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Matignon: Xavier Bertrand revient dans le jeu, le RN lui promet la censure


Sameer Al-Doumy / AFP
Sameer Al-Doumy / AFP
Paris, France | AFP | mardi 03/09/2024 - A chaque jour son lot de rebondissements: après les pistes Bernard Cazeneuve, puis Thierry Beaudet, Emmanuel Macron testait de nouveau mardi l'option Xavier Bertrand pour Matignon, provoquant une levée de boucliers du RN à LFI, menaces de censure à l'appui.

"Ce serait un manque de respect envers les millions de Français qui se sont exprimés dans les urnes (...) Donc on censure", a fait savoir le parti d'extrême droite, qui entretient un contentieux aussi politique que personnel avec le président de la région Hauts-de-France.

Xavier Bertrand, qui se vante souvent d'avoir battu deux fois Marine Le Pen aux régionales, "est outrancier et insultant à l'égard du RN", a-t-on ajouté dans l'entourage du parti pour appuyer le refus d'une éventuelle nomination du ténor des Républicains à Matignon.

Dans la foulée, l'allié du RN Eric Ciotti a fait savoir que ses députés aussi "censureront évidemment" un gouvernement Bertrand.

A gauche aussi, le porte-parole du Parti communiste, Léon Deffontaines, a affirmé que "Xavier Bertrand sera censuré" s'il est nommé Premier ministre. Et la cheffe des députés LFI Mathilde Panot a "reconfirmé le dépôt d'une motion de censure immédiate" contre tout gouvernement qui ne serait pas issu du Nouveau Front populaire et mené par la candidate de l'alliance de gauche Lucie Castets.

Le front du refus s'étend jusqu'à l'aile droite du Parti socialiste. Bertrand à Matignon? "Nous ne pouvons pas accepter cela", a estimé le premier secrétaire délégué du PS, Nicolas Mayer-Rossignol.

De quoi affaiblir l'hypothèse discutée mardi matin entre M. Macron et les leaders de la droite Gérard Larcher, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, qui ont pourtant accepté d'abandonner la ligne "ni coalition ni participation" durement critiquée par l'ex-président Nicolas Sarkozy.

Position "débriefée" ensuite par M. Wauquiez face à ses députés du groupe Droite républicaine, qui ont validé cette stratégie "pour montrer (leur) bonne volonté" tout en "constatant que le risque de censure ne rendait probablement pas l'option viable", selon un participant.

- Tests et chantage -

A l'Elysée, on confirme ces entretiens en ajoutant que le président de la République continue "à tester les hypothèses Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve", après les avoir reçus lundi à tour de rôle.

La présidence précise que de nouveaux échanges avec "les autres groupes politiques et partis" sont prévus dans la journée. 

Les socialistes Olivier Faure et Boris Vallaud avaient ainsi rendez-vous à 16H00 avec le chef de l'Etat, avant la tenue d'un bureau national du PS. L'instance pourrait voter sur une question cruciale: un gouvernement de cohabitation mené par Bernard Cazeneuve, partant du programme du Nouveau Front populaire, serait-il censuré par les députés PS ?

Une partie des cadres socialistes opposés au Premier secrétaire plaide pour un soutien à l'ancien Premier ministre. Ouverture en vue alors que la crise politique dure depuis bientôt deux mois ? 

"L'attente a assez duré", s'est exaspéré le groupe Liot dans un communiqué, réclamant la nomination "en urgence" d'un "Premier ministre ayant une expérience politique éprouvée".

Description qui pourrait correspondre au profil de Bernard Cazeneuve, en pole position depuis que M. Macron a balayé la semaine dernière l'option Lucie Castets. D'autant que l'ex-socialiste a le double avantage de ne pas être rejeté à droite et de diviser à gauche. 

Mais le dernier mot pourrait revenir au RN, qui juge "impossible" de laisser revenir celui qui fut "le dernier Premier ministre de François Hollande". En revanche, le parti à la flamme "accepterait un gouvernement technique, qui expédierait les affaires courantes" et aurait pour mandat "de mettre en place la proportionnelle aux législatives" afin "de dégager une majorité dans un an", une nouvelle dissolution n'étant pas possible avant l'été 2025.

- Beaudet en option -

Des conditions susceptibles de relancer la quête d'une personnalité issue de la société civile. Un troisième nom a justement émergé lundi: celui de Thierry Beaudet, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), inconnu du grand public et avec une sensibilité plutôt orientée à gauche.

Reçu jeudi et dimanche à l'Elysée, cet instituteur de formation, qui a fait sa carrière dans le secteur mutualiste et qui a supervisé la Convention citoyenne sur la fin de vie, n'a cependant pas suscité beaucoup d'enthousiasme au sein de la classe politique.

Autant de paramètres qui compliquent le choix d'un nouveau chef de gouvernement, alors que Gabriel Attal et son équipe démissionnaire expédient les affaires courantes depuis sept semaines. 

Le temps presse pourtant. Le budget 2025 doit être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard. Et le ministère des Finances vient d'annoncer un nouveau dérapage du déficit, attendu à 5,6% du PIB cette année sans nouvelles mesures d'économies.

Rédigé par RB le Mardi 3 Septembre 2024 à 07:11 | Lu 298 fois