Tahiti le 8 novembre 2023 - Il se prépare à une aventure peu commune. Matthieu Juncker projette de s’installer, seul, sur un atoll des Tuamotu pendant huit mois. Au-delà de l’expérience, il annonce effectuer un suivi scientifique d’un oiseau emblématique, le Titi, et alerter sur les impacts liés aux activités humaines et au dérèglement climatique pour inviter le grand public à l’action. Car, si rien ne change, nos atolls pourraient disparaître d’ici un siècle au plus.
Le projet de Matthieu Juncker s’intitule À contre-courant, Ki mua ki te kōpape en pa’umotu. Il consiste en une aventure scientifique et environnementale. “Je vais relever le défi de vivre seul sur un atoll inhabité du Pacifique pour observer la nature et rapporter le témoignage d’un environnement en sursis.” Il va observer, aux Tuamotu, une faune sauvage menacée de disparition et inciter à agir pour préserver ces îles. Il y aurait 400 atolls sur la planète dont près d’un quart en Polynésie française. Mais ils pourraient être rayés de la carte si la température du globe augmente de plus de 2°C. Les écosystèmes coralliens disparaîtraient eux aussi.
Après avoir passé vingt ans à étudier l’environnement des îles du Pacifique de manière conventionnelle, Matthieu Juncker ressent le besoin de sortir des sentiers battus. Son aventure doit durer huit mois, aux Tuamotu. En attendant, il se prépare. Malgré sa motivation, son expérience et ses connaissances, il sait qu’il a beaucoup à apprendre et que la vie sur place ne sera pas de tout repos. En effet, sur un atoll, le quotidien peut être austère et difficile : les ressources en eau sont extrêmement limitées, les UV puissants, le climat très humide. Il n’y aura pas de poste de secours à proximité, ni compagnon pour mettre en veille la solitude. Matthieu Juncker devra faire preuve de patience, de persévérance et d’humilité.
En restant seul sur site 200 jours consécutifs, Matthieu Juncker pourra observer la faune en limitant son dérangement. Il va s’intéresser en particulier à un oiseau appelé titi (ou chevalier des Tuamotu) et aux pressions qui pèsent sur lui. Cet oiseau terrestre est menacé d’extinction. Endémique de l’archipel, il est très vulnérable face aux pressions humaines : la submersion de son îlot par les vagues, l’introduction de rats ou encore un incendie suffisent à le menacer voire le faire disparaître. Autrefois très commun, le titi, espèce curieuse et territoriale, s’est rarifié au point qu’il ne subsiste aujourd’hui plus que quelques centaines d’individus à l’échelle de la planète, dispersés sur quelques atolls des Tuamotu.
Matthieu Juncker recueillera des données sur l’espèce à l’aide d’observations visuelles, de capteurs, de drones, de caméras et d’enregistreurs audio. L’état de son habitat sera également évalué : présence de prédateurs introduits (rongeurs) ou encore érosion des îlots en lien avec la hauteur des vagues. Ces informations permettront de recommander les actions nécessaires pour préserver l’oiseau et plus globalement les îlots de l’atoll.
Le projet de Matthieu Juncker s’intitule À contre-courant, Ki mua ki te kōpape en pa’umotu. Il consiste en une aventure scientifique et environnementale. “Je vais relever le défi de vivre seul sur un atoll inhabité du Pacifique pour observer la nature et rapporter le témoignage d’un environnement en sursis.” Il va observer, aux Tuamotu, une faune sauvage menacée de disparition et inciter à agir pour préserver ces îles. Il y aurait 400 atolls sur la planète dont près d’un quart en Polynésie française. Mais ils pourraient être rayés de la carte si la température du globe augmente de plus de 2°C. Les écosystèmes coralliens disparaîtraient eux aussi.
Après avoir passé vingt ans à étudier l’environnement des îles du Pacifique de manière conventionnelle, Matthieu Juncker ressent le besoin de sortir des sentiers battus. Son aventure doit durer huit mois, aux Tuamotu. En attendant, il se prépare. Malgré sa motivation, son expérience et ses connaissances, il sait qu’il a beaucoup à apprendre et que la vie sur place ne sera pas de tout repos. En effet, sur un atoll, le quotidien peut être austère et difficile : les ressources en eau sont extrêmement limitées, les UV puissants, le climat très humide. Il n’y aura pas de poste de secours à proximité, ni compagnon pour mettre en veille la solitude. Matthieu Juncker devra faire preuve de patience, de persévérance et d’humilité.
En restant seul sur site 200 jours consécutifs, Matthieu Juncker pourra observer la faune en limitant son dérangement. Il va s’intéresser en particulier à un oiseau appelé titi (ou chevalier des Tuamotu) et aux pressions qui pèsent sur lui. Cet oiseau terrestre est menacé d’extinction. Endémique de l’archipel, il est très vulnérable face aux pressions humaines : la submersion de son îlot par les vagues, l’introduction de rats ou encore un incendie suffisent à le menacer voire le faire disparaître. Autrefois très commun, le titi, espèce curieuse et territoriale, s’est rarifié au point qu’il ne subsiste aujourd’hui plus que quelques centaines d’individus à l’échelle de la planète, dispersés sur quelques atolls des Tuamotu.
