoir persiste" - 

L'autre mis en cause, Jacques Doillon, a lui vu sa garde à vue levée mardi soir "pour des raisons médicales", a expliqué le parquet de Paris.

Le réalisateur et producteur, 80 ans, a été relâché sans poursuites à ce stade, le ministère public devant encore définir "les modalités des suites à donner" le concernant.

Son avocate, Me Marie Dosé, n'a pas souhaité réagir.

"Dans les deux procédures, les plaignantes qui ont dénoncé des faits qui ne figurent pas dans la prévention retenue seront contactées personnellement", a souligné le parquet.

L'enquête préliminaire a été déclenchée après la plainte déposée par une autre actrice, Judith Godrèche, contre les deux cinéastes, qui contestent les accusations.

Agée de 52 ans, l'actrice a accusé publiquement début février Benoît Jacquot de viols puis Jacques Doillon d'agression sexuelle, déclenchant une nouvelle tempête dans le cinéma français, jusqu'à ébranler la cérémonie des César ou le Festival de Cannes.

"Nous prenons acte du défèrement de Benoît Jacquot devant un juge d'instruction pour des faits de même nature que ceux commis à l'encontre de Judith Godrèche dont les faits sont, pour ce qui la concerne, prescrits", a réagi auprès de l'AFP le conseil de l'actrice, Me Laure Heinich.

"Ces plaintes (d'Isild Le Besco et de Julia Roy, NDLR) sont non prescrites. La période que j'ai dénoncée est prescrite. Mais je me sens entendue à travers cette décision", a abondé Judith Godrèche dans une publication sur Instagram.

"Rien ne s'efface. Rien n'est réparé. Que la loi s'empare de celui qui faisait sa loi sur nous", a-t-elle insisté. "J'apprends également que le parquet n'a pas encore pris de décision concernant Jacques Doillon. Toutes ses victimes et moi-même retenons notre souffle. Notre espoir persiste."

Une commission d'enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma, l'audiovisuel, le spectacle vivant, la mode et la publicité a débuté ses travaux en mai, stoppés net après la dissolution le 9 juin de l'Assemblée nationale.

le Mercredi 3 Juillet 2024 à 06:48 | Lu 515 fois