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Maternités: enquête sur des biberons stérilisés avec un gaz cancérogène


Maternités: enquête sur des biberons stérilisés avec un gaz cancérogène
PARIS, 17 novembre 2011 (AFP) - Une enquête a été déclenchée en urgence jeudi par le ministère de la Santé sur un procédé de stérilisation, a priori interdit, pour les biberons et tétines fournis aux maternités françaises, utilisant un gaz cancérogène, l'oxyde d'éthylène

Le ministre Xavier Bertrand "diligente dès aujourd'hui une enquête (...) pour comprendre comment un tel dysfonctionnement a pu se produire", selon un communiqué diffusé par le ministère.

Ce procédé de stérilisation n'est "pas autorisé pour les matériaux au contact des denrées alimentaires car ce produit est considéré comme cancérogène pour l'homme", souligne encore le ministère.

Le lancement de l'enquête "conjointe" de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) avec l'appui de la Direction générale de la concurrence (DGCCRF) fait suite à la publication d'une enquête par le nouvel Observateur.

L'hebdomadaire explique qu'au moins deux fournisseurs d'hôpitaux français utilisent la technique incriminée - qui consiste à "gazer" les produits à stériliser avec ce gaz inerte - pour des biberons et tétines à usage unique.

Contacté par l'AFP, Michel de Gryse, responsable de l'une des deux entreprises citées, la société belge Beldico, confirme que le gazage à l'oxyde d'éthylène est bien l'une des deux méthodes utilisées, entre autres pour les biberons et tétines.

Beldico, qui a été racheté cet été par le français Médiprema, fournit 7 à 8 millions de biberons à usage unique aux maternités et hôpitaux français, selon M. de Gryse.

Cette méthode de stérilisation est "autorisée pour le matériel médical" comme les compresses, les gants et autres, indique-t-on à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).

En revanche, le procédé est bien interdit pour "tout ce qui est en contact alimentaire direct", selon l'Anses, l'agence française en charge de la sécurité alimentaire.

C'est cette nuance que les entreprises utiliseraient pour fournir aux maternités et hôpitaux des biberons traités à l'oxyde d'éthylène.

"tour de passe-passe"

"Nos produits sont considérés comme des produits médicaux et non pas alimentaires" explique le responsable de Belgico, soulignant qu'"aucun organisme de contrôle ne nous a jamais notifié que l'oxyde d'étylène n'était pas autorisé".

"C'est un tour de passe-passe" qui consiste à faire passer tétines et biberons comme "produits médicaux", commente-t-on à l'Afssaps.

Reste à évaluer la dangerosité d'un procédé autorisé pour du matériel médical même si celui-ci entre directement contact avec le corps des patients (sonde gastrique par exemple).

A la direction du groupement d'hôpitaux parisiens AP-HP, on assure que le procédé est l'objet d'une stricte surveillance au niveau des "quantités résiduelles" de gaz sur les produits.

M. de Gryse assure qu'après de multiples "rinçages", le matériel stérilisé présente des niveaux résiduels d'oxyde d'éthylène "dix fois inférieurs à la norme".

Mais pour l'expert André Picot, interrogé par Le nouvel Observateur, le fait qu'on puisse encore stériliser des biberons avec ce produit est un "total non-sens".

"L'oxyde d'étylène est par définition un cancérogène actif dès la première molécule", selon M. Picot, expert auprès de l'UE pour les normes chimiques.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le gaz "dans le groupe 1 des agents cancérogènes pour l'homme", soit la catégorie dont les effets sont avérés.

Des études montrent qu'il induirait cancers du sang voire de l'estomac, selon l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS).


Rédigé par Par Olivier THIBAULT le Jeudi 17 Novembre 2011 à 05:36 | Lu 456 fois