Matthieu Juncker recueillera des données sur l’espèce à l’aide d’observations visuelles, de capteurs, de drones, de caméras et d’enregistreurs audio. L’état de son habitat sera également évalué : présence de prédateurs introduits (rongeurs) ou encore érosion des îlots en lien avec la hauteur des vagues. Ces informations permettront de recommander les actions nécessaires pour préserver l’oiseau et plus globalement les îlots de l’atoll.
“Je ne marche pas encore mais je barbotte”
Côte d’Ivoire, 1978 : Matthieu Juncker a un an. “Je ne marche pas encore, mais je barbotte en apnée les yeux grands ouverts sur le fond de la lagune d’Abidjan.” Il passe les trois ou quatre premières années de sa vie en Afrique. Il rentre en France en famille et s’installe à Paris. Dix ans plus tard, il fait sa toute première randonnée palmée sur les récifs du Cap Corse. Il sait alors qu’il consacrera sa vie à l’environnement en général, la mer en particulier. Les poissons l’émerveillent.
Au cours des années qui suivent, il passe son temps libre à des parties de pêche à la ligne en Gironde et de chasse sous-marine sur la côte Atlantique, en Corse et en Tunisie. Sa passion pour la mer grandit. Il rêve de poissons plus colorés, plus nombreux également. Il troque sa canne à pêche contre un appareil photo. Il suit des études en biologie marine à l’université de Jussieu à Paris. Là, il plonge dans l’écologie, le fonctionnement des milieux et des organismes qui les peuplent. Il se plaît à comprendre les interactions entre ces organismes, surtout quand ils vivent sous l’eau.
En 2000, il embarque pour le Pacifique finir ses études de biologie marine. Une opportunité qu’il a saisie sans même réfléchir. Il a 24 ans, des livres de poissons, du matériel de photographie sous-marine et un maillot de bain. Depuis lors, il n’a plus jamais quitté l’Océanie.
Une nouvelle opportunité en 2002 l’a mené à Wallis-et-Futuna. Objectif ? Piloter les missions d’observation du milieu marin du territoire et faire une thèse. Trois ans plus tard, Matthieu Juncker était docteur en écologie marine. Il s’est formé au recueil des savoirs écologiques et à la gestion de projets multiculturels. À 32 ans, en 2009, il a pris la direction de l’Observatoire de l’environnement en Nouvelle-Calédonie. Il y est resté dix ans. Aujourd’hui, il travaille comme coordonnateur régional sur la pêche côtière et l’aquaculture dans le cadre d’un projet européen pour la Communauté du Pacifique (CPS/PROTEGE), une organisation intergouvernementale. Auteur et coauteur d’une quinzaine de publications, il a également publié quatre livres scientifiques et éducatifs sur la faune et la flore du Pacifique Sud.
De 2006 à 2012, il a cofondé et présidé la commission photo-vidéo sous-marine de Nouvelle-Calédonie (FFESSM) et réalisé de nombreux clichés sous-marins qui lui ont permis de remporter à cinq reprises le titre de champion de Nouvelle-Calédonie et de concourir au niveau national. Il est co-auteur et commissaire de l’exposition itinérante “Pêcher pour exister” présentée au centre culturel Tjibaou en Nouvelle-Calédonie et à Fidji (2017-2020). Il a, de plus, organisé plusieurs expéditions sur des sites isolés dans le Pacifique.
Au cours des années qui suivent, il passe son temps libre à des parties de pêche à la ligne en Gironde et de chasse sous-marine sur la côte Atlantique, en Corse et en Tunisie. Sa passion pour la mer grandit. Il rêve de poissons plus colorés, plus nombreux également. Il troque sa canne à pêche contre un appareil photo. Il suit des études en biologie marine à l’université de Jussieu à Paris. Là, il plonge dans l’écologie, le fonctionnement des milieux et des organismes qui les peuplent. Il se plaît à comprendre les interactions entre ces organismes, surtout quand ils vivent sous l’eau.
En 2000, il embarque pour le Pacifique finir ses études de biologie marine. Une opportunité qu’il a saisie sans même réfléchir. Il a 24 ans, des livres de poissons, du matériel de photographie sous-marine et un maillot de bain. Depuis lors, il n’a plus jamais quitté l’Océanie.
Une nouvelle opportunité en 2002 l’a mené à Wallis-et-Futuna. Objectif ? Piloter les missions d’observation du milieu marin du territoire et faire une thèse. Trois ans plus tard, Matthieu Juncker était docteur en écologie marine. Il s’est formé au recueil des savoirs écologiques et à la gestion de projets multiculturels. À 32 ans, en 2009, il a pris la direction de l’Observatoire de l’environnement en Nouvelle-Calédonie. Il y est resté dix ans. Aujourd’hui, il travaille comme coordonnateur régional sur la pêche côtière et l’aquaculture dans le cadre d’un projet européen pour la Communauté du Pacifique (CPS/PROTEGE), une organisation intergouvernementale. Auteur et coauteur d’une quinzaine de publications, il a également publié quatre livres scientifiques et éducatifs sur la faune et la flore du Pacifique Sud.
De 2006 à 2012, il a cofondé et présidé la commission photo-vidéo sous-marine de Nouvelle-Calédonie (FFESSM) et réalisé de nombreux clichés sous-marins qui lui ont permis de remporter à cinq reprises le titre de champion de Nouvelle-Calédonie et de concourir au niveau national. Il est co-auteur et commissaire de l’exposition itinérante “Pêcher pour exister” présentée au centre culturel Tjibaou en Nouvelle-Calédonie et à Fidji (2017-2020). Il a, de plus, organisé plusieurs expéditions sur des sites isolés dans le Pacifique.
“Il y a bien des raisons de ne pas changer”
Depuis vingt ans, il est aux premières loges pour observer l’environnement se dégrader. Depuis la fin de ses études, il a pris conscience de l’urgence climatique. “Mais comme beaucoup, j’ai laissé la spirale du quotidien prendre le dessus. Habitudes, facilités… il y a bien des raisons de ne pas changer.” Il est en quête de sens. Il répond également à une promesse qu’il s’est faite lorsqu’il est allé aux Tuamotu pour la toute première fois, il y a 23 ans. C’était à Tikehau, il avait été happé par la beauté des lieux, la puissance de la lumière, le foisonnement sous l’eau et la vie des pêcheurs et des résidents, simples, sensibles. Selon lui, les Polynésiens ont une grande sensibilité, un sens aigu de l’accueil, mais aussi un détachement, un grand sens de l’humour et une joie de vivre sincère. “Un jour, je reviendrai.”
Promesse tenue avec le projet À contre-courant, Ki mua ki te kōpape. Mais ce genre d’aventure ne s’improvise pas, elle impose une minutieuse et longue préparation en amont pour pouvoir s’adapter une fois sur place. Matthieu Juncker devra satisfaire les besoins essentiels et immédiats : boire, manger, s’abriter et se soigner.
Il envisage de récupérer et produire de l’eau douce via un dessalinisateur, de pêcher même si la mer est mauvaise, de reconnaître les algues et les rares plantes comestibles, d’éviter le venin des poissons, de soigner une plaie avant qu’elle ne s’infecte, de construire un fare résistant aux dépressions tropicales et surélevé en cas de raz-de-marée… Il aura sur place une communication satellite qu’il utilisera en dernier recours. En attendant, il s’est déjà rendu deux fois sur place, sur l’atoll dont il préfère taire le nom. Il a rencontré le conseil municipal, les habitants et les propriétaires fonciers dont il a obtenu l’aval pour vivre sur l’atoll. Il a pu échanger avec les acteurs du Pays gestionnaires, associations et obtenu une aide de l’Office français pour la biodiversité pour la commune concernée pour apprendre les habitudes et manières de vivre locales. Il est allé à la rencontre de scientifiques spécialisés en ornithologie, algues, plantes… Il pense également à la solitude qui s’annonce, “l’apprivoiser en acceptant les moments de grandes difficultés, aux découragements”. Il conclut : “J’espère être à la hauteur”. Si la préparation a déjà démarré depuis plusieurs mois, l’aventure à proprement dit commencera en avril 2024. Ensuite, un livre, une exposition et un film sont prévus.
Promesse tenue avec le projet À contre-courant, Ki mua ki te kōpape. Mais ce genre d’aventure ne s’improvise pas, elle impose une minutieuse et longue préparation en amont pour pouvoir s’adapter une fois sur place. Matthieu Juncker devra satisfaire les besoins essentiels et immédiats : boire, manger, s’abriter et se soigner.
Il envisage de récupérer et produire de l’eau douce via un dessalinisateur, de pêcher même si la mer est mauvaise, de reconnaître les algues et les rares plantes comestibles, d’éviter le venin des poissons, de soigner une plaie avant qu’elle ne s’infecte, de construire un fare résistant aux dépressions tropicales et surélevé en cas de raz-de-marée… Il aura sur place une communication satellite qu’il utilisera en dernier recours. En attendant, il s’est déjà rendu deux fois sur place, sur l’atoll dont il préfère taire le nom. Il a rencontré le conseil municipal, les habitants et les propriétaires fonciers dont il a obtenu l’aval pour vivre sur l’atoll. Il a pu échanger avec les acteurs du Pays gestionnaires, associations et obtenu une aide de l’Office français pour la biodiversité pour la commune concernée pour apprendre les habitudes et manières de vivre locales. Il est allé à la rencontre de scientifiques spécialisés en ornithologie, algues, plantes… Il pense également à la solitude qui s’annonce, “l’apprivoiser en acceptant les moments de grandes difficultés, aux découragements”. Il conclut : “J’espère être à la hauteur”. Si la préparation a déjà démarré depuis plusieurs mois, l’aventure à proprement dit commencera en avril 2024. Ensuite, un livre, une exposition et un film sont prévus.